IDC, l’école internationale made in Israël

De plus en plus de jeunes Français viennent faire leurs études au Centre interdisciplinaire d’Herzliya

Etudiants de l'IDC (photo credit: IDC)
Etudiants de l'IDC
(photo credit: IDC)

IDC d’Herzliya est un college inspiré du modèle américain « avec une bonne dose d’Israël et une touche européenne », selon Ella Drory, actuellement étudiante au sein de l’école internationale. Une école apparemment très représentative du melting-pot à l’israélienne. Les 1 500 jeunes qui y passent leurs années universitaires viennent de 80 pays différents, et parlent plus de 25 langues sur le campus. Se rencontrent des étudiants de Turquie, du Maroc, de Singapour, du Mexique, de Suède de Zambie, du Brésil, d’Inde, de Corée du Sud, des Etats-Unis, du Canada, et bien sûr de France.

Cette grande tour de Babel est en pleine effervescence. Lors de sa création en 1994, IDC Herzliya (Interdisciplinary Center, ou, en français, centre interdisciplinaire) dispensait ses programmes en hébreu. L’école Raphael Recanati International a été ouverte en 2001 « pour permettre à tout olé hadash d’étudier un programme de Licence entier en anglais, et pas seulement un semestre comme le proposaient la plupart des universités », explique Ella. Cette université internationale a en effet constitué le premier établissement d’enseignement supérieur offrant des programmes universitaires complets en anglais en Israël. Une multitude de domaines sont enseignés, tels que la communication, la psychologie, le business et les sciences politiques. Des Master et des MBA (Master of Business administration) sont également proposés dans des spécialités bien locales, comme la lutte contre le terrorisme et la sécurité intérieure.
Une vision sioniste
Jonathan Davis, vice-président d’IDC et directeur de l’école Raphael Recanati International, explique que les programmes en anglais ont été créés « pour des raisons sionistes, dans le but d’attirer des Juifs en Israël ». Et l’université atteint son objectif : 70 % des étudiants étrangers restent en Israël après avoir obtenu le diplôme. Davis ajoute : « Ils ne savent pas forcément, durant leur cursus, qu’ils vont rester, mais le fait d’étudier quelques années ici les intègre. La plupart des étudiants de France étudient à IDC avant leur aliya, et la font officiellement une ou deux années après être venus. » Le directeur lance avec humour que l’école Raphael Recanati International est « devenue le plus grand centre d’intégration d’Israël », avec « beaucoup d’étudiants francophones, entre la France, le Canada, la Belgique et la Suisse : ils font beaucoup de bruit, mais cette langue est tellement sophistiquée ! »
Ella Drory a, elle, fait son aliya en 2011 dans le but d’étudier à Herzliya. Après avoir effectué un semestre à l’université de Tel-Aviv, cette jeune française prévoyait de rentrer dans l’Hexagone, mais a préféré annoncer à ses parents : « Finalement je ne rentre pas ». Des renseignements glanés auprès d’amis, un rendez-vous pris à IDC, et un début en Licence dès la rentrée suivante ont marqué ses débuts en Israël. Ella étudie en anglais le programme Government, Diplomacy and Strategy, équivalent d’une Licence en sciences politiques en France, reconnu à la fois par le ministère de l’Education israélien et par la sphère des écoles internationales. Pour Ella, l’aspect technique de son école est primordiale : « Ce que je préfère à IDC c’est que l’école est relativement petite, tout le monde connaît tout le monde, et surtout, énormément d’activités extra-disciplinaires sont organisées sur le conflit, la Hasbara, les conférences ». Les étudiants sont incités à sortir des sentiers battus : « J’aime beaucoup le côté américain d’entrepreneurship, qui pousse à s’engager dans tout ce que l’école organise : on n’est pas seulement spectateurs, mais acteurs de tout ce qui se passe au sein de l’école. Lors de l’opération Pilier de défense, à l’initiative de trois élèves et de l’Union des étudiants, des centaines de membres de l’école diffusaient l’information sur l’opération du point de vue israélien, afin de contrer ce qui était publié dans les médias. Binyamin Netanyahou a même félicité IDC. »
Un panel de perspectives
Cette nouvelle Israélienne n’est pas la seule à venir de France. Au cours des dernières années, de plus en plus d’étudiants français occupent les bancs d’IDC. D’une poignée durant les premières années, ils sont passés à une trentaine il y a cinq ans, pour atteindre aujourd’hui le nombre significatif de 200. Le service marketing de l’école promeut les programmes auprès des membres d’organisations sionistes comme Massa, le Bac bleu blanc, ou même auprès des soldats isolés. Le service organise chaque année un salon en France, en Italie, Grèce, Turquie, et va à la rencontre des lycéens juifs et des futurs nouveaux immigrants.
Et après les études ? Un champ très ouvert s’offre aux étudiants. Elior Brenner a terminé ses études de sciences politiques en août 2013. L’année dernière, encore étudiante, elle a intégré la compagne de Jonathan Simon Sellem, candidat aux élections législatives de la 8e circonscription des Français de l’étranger avec son parti « La jeunesse qui ose ». Elle était tout d’abord responsable de la campagne électorale sur les groupes sociaux et dans les réseaux étudiants à IDC, puis a remplacé l’actrice Véronique Genest en tant que suppléante du candidat.
Aujourd’hui, Elior travaille dans la petite ville de Youngstown, dans l’Ohio, aux Etats-Unis. Elle fait partie des émissaires de l’Agence juive envoyés dans le monde entier dans les communautés qui ont besoin d’un soutien. Elle travaille pour le centre communautaire de cette ville regroupant 1 700 Juifs, « dans le but d’amener Israël à la communauté, par des événements, des rencontres à la synagogue, et ce pour toutes les tranches d’âges », explique-t-elle. Cette jeune diplômée d’IDC enseigne aussi quotidiennement dans l’école juive Akiva. « Il y a quelques années, il n’y avait que des Juifs dans cette école, mais les jeunes partent ailleurs trouver du travail et ne reviennent pas fonder leur famille à Youngstown. L’école a dû ouvrir ses portes aux non-juifs : sur 100 élèves, il y a désormais à peu près 20 Juifs » confie Elior. Sa mission la passionne : « J’adore enseigner à des non-juifs, parce qu’il y a des éléments de Hasbara : à travers les chansons juives et israéliennes qu’on leur enseigne tous les jours, on espère qu’ils aimeront un jour Israël. Une fois par semaine, on parle de l’Etat hébreu : par exemple on étudie la carte géographique du pays sous forme de jeu, avec des questions-réponses : “où se trouve Eilat, la mer Morte ?” ; ou bien je fais une présentation sur Tsahal », relate-t-elle. Et cette représentante d’Israël observe chaque jour les fruits de son travail. « Tous les vendredis on organise la Kabalat Shabbat avec les tout-petits, on leur enseigne la prière sur le pain du Motsi ; des parents racontent parfois que leur enfant attend la prière chez eux pour manger le pain », raconte-t-elle avec affection.
Elior compte poursuivre sa mission une année supplémentaire dans cette communauté, mais revenir ensuite en Israël, comme la plupart des anciens d’IDC et fidèlement à la vision de l’école.