Pointés du doigt

Mahmoud Abbas, le Mouvement islamique ou les députés arabes israéliens. Qui attise les violences ?

Toutes les armes sont bonnes... (photo credit: REUTERS)
Toutes les armes sont bonnes...
(photo credit: REUTERS)
Mahmoud Abbas n’est pas responsable de l’actuelle vague de terrorisme. Ce sont des dirigeants haut placés au sein de l’Autorité palestinienne et du Fatah qui attisent les nouvelles tensions. C’est du moins ce qu’a affirmé un représentant du Shin Bet, lors de la réunion du cabinet ministériel dimanche 11 octobre.
Côté palestinien, des sources confirment : d’importantes divergences divisent l’échelon politique de Ramallah. D’après le journal en ligne Rai Al-Youm, Mahmoud Abbas ferait l’objet de lourdes pressions ces derniers jours. Certains leaders de son parti l’exhortent à soutenir ouvertement l’actuel soulèvement palestinien et la nouvelle vague d’attentats contre des Israéliens. Trois hauts responsables de la faction au pouvoir ont été cités : Tawfik Tirawi, Sakher Bseiso et Sultan Abu al-Ainain.
Toujours d’après ces sources, ces trois hauts responsables réclament également l’autorisation de participer aux funérailles des terroristes éliminés par l’armée et la police israélienne, après avoir essuyé de nombreuses critiques de la rue palestinienne pour avoir manqué d’assister aux enterrements. Car pour l’heure, aucun haut représentant de l’AP ou du Fatah n’a présenté ses condoléances aux familles des terroristes, ni ne leur a rendu visite, comme ce fut le cas par le passé. En outre, le Fatah aurait refusé de reconnaître deux de ses membres tués par Tsahal, lors d’affrontements à la frontière entre la bande de Gaza et Israël la semaine dernière. Au final, c’est le Hamas qui a élevé les deux hommes du Fatah au rang de « martyrs » du Mouvement islamique.
Le week-end dernier, le parti de Mahmoud Abbas a également nié toute implication dans un nouvel organisme : le Commandement général de la troisième Intifada palestinienne, qui a affirmé, dans un communiqué, diriger la dernière vague de violences. Les porte-parole du parti ont assuré que le groupe en question n’était pas responsable de l’actuelle escalade. S’il n’est donc pas officiellement reconnu comme étant l’artisan du soulèvement actuel, Mahmoud Abbas continue pourtant de jeter de l’huile sur le feu. Dimanche, au cours d’une réunion d’activistes du Fatah, il a accusé le gouvernement israélien d’autoriser « la profanation d’al-Aqsa » en permettant à des « colons fanatiques d’attaquer nos lieux saints et notre peuple ». Avant d’ajouter : « Le Fatah restera la colonne vertébrale de la révolution palestinienne et conduira la lutte pour la libération par le biais d’une résistance pacifique. »
Interdire le Mouvement islamique
Lors d’une réunion du cabinet de sécurité dimanche 11 octobre, la seconde depuis le début des violences, Benjamin Netanyahou s’est fixé un objectif clair : proscrire le Mouvement islamique. Le Premier ministre a donc ordonné aux responsables du ministère de la Justice de réunir les preuves nécessaires. Car le chef du gouvernement a insisté ces derniers jours : c’est la branche nord du mouvement islamique – avec le Hamas et l’Autorité palestinienne – qui est responsable de l’actuelle vague de terrorisme, en raison de son « incitation systématique et fallacieuse à propos du mont du Temple ». D’autres responsables du gouvernement et certains médias ont également pointé du doigt les dirigeants de la branche nord. Dans une interview à la radio de l’armée, le chef des opérations de la police, Aharon Aksol, a insisté : « Ce ne sont pas des événements spontanés, la branche nord du Mouvement islamique guide les opérations. »
Le Mouvement islamique en Israël est une ramification du mouvement des Frères musulmans en Egypte. Pour le dissoudre de manière efficace, il faudrait mener à bien une opération sécuritaire massive, du même niveau que celle entreprise par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi contre les Frères musulmans : emprisonner ses membres, éviter leurs partisans de prêcher dans les mosquées, etc.
Nohad Ali, sociologue de l’université de Haïfa et expert des relations israélo-arabes explique que ces dernières années, la branche nord du Mouvement islamique, dirigée par le cheikh Raed Salah et son assistant, le cheikh Kamal Khatib, s’est placée au premier plan dans la défense de la mosquée al-Aqsa. Nous en sommes arrivés à un point où Salah est reconnu dans le monde arabe et islamique comme le « cheikh d’al-Aqsa », explique Ali. Le Mouvement a formé des hommes et des femmes, des garçons et des filles musulmans que l’on nomme les Mourabitoun, dont le rôle consiste à défendre la mosquée al-Aqsa, dit-il. « Chacun d’entre eux croit sincèrement que la mosquée est en danger. Ils pensent que le gouvernement israélien souhaite reproduire le scénario du Caveau des Patriarches à Hébron en divisant le complexe et en restreignant les heures de visite d’ouverture pour les musulmans. »
Hanin Zoabi dans la ligne de mire
Enfin, le Premier ministre s’en est pris aux députés arabes israéliens, et plus particulièrement à la députée Hanin Zoabi (Liste arabe unifiée). Benjamin Netanyahou a demandé au procureur général Yéhouda Weinstein d’ouvrir une enquête criminelle contre la parlementaire, pour avoir appelé de ses vœux « une Intifada populaire » contre Israël.
Le Premier ministre faisait référence à une récente interview de Zoabi, publiée dans le journal Al-Risala du Hamas, dans laquelle elle déclarait : « Des centaines de milliers de fidèles devraient se rendre à la mosquée al-Aqsa et se dresser contre la conspiration israélienne. Aujourd’hui, c’est l’action d’individus isolés, mais un soutien populaire est nécessaire. Si ces attaques individuelles continuent sans soutien populaire, elles vont s’arrêter en quelques jours. Mais si des milliers de personnes y prennent part, ces événements se transformeront en une véritable Intifada. »
Des propos que Netanyahou a qualifiés d’« incitation déchaînée et fourbe ». Cet « appel sans équivoque à la violence ne restera pas impuni », a-t-il assuré.
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