“Une page nouvelle tournée”

Nouveau leader pour Habayit Hayehoudi : Naftali Bennett. Les résultats surprennent la presse locale, et l’heureux élu lui-même

Naftali Bennett (photo credit: avec l'autorisation d'Habayit Hayehoudi)
Naftali Bennett
(photo credit: avec l'autorisation d'Habayit Hayehoudi)
Le score est sans appel. Naftali Bennett a remporté les deux tiers des voix des sionistes-religieux du pays. Ce magnat du hightech devenu millionnaire, et ancien président du conseil de Judée et Samarie est donc sacré chef du parti Habayit Hayehoudi (la maison juive). Zevouloun Orlev, à qui il succède, prend sa retraite.
Ce jeune candidat de 40 ans seulement a atteint un score impressionnant : 67 % des électeurs sionistes-religieux ont déposé un bulletin à son nom dans l’urne.
Ils étaient 70 % à s’être déplacés, soit un taux d’abstention assez faible parmi les militants.
Bennett entend bien refonder la formation en un “nouveau” parti national-religieux : “La tradition juive ne peut pas rester aux seules mains des porteurs de kippa”, affirme-t-il. Puis de dresser une liste complète de ce qu’il aime dans son pays : “L’Etat, la terre, le peuple juif, la Torah, Tsahal, les religieux, les laïcs”. “La génération Facebook recherche des connexions, et ça, je le sais, même s’il me reste peu de cheveux sur la tête,” plaisante-t-il.
Il se voit comme la relève d’un parti, qu’il compte bien faire passer de ses 3 sièges actuels à 12 mandats, lors des prochaines élections.
Leader des nationaux-religieux du pays, Bennett espère surtout rassembler et réunir. L’union avant tout, selon lui. Il s’est déjà engagé à rejoindre Haihoud Haleoumi, mouvement d’Union nationale.
Ses objectifs premiers sont le renforcement de l’étude de la Torah et les implantations en Judée-Samarie. A ce propos : “Un Etat palestinien ici ? En plein milieu de notre pays ? C’est un suicide national !”, s’exclame-t-il, non sans ironie, face à ses électeurs.
Bennett vit à Raanana avec sa femme, Gilat, et ses trois enfants.
Dans sa jeunesse, il sert dans les unités d’élite Sayeret Matkal et Sayeret Maglan, en tant que commandant - il est aujourd’hui réserviste. Au terme de son service militaire, il suit des études de Droit à l’Université hébraïque de Jérusalem.
Mais c’est dans le domaine du high-tech qu’il débute sa carrière.
Bennett est le cofondateur de Cyota, une compagnie de software antifraude, vendue pour 145 millions de dollars en 2005. Suite à sa participation lors de la seconde guerre du Liban, il devient chef de cabinet du Premier ministre Binyamin Netanyahou lorsque celui-ci devient chef de l’opposition, entre 2006 et 2008, puis président du conseil des communautés juives de Judée, Samarie, et de Gaza, un terrain qu’il connaît, par conséquent, bien. Au bureau du Premier ministre, il a pour rôle, entre autres, de mener à bien la réforme de l’Education nationale.
Puis il participera à la campagne des primaires du Likoud en août 2007. Mais la hache de guerre est déterrée entre le jeune poulain et son mentor, en 2010, quand Bennett lutte avec ferveur contre le gel des implantations.
Il fait alors scission du Likoud et fonde, en avril dernier, le mouvement “Yisraelim” avec Ayelet Shaked, son ex-associée du Bureau de Netanyahou, et elle aussi inscrite sur les listes de “La Maison juive”. L’organisme a pour but d’accroître la stratégie sioniste au sein des militants de centre-droit, et de développer le dialogue entre les laïcs et les religieux.
Shaked pense justement que le parti sioniste-religieux est un allié naturel du Likoud, étant donné ses visées politiques. Pour autant, les deux stratèges ne regrettent pas leur choix d’avoir quitté les bancs du Likoud pour rejoindre Habayit Hayehoudi. Au contraire. Bennett espère même devenir le levier qui permettra de constituer la prochaine coalition.
Ce représentant en chef de la nouvelle génération déclare luimême considérer ce scrutin comme un vote des “jeunes”. Il clamait, au lendemain des élections : “Le peuple veut le changement, je suis certain qu’une page nouvelle est tournée aujourd’hui.
Tous ceux qui croient à la mort du parti national-religieux et sioniste ont tort.”
Mais saura-t-il rassembler les déçus de la coalition Likoud- Beiteinou ? Les défis de cet excombattant porteur de kippa ne sont pas des moindres. Il semble prêt, cependant, pour la bataille.