Arafat, Abbas, même combat ?

Si, 10 ans après sa mort, rares sont ceux qui pensent qu’Arafat était un bon partenaire de paix, que faut-il penser d’Abbas ?

Mahmoud Abbas lors de la commemoration le 11 novembre (photo credit: REUTERS)
Mahmoud Abbas lors de la commemoration le 11 novembre
(photo credit: REUTERS)
Depuis plus d’une décennie, depuis qu’il a succédé à Yasser Arafat à la tête de l’Autorité palestinienne, on nous répète que Mahmoud Abbas est le leader palestinien le plus raisonnable qu’Israël puisse espérer, le meilleur allié pour la paix, le leader modéré avec lequel un compromis pourrait enfin être signé. Israël a voulu y croire.
Mais en 2008, l’actuel chef de l’Autorité palestinienne décline l’offre plus que généreuse de l’ancien chef de gouvernement Ehoud Olmert. En 2009, il refuse de s’asseoir à la table les négociations avec le Premier ministre Benjamin Netanyahou alors que ce dernier a accepté de geler les constructions en Judée-Samarie. Puis nouvelle opportunité manquée en 2011 : au lieu de préparer la rue palestinienne à un compromis avec Israël, Abbas nie vigoureusement les fuites sur l’esquisse d’un accord concernant les épineuses questions des réfugiés, des frontières et de Jérusalem.
Ces dernières années, Abbas n’a en fait eu de cesse que de s’éloigner de l’image de partenaire de paix idéal. Dans les faits et dans les mots. Dans chaque forum international, il déverse sa diatribe anti-israélienne et poursuit la criminalisation d’Israël. Quand il s’adresse aux Palestiniens, il légitimise le terrorisme et encense les terroristes, à la façon du Hamas et de l’Iran.
Et que dire des grandes lignes des derniers discours prononcés par Mahmoud Abbas à l’ONU ? En 2011, devant le Conseil général de l’assemblée des Nations unies, il parle de Yasser Arafat comme d’un homme de paix, et qualifie Israël d’« occupant brutal, agressif et raciste ». Il accuse Jérusalem de mettre en place une politique de « nettoyage ethnique » et affirme : « la population palestinienne est la cible d’assassinats, de frappes aériennes et de tirs d’artillerie ». Il prévient : si Israël demande à être reconnu comme un Etat juif, c’est pour « transformer le conflit israélo-palestinien en un conflit religieux et mettre en péril l’avenir d’un million et demi de Palestiniens chrétiens et musulmans, ayant la citoyenneté israélienne ». Le chef de l’Autorité palestinienne parle longuement des liens qui unissent les chrétiens et les musulmans à la Terre sainte, sans même aborder la connexion du peuple juif à cette dernière. Plus révélateur encore, il dénonce 63 ans d’occupation israélienne, remettant ainsi en cause la souveraineté israélienne dans les frontières d’avant 1967.
Persiste et signe
Un an plus tard, à l’automne 2012, Mahmoud Abbas tente d’obtenir la reconnaissance par la communauté internationale d’un Etat palestinien, sans passer par un accord avec Israël. Il exhorte alors la communauté internationale à « imposer une solution à Israël », s’affranchissant une fois de plus du processus de négociations. Il accuse à nouveau l’Etat hébreu de nettoyage ethnique, de terrorisme, de racisme, et d’emprisonnement de « prisonniers de la liberté ».
Puis en 2013, Mahmoud Abbas prévient la même assemblée qu’Israël prépare une nouvelle nakba, catastrophe, exigeant de l’ONU qu’elle pénalise la présence israélienne en tant que « force d’occupation dans tous les territoires palestiniens ». Il menace de traîner Israël devant un tribunal international. Ne cédant rien aux exigences maximales palestiniennes, Mahmoud Abbas jure à plusieurs reprises qu’il ne reconnaîtra jamais l’Etat d’Israël comme la nation du peuple juif, ne renoncera jamais au droit au retour, n’acceptera jamais le contrôle sécuritaire israélien de la vallée du Jourdain ou d’autres zones stratégiques, ni la souveraineté israélienne sur aucune partie de la Vieille ville de Jérusalem.
En septembre dernier, se tenant une nouvelle fois devant l’assemblée des Nations unies, le chef de l’Autorité palestinienne accuse Israël de commettre un « génocide » dans la bande de Gaza. « Les avions et tanks israéliens qui prennent brutalement la vie, détruisent les maisons, les écoles et les rêves de milliers d’hommes de femmes et d’enfants palestiniens, détruisent également les derniers espoirs de paix », notait-il.
Et d’affirmer que les Palestiniens subissent « une des plus odieuses formes d’apartheid », qu’au lieu de rectifier « l’injustice historique commise en 1948 », Israël perpétue d’abominables « crimes de guerre ». Il pointe alors du doigt les « gangs racistes et armés de colons qui s’en prennent à la population palestinienne, aux mosquées, aux églises et aux oliviers » et parle d’une culture « de racisme et de haine ». Un discours que même Tzipi Livni a qualifié « d’horrible » et au terme duquel le département d’Etat américain s’est avoué « très inquiet ».
Blanc bonnet et bonnet blanc
Dans ce contexte, le 17 octobre dernier, alors que la situation semble sur le point d’exploser à Jérusalem, Abbas a délibérément choisi de jeter de l’huile sur le feu et d’inciter ouvertement à la violence dans la capitale : « Nous devons empêcher les colons de pénétrer le sanctuaire par tous les moyens », a-t-il déclaré : « C’est notre al-Aqsa et notre église. Ils n’ont pas le droit d’y entrer et de le profaner. Nous devons les affronter et défendre nos lieux saints. » On ne peut que noter la violence des mots colons, profaner, et par tous les moyens.
Faisant écho à ces propos, le ministère des Affaires étrangères de l’AP prévient, par voie d’annonce officielle parue dans le quotidien palestinien Al Hayat al Jadida, que le gouvernement israélien « fomente un plan pour judaïser l’esplanade des mosquées », et à long terme détruire la mosquée al-Aqsa et y construire « son temple ».
Quelques jours plus tard, un Palestinien tente d’assassiner le rabbin Yehouda Glick, la rhétorique virulente de Mahmoud Abbas ayant pavé la route à cette attaque. Le leader de l’Autorité palestinienne ne trouve alors rien de mieux à faire que d’écrire une lettre de soutien à la famille de Moataz Hejazi, le terroriste du Djihad islamique responsable de la tentative d’assassinat sur Glick, tué alors qu’il résistait aux forces de sécurité israéliennes venues l’arrêter. Dans sa missive, Abbas élève Hejazi au rang de shahid, affirmant : « Il est monté au paradis en essayant de protéger le droit de notre peuple sur ses lieux saints ». Il qualifie sa mort de « crime abominable perpétré par les gangs terroristes de l’armée d’occupation israélienne ». A aucun moment il ne condamne la tentative d’assassinat contre Glick.
Pendant combien de temps encore Mahmoud Abbas pourra-t-il continuer de prôner la violence, défendre le terrorisme, tout en conservant son image d’homme de paix aux yeux de la gauche israélienne et l’administration Obama ?
La question est essentielle car il y a précédent. Israël était dans la même situation à l’époque de Yasser Arafat et des accords d’Oslo. La gauche israélienne et l’administration Clinton étaient alors si attachées aux espoirs de paix qu’ils refusaient de voir le soutien de l’ancien leader palestinien aux organisations terroristes et ses discours haineux contre les Israéliens et les juifs. Et quand les détracteurs d’Oslo ont tenté de dénoncer le double jeu d’Arafat, ce sont eux qui ont été qualifiés d’ennemis de la paix. L’histoire semble se répéter aujourd’hui avec Mahmoud Abbas.
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