La nouvelle bataille pour le Golan

Même si la situation au Nord est compliquée par l’implication de plusieurs acteurs hostiles à l’Etat hébreu, Israël aurait intérêt à éviter l’escalade des violences

Des troupes de Tsahal en faction près de la frontière libanaise jeudi 29 janvier (photo credit: REUTERS/BAZ RATNER)
Des troupes de Tsahal en faction près de la frontière libanaise jeudi 29 janvier
(photo credit: REUTERS/BAZ RATNER)
Ce n’est jamais le moment idéal pour lancer une guerre. Aujourd’hui moins que jamais. L’objectif principal d’Israël est de calmer les tensions et de restaurer le calme à la frontière Nord. Mais il n’est pas le seul acteur sur scène. Il y a quatre joueurs impliqués dans cette partie – la Syrie, l’Iran, le Hezbollah et Israël – et chacun a ses intérêts propres. De sorte que même si, comme le laisse penser la décision du gouvernement, Israël souhaite mettre un terme au cycle de violences actuel, il n’est pas certain qu’il y arrive.
La récente poussée de violences à la frontière Nord, habituellement calme, peut être vue par le prisme du contexte du conflit historique entre Israël et le Hezbollah ou être considérée comme une explosion exceptionnelle et inhabituelle. L’accord de cessez-le-feu avec le Hezbollah a huit ans. La résolution 1701 du Conseil de sécurité, dont personne n’attendait grand-chose, a finalement eu un effet sur la situation au Liban : Israël et le Hezbollah s’attachent à maintenir le calme et à éviter toute confrontation. Certes, la résolution 1701 a ses défauts : son objectif principal, la surveillance du mouvement terroriste chiite et son retranchement au Nord de la rivière Litani, n’a pas été rempli. Mais, mise à l’épreuve du terrain, elle a réussi le test principal : instaurer le calme des deux côtés de la frontière. Jusqu’à aujourd’hui.
La guerre civile qui s’éternise en Syrie et le renforcement des groupes terroristes dans la région ont jeté une ombre sur le Golan, brisant le statu quo relativement pacifique qui durait depuis plus de trente ans. La décision du Hezbollah de rejoindre, à l’invitation du régime syrien, le combat contre l’Etat islamique a renforcé les deux parties. Le groupe terroriste a gagné en confiance et en expérience militaire. Ce n’était qu’une question de temps avant que la Syrie, l’Iran et le Hezbollah se concentrent sur la frontière du Golan pour renforcer leur éventail de menaces contre Israël.
Ne pas jouer le jeu de l’Iran
Le convoi de hauts responsables iraniens et de membres du groupe terroriste libanais attaqué il y a deux semaines dans le Golan syrien s’y trouvait en raison de la nouvelle stratégie iranienne. L’attaque ne visait pas seulement le général iranien Mohammed Allahdadi et Imad Moughniyeh, elle servait aussi à définir une ligne jaune à ne pas dépasser. Du point de vue israélien, le réveil et l’expansion du front septentrional représentent un danger, et tout doit être fait pour éviter que la situation n’empire. Mais les événements ont échappé à tout contrôle. Mercredi 28 janvier, le Hezbollah a mis ses menaces de vengeance à exécution.
Israël est face à un dilemme qui peut se résumer en ces termes : s’il réplique à l’attaque, il risque de se retrouver pris dans une spirale d’opérations militaires qui pourraient rapidement dégénérer en un conflit général. S’il choisit de ne pas répondre, ses ennemis pourraient interpréter ce silence comme une faiblesse et continuer à le provoquer. Ce dilemme n’est pas nouveau, mais la situation géopolitique actuelle en Syrie et au Liban lui donne des dimensions différentes.
Israël devrait faire tout son possible pour ne pas jouer le jeu de l’Iran. Téhéran pourrait avoir intérêt à une escalade de la violence ; ils ne retiennent pas le Hezbollah, de la même façon qu’ils n’ont pas retenu le Hamas l’été dernier. Ils prouvent ainsi (selon eux) qu’ils ont les moyens de menacer Israël par procuration, et envoient un message à Jérusalem : nous répondrons par nos intermédiaires en cas d’attaques sur notre sol. En d’autres termes, nous aussi avons le bras long.
Israël, à juste titre, souhaite répliquer avec force à toute attaque contre ses soldats. C’est une position bien instaurée : aucune attaque de la sorte ne doit rester sans réponse. Et pourtant, Israël aurait intérêt à tout faire pour restaurer le calme à la frontière. Le pays n’a pas besoin d’être impliqué dans un second conflit en l’espace d’un an, ce qui mettrait une nouvelle fois l’économie locale et le moral des civils à mal, engluerait Tsahal dans un nouveau cycle épuisant de batailles et poserait problème à Israël sur la scène internationale. L’intérêt suprême d’Israël est d’augmenter le laps de temps entre deux conflits, pas de le réduire. La Syrie n’a pas oublié l’attaque sur son site nucléaire et sur les convois militaires destinés au Liban. Le Hezbollah a été profondément affaibli par la seconde guerre du Liban et son leader, Hassan Nasrallah, n’est toujours pas sorti de son bunker. Israël peut donc partir du principe que sa force de dissuasion est présente dans les esprits et le restera. 
L’auteur est député du parti travailliste et ancien porte-parole de Tsahal.
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