Les géants de la Ville Sainte
A Jérusalem, les arbres se comptent par milliers.Certains sont majestueux, d’autres un peu abîmés par le temps. Chaque jour,nous passons devant eux, bien souvent sans trop les regarder. Et pourtant,parmi ces arbres, se cachent des merveilles de l’histoire et du patrimoineisraélien. Visite guidée de ces végétaux millénaires.
Première étape, le jardin de Gethsémani.
Au pied du mont des Oliviers, à Jérusalem, le fameux jardin se situe juste àcôté de la basilique de l’Agonie. Là se trouvent des oliviers aux troncsentremêlés, épais, sur lesquels le temps a laissé ses marques.
Et pour cause, on leur accorde quelque 4 700 ans d’existence.
En réalité, il est assez complexe de dater précisément ces arbres. Car ilfaudrait, pour ce faire, scier leur tronc et compter les anneaux qui s’ytrouvent. Or, ces arbres sont composés de plusieurs socles et les couper seraitextrêmement difficile. Mais il existe également une autre solution : préleverune partie de l’intérieur du tronc et analyser en laboratoire la quantité decarbone 14 contenue. Grâce à cette technique, les scientifiques ont ainsi puestimer l’âge de ces vieux oliviers : certains dateraient de l’an 1092. Lesautres, plus anciens encore, n’ont pu être analysés.
Il s’agit là des oliviers les plus vieux d’Israël et probablement les plusconnus du monde. Les pèlerins chrétiens du monde entier viennent les admirer.
Direction ensuite le cimetière militaire britannique de Jérusalem, sur le montScopus. Il accueille plus de 2 500 tombes de soldats anglais de la premièreguerre mondiale et fait face à la Vieille Ville de Jérusalem. Les allées sontparfaitement entretenues et des fleurs poussent près des tombes. Devant nous,se dresse un immense laurier. Il n’est pas particulièrement ancien, mais ils’agit sans nul doute du plus haut laurier d’Israël.
Il semble qu’il soit formé de deux ou trois arbres différents regroupés en un.Tout comme l’olivier, le laurier a une symbolique importante en Israël. Il estconnu comme l’arbre de la nativité. Il faut se pencher pour attraper quelquesfeuilles, les froisser dans la paume de la main et sentir l’odeur sireconnaissable de cet arbre s’en dégager.
Dans l’enceinte même du cimetière, on découvre un autre arbre à l’allure assezétrange. Son tronc est long, plutôt fin, et s’étend sur plusieurs mètres debranches, comme des bras qui voudraient s’étirer. Le plus étonnant est sansdoute la couleur de son tronc : rouge, comme recouvert d’une fine couche depeinture. Si le rouge vire au noir, signe de vieillesse, on comprend alors queles jours de cette merveille de la nature sont comptés. Cet arbre s’appelle leStrawberry Tree (l’arbre à fraises) parce qu’il produit des petites baiesrouges. L’espèce se trouve surtout dans des sols de climat méditerranéen.
Témoins du passé
Au détour de deux découvertes, on apprend que beaucoupd’arbres sont déplacés pour être replantés ailleurs, à des fins décoratives parexemple. Mais cela n’est néanmoins pas possible avec toutes les essences, commele laurier. C’est le KKL-JNF, le Fonds National Juif, qui s’occupe de cetravail de précision, grâce à ses équipes spéciales, mais uniquement quandc’est réellement nécessaire : l’organisme indique qu’il vaut mieux laisser lesarbres dans leur milieu d’origine.
Autre arrêt de ce tour des arbres anciens, le monastère de la Croix, dans lequartier de Nayot à Jérusalem. Selon la tradition, c’est là qu’Abraham donna àLot, son neveu, trois arbres : un cyprès, un cèdre et un olivier, qui auraientmiraculeusement poussé en un seul et même arbre.
Retour au centre ville. Hauts de 14 mètres, trois cèdres de l’Himalaya, datantde 1931, marquent l’entrée du complexe d’institutions nationales de la rue KingGeorge. Mais ces jeunes pousses de « 80 ans à peine » ont contemplé leur partd’histoire, pour être situés là où les trois institutions pré-étatiques onttenu leurs quartiers généraux, depuis le début des années 1930. Laconstruction, bâtie en fer à cheval dans un style Bauhaus, à l’angle de la rueKKL, Keren Kayemet LeIsraël, abrite désormais des bureaux de l’Agence juive etdu KKL. Mais c’est là que la Knesset a tenu ses premières sessions et que HaïmWeitzmann a été intronisé dans ses fonctions de premier président de l’Etat.Les arbres surplombent une vaste cour qui a abrité nombre de festivals oumanifestations.
La rue Yehezkel renferme elle aussi un trésor dont elle est fière : seseucalyptus. Quand les Russes ont pris le contrôle de la région de Boukhara, en1868, ils ont accordé à sa population juive une liberté de culte ainsi que lemonopole sur la soie et les tissages.
Ce sont donc des familles aisées qui vont s’installer à Jérusalem, dès lesannées 1870, dans le quartier qui porte le nom de cette communauté. Mais parmiles splendeurs du passé, seuls les eucalyptus ont résisté aux affres du temps.
Le saviez-vous ?
Israël est le seul pays qui estentré dans le 21e siècle en augmentant son nombre de végétaux : l’Etat hébreucompte plus d’arbres aujourd’hui qu’il y a 50 ans.
Selon la tradition, pendant la célébration de Tou Bishvat, il faut notammentconsommer les fruits d’Israël : la grenade, la figue, l’olive, la datte et leraisin.
Originairement, le Golan était réputé pour sa grande production d’olives.Aujourd’hui, on y trouve beaucoup de vignes, utilisées pour la production duvin israélien, le meilleur du pays.
Chaque année, le KKL (Keren Kayemet LeIsraël ou Fonds national juif) produit etplante trois millions d’arbres et d’arbustes en Israël.
Depuis ses débuts, il y a plus d’un siècle, le KKL est à l’origine de laplantation de plus de 240 millions d’arbres en Israël. C’est la seuleorganisation dans le pays qui s’occupe du reboisement des forêts, comme lestipule un accord conclu entre l’organisme et l’Etat d’Israël.
Partenaire incontournable de Tsahal, le KKL se mobilise en faveur de lasécurité des populations israéliennes, plus que jamais frappées par lesbombardements en provenance des bases terroristes de la bande de Gaza. Afind’assurer la protection de ces citoyens, le KKL et Tsahal mènent de front uneentreprise de plantation de « barrières d’arbres » vouées à obstruer le champde vision des gazaouis.
Plus de 2 000 personnes ont fait des dons à l’association Hadassah pour planterun verger de plus de 3 000 arbres en Israël, à la mémoire des victimes de lafusillade de Newtown, aux Etats-Unis, en décembre dernier. Les arbres ferontpartie du Beersheva River Park, parc actuellement en construction.
Pour les élections de la 19e Knesset, deux partis verts officiels ont présentédes listes : les Verts, liste libérale et le Parti vert et jeune, pour un futurécologique en Israël.