Pierre Jestin, la planète avant tout

Candidat Europe Ecologie Les Verts (EELV), Pierre Jestin a vécu en Angleterre, en Israël, puis en Italie ou il réside encore aujourd’hui. Ses deux mots d’ordre : respect de l’environnement et justice sociale

jestin (photo credit: Pierre Jestin)
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(photo credit: Pierre Jestin)
Pierre Jestin vient du monde militant. Dans son enfance, il est frappé par les centaines d’oiseaux morts sur les plages de sa Bretagne natale du fait des marées noires, puis par le combat citoyen mené contre le nucléaire dans la région. Né à Brest en 1968 dans une famille modeste, il fait des études économiques à Paris puis entame un doctorat sur la répartition des richesses, qu’il ne finira pas. Etudiant, il milite à SOS Racisme et au PS, est élu au Crous et dans les assemblées étudiantes. Il part outre-manche exercer plusieurs métiers qui gardent pour point commun la transmission de la langue et de l’économie. Aujourd’hui, à Milan, il est consultant indépendant, enseigne le français des affaires et le français à l’Université. Lassé du climat pluvieux britannique, il partira un an en Israël, volontaire dans les kibboutzim. Le soleil méditerranéen l’attire, il a envie d’apprendre l’hébreu et de découvrir une société. Il explique qu’un sentiment de dette envers les Juifs l’animait également, lui le Français dont le pays a collaboré avec le régime nazi. Puis l’amour le retiendra en Italie.Avec sa femme, il y élève aujourd’hui ses deux enfants.
Français de l’étranger, il est très attaché à la bi-nationalité et au rayonnement de la culture française. Il ne s’agit pas de chauvinisme, explique-t-il, mais d’ouverture d’esprit et de promotion de la diversité qui font la richesse humaine.
Son programme politique, aligné sur celui des Verts, promeut l’accès à l’enseignement en langue française pour les Français de l’étranger. Il souhaite développer le programme FLAM (consolidation du français langue maternelle), une initiative du ministère des Affaires étrangères qui n’existe pas en Israël à l’heure actuelle, et qui permet aux enfants de garder le contact avec la langue française quand on vit à l’étranger. Il est contre la double imposition des Français de l’étranger, proposée par des députés de droite comme de gauche. Une mesure d’autant plus injuste, selon lui, que les expatriés et ressortissants payent souvent une lourde contribution dans leur pays de résidence, sans bénéficier des mêmes avantages sociaux qu’en France.
Pas d’amalgame entre Verts et Front national
Pierre Jestin a conscience que l’écologie est sans doute moins prioritaire pour les Français d’Israël que dans d’autres pays. Mais, insiste-il, le Proche-Orient est hautement concerné par les questions de partages des eaux. Si une crise hydraulique survenait, c’est l’ensemble de la région qui serait menacée. Il rappelle également les difficultés d’irrigation du Néguev et du lac de Tibériade. L’écologie, c’est l’avenir, martèle-t-il. Quant au conflit israélo-palestinien, Jestin se prononce pour une solution à deux Etats souverains, côte à côte. Pour lui, le droit israélien à la sécurité est fondamental, mais la paix passe par la reconnaissance d’un Etat palestinien. A ceux qui écartent d’emblée le parti des Verts en raison de son ralliement à la cause palestinienne, il réplique que la position française à l’égard du conflit a très peu évolué depuis 40 ans, quel que soit le parti au pouvoir. Il n’est donc pas du ressort des députés, selon lui, de trancher sur cette question de politique étrangère. Et de s’agacer de l’amalgame entre les écologistes et le Front national, pointés par certains, comme des “partis d’extrême”. Les Verts, souligne-t-il, défendent la liberté d’expression, le débat démocratique et la solidarité.
Avec peu de moyens à sa disposition, “contrairement aux millions d’euros du PS et de l’UMP”, Pierre Jestin financera lui-même sa venue en Israël en mai prochain, “après l’élection présidentielle”. Ce sont Pâques et Pessah qui l’empêchent de se déplacer plus tôt. Laïc, le candidat respecte néanmoins les traditions religieuses de chacun. Ses valeurs à lui sont celles de la République sociale et universelle.
Parviendra-t-il à convaincre les Français d’Israël, au vote décisif pour la 8e circonscription ? Réponse en juin.
■ Quel est votre principal trait de caractère ? La générosité.
■ Hormis vous, quel candidat est le plus adapté ? Personne.
Que vous a toujours reproché votre mère ? Mon indépendance d’esprit.
■ Le pays où vous souhaiteriez vivre ? J’aimerais retourner vivre en Israël, dont je garde un souvenir inoubliable. Ou encore en Amérique du Sud.
■ Qu’est-ce qui vous tire du lit le matin ? Le soleil, quand il brille. Et mes enfants. Ce sont eux, en général, qui me réveillent et nous jouons un peu avant que je parte au travail.
■ Qu’est-ce qui vous tient éveillé la nuit ? La campagne électorale.
■ Quel est votre artiste préféré ? Bach. Ari Folman et Edgar Keret, pour les Israéliens.
■ Quel Israélien mériterait qu’on lui consacre un film ? Le chat du rabbin. Plus sérieusement, Amos Oz ou Joseph Cedar.
■ Que changeriez-vous chez les Israéliens si vous le pouviez ? Rien.
■ Que changeriez-vous chez les Français si vous le pouviez ? J’aimerais que les Français soient plus ouverts sur le monde. Qu’ils fassent réellement preuve de la fraternité universelle dont il est question dans les textes fondateurs de la République.
■ Quel conseil donneriez-vous à un nouveau venu en politique ? Je lui dirais de faire preuve de détermination et de confiance en soi. Il en faut pour survivre dans cet univers impitoyable. Je lui conseillerais également de s’entourer de personnes fiables et aimantes, avec qui il apprécie travailler. La beauté en politique, c’est l’énergie et l’action collective.
■ Donnez-nous une bonne raison de ne pas entrer en politique.
La politique est une passion un peu triste. C’est une lutte permanente, on est dans la confrontation et le conflit. Il est parfois difficile de rester léger et aimant dans cet univers.
■ Quel est votre modèle ? Nelson Mandela.
■ Vous êtes plutôt ipad, Blackberry, ou papier et crayon ? Je suis partisan des deux. J’aime beaucoup le papier et le crayon, mais je vis avec mon temps donc j’ai adopté la technologie. Internet permet une ouverture démocratique incroyable, comme on l’a vu récemment avec le printemps arabe. Mais je trouve important également que les jeunes gardent le contact avec le manuscrit.
L’écrit permet d’aborder la réflexion, la profondeur, choses que la culture du “zapping” a tendance à occulter.
■ Quel est votre souvenir d’enfance le plus marquant ? Les oiseaux marins morts sur les plages de Bretagne.
Nous les ramassions, agonisants, recouverts de pétrole et on ne pouvait plus rien faire pour eux. Les manifestations contre le nucléaire, également. Dans les années 1970, le gouvernement a tenté d’imposer le nucléaire en Bretagne, et des dizaines de milliers de personnes ont manifesté tous les week-ends, jusqu’à ce que le projet soit abandonné. Aujourd’hui encore, il n’y a pas de nucléaire en Bretagne. La région n’en a pas besoin.
■ Qu’est-ce que personne ne sait de vous ? Je n’ai rien à cacher.
■ Ce que vous détestez par-dessus tout ? Le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie.
■ Le personnage historique que vous méprisez le plus ? Tous les dictateurs, Hitler, Mussolini, Staline. Les personnages qui encouragent la violence gratuite.
■ Le fait militaire que vous admirez le plus ? La Résistance contre l’occupation nazie.
■ La réforme que vous estimez le plus ? L’abolition de l’esclavage.
■ Le talent que vous auriez aimé avoir ? Pouvoir voler. Et savoir bien jouer du piano.
■ Quelle aurait été votre profession en 1912 ? J’aurais été aventurier. Un peu comme Tintin.
■ Baguette ou pita ? Pita pour aller avec le houmous, qui est l’un de mes plats favoris. Mais j’adore aussi une baguette avec du miel.
■ Votre état d’esprit présent ? Je suis combatif et déterminé. Je suis également heureux d’échanger et de dialoguer. Je conçois la politique comme une manière de partager, de trouver des compromis ensemble.
■ Quelles sont les fautes qui vous inspirent le plus d’indulgence ? Celles qui sont liées à l’amour.
■ Le slogan qui résumerait votre programme politique ? Ensemble pour un avenir juste et solidaire.
■ Votre devise dans la vie ? En renonçant à l’impossible, l’on finit par renoncer à tout. Je trouve d’ailleurs que cette phrase s’applique bien aux Israéliens. Il y a une énergie très forte dans ce pays.