Combattre l'Etat islamique

Et s’il n’était pas si difficile d’éliminer la menace islamiste ?

Le canari dans la mine (photo credit: REUTERS)
Le canari dans la mine
(photo credit: REUTERS)
Assez. Arrêtons l'hypocrisie. » Telle a été ma réaction immédiate et instinctive, à la suite des trois attaques terroristes de vendredi 26 juin.
Cette journée constitue en effet l’un des échecs les plus flagrants jamais essuyés dans le cadre de l’effort international pour stopper l’Etat islamique. En 24 heures, près de 100 personnes ont été tuées dans des attaques terroristes qualifiées d’« indépendantes ». Trente-huit touristes – la plupart britanniques – ont été assassinés dans une station balnéaire sur la côte tunisienne. Un homme a été décapité en France. Un attentat a coûté la vie à 27 fidèles chiites dans une mosquée au Koweït. 30 soldats du Burundi, qui servaient dans une unité de maintien de la paix en Somalie, ont été tués. Soit près de 100 personnes dans quatre pays, sur trois continents différents.
Tous les éléments de preuve désignent l’Etat islamique, qui a revendiqué les attentats en Tunisie, en France et au Koweït. En Somalie, l’attaque a été menée par des terroristes appartenant à une formation locale al-Chabab, dont les dirigeants sont tiraillés entre l’allégeance à al-Qaïda et la volonté de faire front commun avec l’Etat islamique.
Du point de vue occidental, il n’y a pas de différence significative entre ces mouvements. Tous deux sont considérés comme des organisations meurtrières ciblant aussi bien l’Occident que les gouvernements arabes et les musulmans modérés – chiites et sunnites. Ces deux organisations sont également appréhendées de la même façon par d’autres religions et minorités ethniques du Moyen-Orient, en particulier les Kurdes, les Druzes et les Assyriens.
Il n’y a d’ailleurs pas de grande divergence entre les idéologies religieuses qui alimentent ces groupes, ni une grande différence dans les moyens qu’ils utilisent pour mettre en pratique leurs convictions. L’Etat islamique s’acharne à choquer le monde en diffusant ses méthodes de mise à mort sur les plateformes numériques. La décapitation n’étant plus le summum de l’horreur, le groupe crucifie désormais des enfants et exécute des individus en les noyant, le tout filmé par des caméras sous-marines captant chaque image.
Le réveil de l’Occident
Les attaques terroristes de vendredi ont eu lieu durant la deuxième semaine du Ramadan, la fête la plus importante du calendrier musulman. Un porte-parole de l’Etat islamique – oui, ce poste existe – avait publié, quelques jours plus tôt, une déclaration exhortant ses partisans à perpétrer des attaques meurtrières. Ces derniers ont tout simplement obéi.
Le problème majeur reste la faible réponse des dirigeants occidentaux. Après chaque atrocité, le président américain Barack Obama, le président français François Hollande, le Premier ministre britannique David Cameron et leurs homologues condamnent les attaques à grand renfort de rhétorique. Dans la pratique, cependant, ils ne font presque rien pour éradiquer ce problème.
Pourtant, l’Etat islamique peut être éliminé. Pour cela, il ne suffit pas de le définir comme étant l’incarnation du « mal » ou de le comparer aux nazis, comme un commentateur du journal britannique The Guardian l’a fait récemment – même s'il vaut mieux tard que jamais. Pour cela, il faut être prêt à sacrifier des soldats à la guerre, car les attaques aériennes ne sont pas suffisantes. Le monde – et cela inclut l’Occident, la Russie, la Chine, l’Inde et les pays arabes – doit s’unir et envoyer des soldats sur les champs de bataille irakiens et syriens. De toute évidence, les 30 000 hommes armés de l’Etat islamique, n’auraient aucune chance face à une telle coalition. L’ancien Premier ministre et chef d’état-major israélien Ehoud Barak l’a dit cette semaine : l’Etat islamique pourrait être neutralisé rapidement. « Je pense que l’Etat islamique gagne des points parce qu’il ne souffre aucun effort concerté qui viserait sa destruction. Techniquement, il n’est pas si puissant, il est composé de quelque 30 000 à 40 000 personnes. Mais jusqu’à présent, il n’a rencontré que des armées qui ne souhaitent pas se confronter à lui », a confié Barak à un média russe, insistant : « l’EI n’est pas fort », et avec une réponse appropriée, il serait possible de le supprimer en quelques jours.
Mais les probabilités que cela se produise sont nulles, car les nations de ce monde sont divisées sur de nombreuses questions et ne sont pas prêtes à payer le prix d’une telle guerre.
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