Primaires au Likoud : kermesse ou show ?

Dimanche 25 novembre, prise de température sur le terrain...

Likoud foire (photo credit: Olivia Cohen)
Likoud foire
(photo credit: Olivia Cohen)
A vue de nez, le parti aux 120 000 encartés n’a pas lésiné sur les moyens. Banderoles grandeur nature, tracts par milliers, autocollants à collectionner, T-shirts et bonbons aux couleurs du parti, ambiance assourdissante, surconcentration de militants au mètre carré : bienvenue dans un bureau de vote du Likoud ! Très exactement, celui de Jérusalem, installé au Binyané Haouma en ce dimanche 25 novembre.
 
Le périmètre a été pris d’assaut, recouvert d’affiches et de stands dédiés à la dizaine de candidats en lice. Parc d’attractions ou salon de l’agriculture ? « Moi, j’aurais plutôt dit une kermesse », s’amuse Emmanuel Navon, venu serrer quelques mains et s’apprêtant à poursuivre sa tournée dans les bureaux de vote du pays jusqu’au soir. Fin de la course à Tel-Aviv, pense-t-il, sans se douter encore qu’il y aura un second round le lendemain.
Pour cette élection, Emmanuel Navon est candidat à l’un des deux sièges réservés aux immigrants (numéro 21 et numéro 30), sur la liste nationale du Likoud à la Knesset. Dans sa tournée, il est accompagné par deux membres de son équipe : Nissim, 29 ans, et Niko, 27 ans, son directeur de campagne depuis six mois.
Malgré l’effervescence, une mauvaise nouvelle plombe l'ambiance en cette fin de matinée. Un problème informatique perturbe le système de vote : à 13h, la moitié des bureaux du pays sont HS. « Pratique ! On ne peut tout simplement pas voter » , soupire Emmanuel Navon, davantage habitué à vanter les mérites du secteur high-tech de son pays. Résultat : les files d’attente sont interminables et la motivation des militants rudement mise à l’épreuve.
L’agacement de Navon est perceptible : « Ceux qui n’avaient qu’une pause à l’heure du déjeuner ne vont pas pouvoir mettre leur bulletin dans l’urne, c’est évident. J’ai déjà reçu des coups de fil de militants qui me disent ‘tu es gentil, on t’aime bien, mais il faut tout de même qu’on retourne travailler’. Ceux qui sont bons enfants se débrouilleront pour revenir ce soir, mais d’autres sont un peu plus énervés. » 
L’humeur du jour ? Stress et adrénaline, comme le résume Niko. Selon le jeune directeur de campagne, étudiant en sciences politiques, « pour ce type d’événements, nous nous inspirons des méthodes en vigueur aux Etats-Unis. Nous avons des militants sur 118 bureaux de vote, qui travaillent pour nous, distribuent des flyers… Des gimmicks, quoi ! Qui servent à décider les indécis… Ici, contrairement à la France, il y a un côté show, à l’américaine. » 
Nissim renchérit : « C’est une grande fête démocratique. Et les gimmicks, c’est fondamental : c’est pour faire de l'oeil, attirer… Convaincre les hésitants ! En même temps, au Likoud, les gens sont ce qu’on appelle des ‘daatan’, c’est-àdire ‘très décidés’. » 
Et la fusion Likoud-Israël Beiteinou aura-t-elle des répercussions sur le résultat des primaires ? Réponse de Navon : « Qu’ils aient été pour ou contre cette union, les encartés qui veulent i n fl u e n c e r la liste du Likoud se déplaceront pour voter. Les primaires ont lieu sans aucun rapport avec Israël Beiteinou. Cette union jouera un rôle uniquement dans le cadre des élections finales. » 
Coïncidence des agendas : les déconvenues informatiques du Likoud rappellent qu’un autre parti de droite se trouve actuellement dans la tourmente, à savoir l’UMP français. « Ah non, tout de même, n’allez pas faire la comparaison ! Nous n’en sommes pas à ce point-là ! » Malgré ces ratés, le vote aura bien lieu et ne sera pas reporté, assure le staff du candidat en ce début d’après-midi. Les faits ont quelque peu démenti ces belles intentions. La clôture des primaires était d’abord repoussée à 23h30, puis à 00h00.
Mais lundi matin, à 00h01, seuls 46 % des militants du parti avaient pu voter. Il a bien fallu déposer les armes et prolonger les primaires jusqu’au soir.
Dans la soirée de dimanche, la presse ironisait : Israël maîtrise « Dôme de fer » mais peine à mettre en place un programme de vote électronique opérationnel pour l’un de ses principaux partis. Quoi qu’il en soit, la suite après dépouillement. Même si certains candidats, dont le ministre de l’Education Gidéon Saar, ont carrément réclamé un report des primaires, qualifiant ces incidents de « farce ».