Une femme de droits

Voilà 15 ans que Ruth Halperin-Kaddari travaille à améliorer la condition des femmes en Israël et dans le monde, via son implication à l’ONU. Experte, elle est l’une des militantes pour l’égalité des sexes, les plus en vue du pays

Ruth Halperin Kaddari (photo credit: DR)
Ruth Halperin Kaddari
(photo credit: DR)
- Nom : Ruth Halperin-Kaddari - Age : 44 ans - Profession : Professeure à l’Université de Bar- Ilan, directrice du Centre pour l’amélioration de la condition des femmes à Bar-Ilan, membre et ancienne vice-présidente du Comité pour la lutte contre la discrimination envers les femmes, à l’ONU.- Lieu de naissance : Ramat Gan - Lieu de résidence : Shoham
■ Qu’est-ce qui vous tire du lit le matin ?
Le sentiment que ce que je fais, en compagnie de ceux qui travaillent avec moi, est important pour la société israélienne en général, et ses femmes en particulier. La conviction intérieure que je participe au Tikoun Olam : apporter ma modeste contribution pour rendre le monde un peu meilleur.
■ Qu’est-ce qui vous tient éveillée la nuit ?
Un goûter de minuit avec mes enfants dans la cuisine, des mails en attente qui n’en finissent jamais, et tenter de lire quelques pages d’un livre qui je ne finis jamais non plus.
■ Quel a été le moment le plus difficile de votre carrière ?
Très récemment, lors de l’adoption des “conclusions d’observation” du Comité de lutte contre la discrimination envers les femmes, dont je fais partie, sur le rapport sur l’Etat d’Israël. J’ai été confrontée à la délicate relation entre Israël et l’ONU, et plus particulièrement à la façon dont le conflit israélo-palestinien plane sur tous les autres sujets. Au détriment, dans cet exemple, des femmes en Israël, qu’elles soient juives ou non.
■ Comment fêtez-vous vos réussites ?
 Je suis contente de moi, et je prends mes amis, et mes enfants dans les bras.
■ Si vous étiez Premier ministre, quelle est la première chose que vous feriez ?
 Je retournerais à toutes les propositions faites par les Arabes au cours de ces dernières années, y compris la proposition dite saoudienne , et j’appellerais à la reprise des pourparlers sur la base de ces propositions, avant qu’il ne soit trop tard.
Sur le front intérieur, je créerais un ministère de l’Egalité, et un institut national pour les droits de l’Homme.
■ Quel Israélien mériterait qu’on lui consacre un film ?
Shimon Peres, Aharon Barak, Alice Shalvi et Léa Shakdiel.
■ Que changeriez-vous chez les Israéliens, si vous le pouviez ?
Ce serait agréable si les Israéliens parlaient un peu moins fort, étaient un peu plus polis et avaient un peu moins de houtzpa. Mais j’imagine qu’ils finiraient alors par ne plus être plus israéliens !
■ Vous êtes plutôt iPad, Blackberry ou papier et crayon ?
 iPhone !
■ Comment rédigeriez-vous une publicité pour encourager les touristes à venir en Israël ?
 Il y a tout en Israël : l’Occident et l’Orient, le sacré et le profane, la pluie et le soleil, la mer, le désert et la montagne. Pourquoi aller ailleurs alors que tout est là, dans un petit pays ?
 ■ Quel est le principal problème d’Israël à l’heure actuelle et comment peut-il être résolu ?
Le conflit israélo-arabe, et ses implications intérieures sur le plan social : des écarts économiques croissants, une inégalité des deux côtés qui nourrit les points de vue extrémistes.
Ces derniers, en retour, maintiennent le conflit. Enfin, une crise du leadership qui ne fait qu’élargir l’impasse sur tous les fronts. Si je savais comment résoudre ces problèmes, je proposerais ma candidature comme Premier ministre.
■ Comment voyez-vous le pays dans 20 ans ?
Il y a deux scénarios possibles, aussi plausibles l’un que l’autre : Après plusieurs années d’intenses négociations, des accords de paix seront signés avec les voisins d’Israël et dans 20 ans, les relations se seront même un peu réchauffées.
Et si ce n’est pas le cas, alors j’ai bien peur que le roman de Michael Chabon, Le Club des policiers yiddish, sur Sitka, le terrain en Alaska que les anciens Israéliens reçoivent suite à la perte d’Israël en 1948 ne décrive l’idée générale.