Balfour et le serpent de mer

Tous les prétextes sont bons pour justifier le narratif biaisé des Palestiniens

Ramallah, 18 octobre 2017 : manifestation palestinienne pour demander des excuses au gouvernement britannique  (photo credit: REUTERS/MOHAMAD TOROKMAN)
Ramallah, 18 octobre 2017 : manifestation palestinienne pour demander des excuses au gouvernement britannique
(photo credit: REUTERS/MOHAMAD TOROKMAN)
A l’approche de la date fatidique du 2 novembre, qui marque le centième anniversaire d’une lettre adressée par un certain Arthur Balfour – qui n’était pas encore lord – à Walter Rothschild - qui l’était déjà -, un siècle de ressentiments remonte à la surface. Le rituel est toujours le même avec une presse arabe qui se déchaîne. Comme chaque année, la perfide Albion se voit accusée… de tous les péchés d’Israël. Et comme d’habitude, un dirigeant palestinien saisit l’occasion pour menacer de porter l’affaire devant les tribunaux. Pourquoi au juste ? Ce n’est jamais très clair.
Cette année, l’Autorité palestinienne nuance ses commentaires – ou presque. Selon un représentant de l’OLP, Mahmoud Abbas n’aurait pas renoncé à poursuivre l’Angleterre en justice, mais chercherait seulement à déterminer devant quelle instance juridique ; en attendant, son premier ministre, Rami Hamdallah, se contente de demander au gouvernement de Sa gracieuse Majesté de présenter des excuses au peuple palestinien pour « cette injustice historique », ajoutant qu’au lieu de la célébrer, l’Angleterre devrait s’employer à la réparer. Comment? Il ne le dit pas. Las, le Foreign Office a de nouveau fait savoir en avril que la condamnation de la déclaration Balfour n’était pas à l’ordre du jour ; pire, Theresa May vient d’affirmer devant le parlement qu’elle fêterait cet anniversaire avec fierté.
Des générations de Palestiniens vont-elles continuer à rêver ? Ah, que la Palestine serait belle sans Balfour – et surtout sans les juifs ! Ah, si ce maudit lord n’avait pas existé, ou tout au moins s’il s’était contenté de cultiver son jardin ! Si les Anglais n’avaient pas donné suite à sa lettre scandaleuse ! S’ils n’avaient pas été suivis par la Société des nations ! L’Histoire est remplie de ces espoirs déçus : « Si la Garonne avait voulu, elle aurait traversé le monde », fredonnent les enfants en Aquitaine. Il y a tout de même une différence, et elle est de taille.
La fixation palestinienne sur Balfour et sa déclaration se fait aux dépens de la recherche de la vérité historique. Croit-on vraiment que l’Etat d’Israël n’aurait pas vu le jour sans cette lettre ? Quant à l’injustice de l’Angleterre, a-t-on si vite oublié la flotte britannique pourchassant les pauvres rafiots chargés de rescapés juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, empêchés de débarquer par les soldats britanniques? Ou le combat sans merci de la Couronne contre la Haganah ? Ou encore le fait que l’Angleterre se soit abstenue lors du vote de l’ONU sur le plan de partition le 29 novembre 1947 ? Et enfin, le départ précipité des troupes anglaises à la veille de la proclamation de l’indépendance, alors que les armées de cinq pays arabes se préparaient à envahir le jeune Etat et à le détruire ?
Faut-il le répéter, les Palestiniens auraient pu créer leur Etat en 1947 ; après la guerre d’indépendance, ce sont les Jordaniens qui ont occupé ce qui devait être l’Etat palestinien, et qui se sont bien gardés de le créer. N’est-il pas temps d’oublier Balfour et de regarder les choses en face ?
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