Face au dilemme du Sinaï

Contrairement à la bande de Gaza, Jérusalem ne peut ouvertement mener des opérations de contre terrorisme dans le Sinaï. Décryptage.

P6 JFR 370 (photo credit: Reuters)
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Silence radio.Tsahal aurait mené un raid au drone contre une cellule djihadiste dans lapéninsule du Sinaï, vendredi 9 août. Samedi, le groupe terroriste Ansar Beital-Maqdi s’est dit victime d’une attaque qui a tué 4 de ses hommes. « Nos hérossont devenus martyrs au cours de leurs devoirs djihadistes contre les juifslors d’une attaque de roquettes vers les terres occupées », a déclaré lemouvement sur un site de la mouvance djihadiste. De leur côté, les autoritéségyptiennes ont affirmé que 4 islamistes avaient été tués par un missile alorsqu’ils s’apprêtaient à tirer des roquettes sur Israël. Selon 5 sourcessécuritaires différentes, l’offensive aurait été menée par Tsahal. Mais l’arméeégyptienne a opposé un vigoureux démenti, tandis que le porte-parole militaireà Jérusalem a refusé de commenter.

Les responsables israéliens sont également demeurés muets, ce qui rendl’offensive très difficile à confirmer. Si la frappe était néanmoins avérée,elle marquerait incontestablement un précédent : la première fois que Tsahalmènerait une frappe préventive et localisée de contre-terrorisme en territoireégyptien.

Tout comme la bande de Gaza, le désert du Sinaï fourmille de cellulesterroristes. Mais, contrairement au territoire contrôlé par le Hamas, cettevaste péninsule appartient à l’Egypte. Ce qui crée un perpétuel dilemme pourles Israéliens sur la façon d’en gérer les menaces. Il s’agit, d’une part, derespecter la souveraineté égyptienne et de maintenir le traité de paix avec LeCaire, à l’intérêt vital, mais, d’autre part, de protéger la région sud decette menace terroriste croissante. Bien entendu, le dilemme n’a plus lieud’être lorsque les vies de civils sont dans la ligne de mire, ou quand lesforces de sécurité sont en situation de danger immédiat avec un temps deréaction très court. La vie humaine prend alors le pas sur toute autreconsidération.
Vigilance et arsenal Jusqu’à présent, Tsahal s’entraînait surtout à identifierles sources de menaces le plus rapidement possible, et à les cibler précisémentet immédiatement dans les dunes de sable. Bientôt achevée, la barrière desécurité le long de la frontière sud, de Kerem Shalom, près de Gaza, jusqu’àEilat, viendra compléter cet arsenal. La clôture est équipée de capteurs électroniquesde pointe, fournissant des données en continu aux centres de contrôle et decommande. Perfectionner la collecte de renseignements sur le terrain, le longde la frontière, fait également partie des objectifs de Tsahal qui cherche àmieux cerner la zone afin d’éviter d’être pris par surprise. De plus, lesbatteries de défense antimissile Iron Dome ont été fortifiées autour de laville d’Eilat.
De son côté, l’armée égyptienne s’est lancée dans une vaste opération decontre-terrorisme dans le Sinaï, un effort qui a sensiblement augmenté depuisle renversement du président Mohamed Morsi. Il va de soi que la présence degroupes terroristes à l’idéologie fanatique et inspirée d’al-Qaïda dans lapéninsule menace très sérieusement la sécurité des deux pays. Ces groupes sontcomposés de Bédouins radicalisés, de ressortissants égyptiens et de djihadistesétrangers portés volontaires. Ils sont aujourd’hui occupés à s’entraîner et àse procurer des armes, y compris une variété de missiles, d’armes à feu et d’explosifs,dont certains proviennent des entrepôts abandonnés en Libye.
Désormais, pour le commandement de la région sud, la prochaine attaque depuisla péninsule n’est qu’une question de temps. Le drame du Sinaï n’en estqu’à son commencement.