L’heure de la sentence

Le soldat Elor Azaria a été condamné à une peine de 18 mois de prison

Le soldat Elor Azaria entouré de sa famille (photo credit: REUTERS)
Le soldat Elor Azaria entouré de sa famille
(photo credit: REUTERS)
Le tribunal militaire de Jaffa a tranché. Le sergent Elor Azaria, reconnu coupable d’homicide volontaire en janvier, a été condamné à 18 mois d’emprisonnement pour avoir abattu Abdel Fattah al-Sharif, un terroriste palestinien mis hors d’état de nuire, le 24 mars 2016 à Hébron. Les avocats d’Azaria ont immédiatement déclaré qu’il ferait appel de la condamnation. Sa famille s’est montrée étonnamment calme en dépit du verdict, et a surpris les juges en entonnant la Hatikva en fin de séance. Le condamné est lui aussi resté imperturbable, souriant même, parfois. En plus de sa peine de prison, Azaria a écopé d’un an de mise à l’épreuve et a été dégradé au rang de simple soldat. Si la cour d’appel militaire n’est pas saisie, il commencera à effectuer sa peine dès le 5 mars prochain. On notera que le tribunal n’a pas déduit de la sentence les mois déjà passés en détention par le jeune homme dans une base militaire. Le tribunal a également ignoré l’argument de la défense, selon lequel le commandant d’Azaria au sein de la brigade Kfir, le colonel Guy Hazot, a fait obstruction à la justice en essayant de convaincre le père du soldat qu’il fallait que son fils exprime des regrets et ne fasse pas appel de sa condamnation. La cour a considéré qu’Hazot avait de bonnes intentions, pensant simplement qu’une telle attitude de la part du soldat lui épargnerait quelques mois de prison.
Le tribunal a justifié sa clémence envers le condamné – qui encourait jusqu’à 20 ans de prison et au sujet duquel le procureur avait requis une incarcération de trois à cinq ans – par ses excellents états de service avant l’incident. La cour a également pris en compte le fait qu’il lui serait plus facile de retourner à une vie normale après sa peine si celle-ci était plus courte. Au terme de la sentence, le procureur militaire réserviste, le lieutenant-colonel Nadav Weissman, a admis que la condamnation d’un soldat était un moment triste pour le pays, mais que Tsahal devait envoyer un message clair quant à ses valeurs fondamentales et à ses règles d’engagement.
Une grâce qui pourrait faire des vagues
La grâce d’Elor Azaria est une question qui taraude la société israélienne depuis l’énoncé du verdict le mois dernier. Alors qu’un pardon recueillerait une majorité d’avis favorables auprès de la population juive du pays, une telle décision serait très mal accueillie par la minorité arabe ainsi que par l’opinion internationale. Pourtant, si sa demande d’appel n’aboutit pas, la seule solution qui restera au soldat afin d’éviter la prison sera de réclamer sa grâce. Il devra la demander d’abord au chef d’état-major Gadi Eisenkot ; en cas de refus, il lui faudra demander au ministre de la Défense, Avigdor Liberman, d’intercéder en sa faveur auprès du président de l’Etat, Reouven Rivlin. Des membres du gouvernement et des députés ont d’ores et déjà réclamé sa grâce. Parmi eux, le chef de HaBayit HaYehoudi Naftali Bennett, les ministres Israël Katz (Transports), Yoav Galant (Construction), et Miri Reguev (Culture). D’autres, en revanche, aimeraient voir cette triste affaire se terminer sur cette sentence. Les députés de la Liste arabe unifiée ont eux dénoncé la durée de la peine, trop courte à leurs yeux. Un avis partagé par la famille du terroriste qui a dénoncé « une mascarade ».
De son côté, l’ONG Human Right Watch s’est félicitée de la décision du tribunal, tout en exprimant quelques réserves. Si l’organisation considère que le verdict envoie un message important contre l’utilisation excessive de la force, elle appelle les autorités israéliennes à dénoncer la rhétorique du « tirer pour tuer » qui s’est, selon elle, progressivement installée dans les rangs de l’armée, même lorsqu’il n’y a pas de danger de mort. Elle met également en garde contre une réduction de la peine du soldat, un mauvais signal, dit-elle, envoyé à ceux qui seraient tentés de tuer impunément.

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