Schabas shalom!

Rattrapé par son passé, William Schabas a démissionné avant même que son enquête ne soit terminée et ses conclusions publiées. Un départ qui représente une victoire pour Israël.

William Schabas (photo credit: YOUTUBE SCREENSHOT)
William Schabas
(photo credit: YOUTUBE SCREENSHOT)
Août 2014. William Schabas est désigné pour diriger l’enquête du Conseil des droits de l’homme des Nations unies sur des présumés crimes de guerres commis par Israël. Cette nomination représente le point culminant de sa carrière – l’universitaire et consultant juridique canadien est depuis de longues années obsédé par l’Etat hébreu. Déjà, en octobre 2012, il avait annoncé devant le tribunal Russel pour la Palestine sa volonté de mettre Benjamin Netanyahou « sur le banc des accusés » de la Cour pénale internationale, pour les crimes de guerre commis à Gaza lors du conflit de janvier 2009. A l’époque, c’est Ehoud Olmert et non Benjamin Netanyahou qui dirigeait le pays, mais Schabas ne s’était pas encombré de tels détails.
Six mois plus tard, William Schabas vient d’annoncer sa démission immédiate de la commission d’enquête. La raison de cette décision soudaine : l’universitaire canadien a effectué une mission de consultant pour l’Organisation de libération de la Palestine en 2012. Une note juridique pour laquelle il avait été rémunéré à hauteur de 1  300 dollars. Cette révélation remet considérablement en doute son impartialité.
Pourtant dans sa lettre de démission, Schabas assure qu’au moment où il a été nommé à la tête de la commission, il s’est promis « d’agir avec indépendance et impartialité. Et j’ai parfaitement respecté cet engagement », juge-t-il. Pour Schabas, le fait d’avoir travaillé pour l’OLP ne constitue pas un conflit d’intérêts qui aurait dû l’empêcher de diriger ou même de participer à la commission d’enquête. Le fait qu’il n’ait pas décliné l’offre et le fait que l’Autorité palestinienne n’ait pas mentionné leur collaboration, sont cependant révélateurs et en disent long sur le processus.
Le défenseur de Jabarin
Soit le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, qui a sélectionné Schabas, n’était pas au courant de son activité passée. Soit sa partialité n’était un secret pour personne. Encore un épisode qui reflète le parti pris inhérent d’un organe dont l’agenda, les nominations et les sessions sont contrôlés par un bloc de 56 nations islamiques au sein de l’ONU. Le Conseil des droits de l’homme, qui était certainement au fait de l’inclinaison de Schabas au moment de sa nomination, l’a justement peut-être même nommé en raison de ses préférences et en dépit même des nombreuses critiques provenant de plusieurs délégués du Conseil des droits de l’homme. Car l’Union européenne était opposée à sa nomination, mais ses membres se sont abstenus lors du vote, au lieu de voter contre, comme l’ont fait les Etats-Unis.
En plus de cette mission de consultant, Schabas entretenait des liens étroits avec d’autres acteurs de la scène palestinienne. A titre d’exemple, sa relation avec Shawan Jabarin, activiste du Front populaire pour la libération de la Palestine et directeur d’Al Haq, une ONG qui joue un rôle important dans la guerre juridique menée par les Palestiniens contre Israël.
En 2009, Schabas prenait ouvertement la défense de Jabarin : « Shawan Jabarin s’est vu refuser le droit de quitter les territoires occupés pour se rendre aux Pays-Bas où il devait recevoir la médaille Guezen au nom de son organisation ». Dans une autre note, intitulée : « Shawan Jabarin et l’organisation canadienne Droits et Démocratie », Schabbas qualifie Jabarin d’« ami précieux ». Il s’est ensuite avéré que l’ONG canadienne avait secrètement alloué des fonds à Al Haq et à B’tselem, avant que le gouvernement canadien ne prenne la décision de mettre fin aux jours de l’organisation.
Schabas a également participé à un événement organisé en juillet 2012 par Al Haq et Diakonia – une organisation humanitaire suédoise qui encourage la propagande anti-israélienne. En novembre 2005, il avait donné une allocution devant le panel d’Al Haq. Un discours intitulé : « De la Théorie à la pratique : Faire respecter la loi humanitaire internationale sur le territoire palestinien occupé ».
Israël a remporté une bataille, pas la guerre
Alors que Schabas a affirmé que « l’enquête » sur les présumés crimes de guerres commis par Israël et l’écriture de son rapport étaient presque terminées, il est clair que si ce document est publié, il sera moralement teinté.
L’histoire se répète. La même chose avait été dite au sujet de la commission d’enquête Goldstone sur le conflit avec Gaza en 2009, que le juge sud-africain a lui-même fini par qualifier, certes avec beaucoup de retard, d’illégitime. Après avoir accusé Israël de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, Richard Goldstone est revenu sur ses conclusions deux ans plus tard. « Si, à l’époque, j’avais su ce que je sais aujourd’hui, le rapport Goldstone aurait été un document très différent », a-t-il avoué en 2011. Mais le départ prématuré de Schabas n’a rien à voir avec de quelconques doutes sur la véracité de son enquête. Schabas a démissionné parce qu’il s’est fait rattraper par son passé.
Il était censé réussir là où Goldstone avait échoué : parvenir à une inculpation d’Israël qui devrait servir de base à l’ouverture d’une plainte devant la Cour pénale internationale. Le plaidoyer contre l’Etat hébreu devait se fonder sur des « preuves » fournies par des groupes anti-israéliens se réclamant d’un agenda humanitaire. Dans ce but, ces dernières semaines, plusieurs rapports ont été publiés, notamment par Amnesty International, Human Rights Watch ou B’tselem. Ces rapports n’ont d’enquête que le nom. Ils se basent principalement sur des témoignages invérifiables de Palestiniens et utilisent les failles du droit international pour « mettre Israël sur le banc des accusés », pour citer l’expression de Schabas.
Personne, au sein du bureau du Premier ministre ou du ministère des Affaires étrangères, n’a pourtant sabré le champagne mardi 3 février. Israël s’est certainement réjoui du départ de l’universitaire canadien, mais à Jérusalem, on sait que le processus est engagé. Le Conseil des droits de l’homme ne va pas enterrer l’enquête. Le document en cours de préparation sera publié et portera les empreintes de celui qui l’a initié. Mais après avoir fourni les preuves irréfutables de la partialité de Schabas, il sera plus aisé de refuser de prendre ses conclusions en considération.
Cette démission prouve également à ceux qui sont fatigués d’entendre qu’Israël ne bénéficie pas d’un traitement juste dans les instances internationales, que ces plaintes sont justifiées. 
Gerald M. Steinberg est président de l’ONG Monitor et professeur de sciences politiques à l’université Bar-Ilan.
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