Poznanski, trois fois française

Daphna Poznanski, la candidate socialiste dans la 8e circonscription des Français de l’étranger, défend les droits et les intérêts des francophones établis en Israël depuis vingt ans. Elle a décidé d’étendre son champ de compétence aux abords de la Méditerranée

poz (photo credit: DR)
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J’ai la chance d’avoir une triple identité : Française d’Algérie, Française de France, Française établie hors de France.” Voilà comment se présente Daphna Poznanski-Benhamou sur son site personnel. Elle est née à Oran le 3 juin 1950, soit exactement 62 ans avant le premier tour des législatives. “Peut-être que les Français me feront un beau cadeau d’anniversaire...”, s’amuse la candidate socialiste.
En 1968, elle fait son aliya avec son mari, Isie Poznanski. Mais des problèmes universitaires administratifs les obligent à rentrer en France où naissent leurs deux premiers fils. Le troisième verra le jour en Israël, après qu’ils y déposent leurs valises pour de bon en 1979.
Daphna Poznanski peut se targuer d’être sur le terrain politique français en Israël depuis vingt ans. Elle a d’ailleurs été décorée de l’Ordre National du Mérite pour la promotion de la francophonie en Israël et de la Légion d’honneur pour services rendus aux Français de l’étranger.
Active dans le milieu associatif, elle s’est aperçue qu’il lui fallait passer au niveau supérieur pour “voir vraiment bouger les choses”.
C’est en 1992 qu’elle crée avec des amis l’ADFI (Association Démocratique des Français d’Israël), la branche israélienne de l’ADFE (Association Démocratique des Français de l’étranger). Elle en sera la présidente jusqu’en 2006. Quelques avancées dont elle tire satisfaction : la création du poste d’assistant au Consulat de Tel- Aviv, de l’antenne Emploi, de FLAM ou encore de 19 “Espaces francophones” dans les bibliothèques municipales d’Israël. Mais son combat le plus important reste peut-être celui contre le rapport Goasguen prônant la perte de la binationalité. Un véritable souci pour les Français d’Israël, binationaux à plus de 98 %, estime-t-elle. Ce sera l’un de ses premiers chevaux de bataille si elle est élue.
Vice-présidente de l’AFE (Assemblée des Français de l’étranger), elle estime que l’apparition de députés pour les Français établis hors des frontières va permettre de prendre en compte “nos problèmes” de manière plus efficace.
Car si l’AFE a un rôle consultatif qui fait remonter les difficultés aux sénateurs, “à partir de ce moment-là, on entre dans “l’espace intersidéral”. Elle cite alors la loi sur le handicap de 2005 où aucune mention ne porte sur les Français de l’étranger. “Nos droits” : oubliés ou violés selon la candidate socialiste.
A chacun son gouvernement
Elle est la candidate officielle du Parti socialiste, réputé pour ses positions pro-palestiniennes. Si elle ne renie pas son parti, elle se présente plutôt comme la seule candidate à même de défendre les droits des Français de l’étranger, notamment en Israël.
Daphna Poznanski, Française et Israélienne, s’occupe de ses affaires : la défense des intérêts et des droits des francophones établis en Israël. Ce qu’elle pense du gouvernement israélien, elle n’en dira donc rien. “Les Israéliens ont élu un gouvernement démocratique. C’est à eux d’en juger. Cette question n’a rien à voir avec l’élection qui m’intéresse.”
Toutefois, Poznanski qualifie l’Etat hébreu “d’extraordinaire” et reste “très confiante en l’avenir”, malgré les guerres et les moments difficiles. Même discours concernant la question de l’extradition. “Il y a des lois qu’il faut appliquer. La France n’extrade pas ses ressortissants en Israël”. La candidate socialiste reste néanmoins positive quant à une inculpation des deux Français qui ont renversé la jeune Lee Zeitouni avant de s’enfuir et de se terrer en France. “J’ai bon espoir que justice soit rendue.”
■ Quel est votre principal trait de caractère ? L’obstination.
■ Hormis vous, quel candidat est le plus adapté ? Aucun, ce sont tous des parachutés.
■ Que vous a toujours reproché votre mère ? De ne pas apprendre suffisamment, mais elle pourrait être fière, aujourd’hui, grâce à mes divers diplômes.
■ Le pays où vous souhaiteriez vivre ? Là où je suis, Israël.
■ Qu’est-ce qui vous tire du lit le matin ? La certitude de faire quelque chose de positif pour les Français de l’étranger, notamment d’Israël.
■ Qu’est-ce qui vous tient éveillée la nuit ? Le désir d’apprendre, de mieux connaître l’autre.
■ Quel est votre artiste préféré ? Van Gogh.
■ Quel Israélien mériterait qu’on lui consacre un film ? Il y en a beaucoup, mais c’est difficile d’être une femme en politique, donc je dirais : Golda (ndlr : Meir).
■ Que changeriez-vous chez les Israéliens si vous le pouviez ? Qu’ils soient plus polis.
■ Que changeriez-vous chez les Français si vous le pouviez ? Qu’ils soient plus polis aussi (rires).
■ Quel conseil donneriez-vous à un nouveau venu en politique ? S’il vient en politique : la question est pourquoi ? Estce par ego ? Qu’a-t-il à apporter ? ■ Donnez-nous une bonne raison de ne pas entrer en politique.
Toutes les raisons sont bonnes d’entrer en politique, si on a un idéal, si on veut servir autrui.
■ Quel est votre modèle ? Ce n’est pas modèle, c’est un philosophe, Emmanuel Lévinas, qui estime qu’il faut entendre par responsabilité, responsabilité pour autrui.
■ Vous êtes plutôt iPad, Blackberry, ou papier et crayon ? J’aime le contact du stylo sur la page blanche... et mon Iphone.
■ Quel est votre souvenir d’enfance le plus marquant ? Le 18 juin 1962 : j’ai quitté Oran en flammes et j’ai réalisé qu’on est peu de choses face aux événements politiques qui nous dépassent. Je me suis rendu compte que je ne voulais pas être un objet mais un acteur. Agir pour autrui.
■ Qu’est-ce que personne ne sait de vous ? En voilà une question ! J’ai obtenu à 13 ans la mention du Grand Prix de poésie de la ville de Marseille, un concours réservé aux plus de 18 ans.
■ Ce que vous détestez par-dessus tout ? Les personnes à l’ego surdimentionné, qui manquent d’humilité.
■ Le personnage historique que vous méprisez le plus ? Pétain.
■ Le fait militaire que vous admirez le plus ? Ce n’est pas un fait militaire précis : c’est à chaque fois qu’un peuple se défend les armes à la main.
■ La réforme que vous estimez le plus ? Celles qu’il reste à faire.
■ Le talent que vous auriez aimé avoir ? L’oreille musicale.
■ Quelle aurait été votre profession en 1912 ? Archéologue.
■ Baguette ou pita ? J’aime les deux, tout dépend du moment, des gens avec qui on le partage.
■ Votre état d’esprit présent ? Sereine.
■ Quelles sont les fautes qui vous inspirent le plus d’indulgence ? Je suis très exigeante vis-à-vis de moi-même et des autres.
■ Le slogan qui résumerait votre programme politique ? Agir pour un avenir plus sûr.
■ Votre devise dans la vie ? “Il faut entendre par responsabilité, responsabilité pour autrui.”