David Broza, citoyen du monde

Au terme de 40 ans de carrière, David Broza fait toujours partie de la scène israélienne qui compte.Un parcours parfois dissonant mais sans fausse note

broza (photo credit: wikipedia)
broza
(photo credit: wikipedia)

Si quelqu’un peut se permettre d’acheter un Picasso surInternet, il peut également financer un album via le web. C’est du moins ce quepense David Broza. Car la star israélienne a pris un chemin pour le moins trèspeu conventionnel pour produire son premier album en neuf ans. Sorti l’étédernier via le site Kickstater, son 28e CD, Safa Shlishit (Troisième Langue)est devenu l’un des cinq principaux projets musicaux jamais lancé en ligne.

Broza, 56 ans s’exclame : “Je suis un auteurcompositeur très terre à terre, pasun technicien. Et pourtant j’ai utilisé la technologie dernier-cri pourréaliser ce projet, et j’ai réussi. Et ce, malgré le fait que cet album soitenregistré en hébreu et conçu par un artiste d’un certain âge. Cela prouvesimplement qu’on a besoin d’avoir un objectif.”
Broza a trouvé son objectif très jeune, à peine débarqué de l’armée. Très vite,il devient par hasard une vedette avec Yihye Tov (Tout ira bien), écrit par lepoète Yonatan Gefen à la veille des négociations de paix avec l’Egypte, en1977.
Né à Haïfa et élevé en Israël, en Angleterre et en Espagne, Broza revient enIsraël à 18 ans pour effectuer son service militaire après avoir passé six ansà Madrid. Il avait alors pour ambition de devenir peintre. Mais son jeu deguitare a attiré l’attention. Suivirent 17 ans d’aller-retour entre Tel-Aviv et.
“Après Yihye Tov qui a dépassé toutes les espérances, j’ai ressenti le besoinde faire une pause et d’approfondir mes chansons pour ne pas devenir comme cesstars qui considèrent le succès comme acquis. Je suis arrivé là, sans en avoireu l’intention, et puis quand c’est devenu une démarche intentionnelle, ilétait important pour moi d’étendre mes horizons, d’en apprendre davantage surla musique et ses .Je me suis naturellement tourné vers pour faire des recherches sur la quintessence dema musique “.
Mais même après avoir élevé trois enfants dans une banlieue du et vécu par la suite trois ans à , Broza s’esttoujours considéré israélien. C’est à Tel-Aviv qu’il considère rentrer chez luià la fin d’une tournée mondiale et ses enfants ont choisi de venir vivre enIsraël, une fois adultes.
Israélien malgré tout

Le grand-père de Broza a cofondé le village israélo-arabe deNevé Shalom-Wahat al-Salam (L’Oasis de la Paix), et son père a contribué à laconstruction du Centre des Sports israélien pour les personnes à mobilitéréduite de Ramat Gan, où Broza se porte volontaire depuis l’âge de sept ans.

S’inspirant de ses deux modèles, l’artiste a été parmi les premiers à rejoindreles rangs de l’association La Paix Maintenant. Avant de parcourir leMoyen-Orient avec le musicien jordanien Hani Naser, en amont du traité de paixentre Israël et la Jordanie de 1994.
Il a aussi écrit Ensemble avec Ramsey Mc Lean, chanson thème créée à l’occasiondu 50e anniversaire de l’UNICEF en 1996 et enregistrée avec des choeursd’enfants juifs et arabes.
Puis en 2006, Broza et l’instrumentaliste arabe Said Murad ont gagné le prix dela Recherche pour un Terrain d’Entente, venu saluer leur chanson Belibi (Dansmon coeur). “Nous l’avons écrite conjointement comme un hymne d’amour au paysqui nous est cher”, explique Broza.
En 2009, lors d’un concert à Tel-Aviv, le Roi Juan Carlos I a légué unemédaille royale espagnole d’honneur à Broza en reconnaissance de sescontributions aux relations israélo-espagnoles et pour son engagement envers latolérance. La même année, Broza enregistrait le titre Veoulai (Et peut-être) aubénéfice de la Fondation de la Recherche pour le Cancer du Sein.
Aujourd’hui, il oeuvre à la collecte de fonds pour la création d’un cirque pourles malentendants au Centre Na Laga’at, l’unique troupe de théâtre israéliennepour les sourds-muets. Broza confie qu’il s’agit-là de “[son] autre passion.Cela [le] fait frissonner de dénicher des personnes altruistes pour améliorerles équipements des handicapés”. Et d’ajouter : “Nous sommes très innovants surce point en Israël.”
Certes, il émet parfois des critiques envers sa patrie natale. Mais comme unfils à ses parents, aime-t-il à dire. “Israël est un endroit agréable. Aprèstout ce que j’ai vu, j’affirme haut et soutien à ce que le pays peut apporter. Oui, je suis parfois critique, maiscela signifie que je souhaite améliorer ce que j’aime et ce à quoi je tiens.”
Un chanteur multiple

Broza a enregistré son dernier disque en trois langues, d’oùle titre de ce nouvel opus. “Mon idée fixe depuis [l’époque de mes] 22 ansétait d’être capable de m’identifier à ma musique israélienne et de la produireen hébreu, en espagnol ou en anglais afin de communiquer avec les publics desdifférents pays.”

Interrogé depuis New York, où il a récemment épousé une créatrice de modeisraélo-américaine, Nili Lotan, Broza raconte que son nouvel album estdifférent, non seulement de par son financement, mais aussi de par son contenu.Il a luimême écrit les textes de ses 15 chansons, lui qui traditionnellementmet les mots d’autres poètes en musique.
Son précédent album, A l’Aube de la Nuit : La poésie non publiée de Townes VanZandt, est sorti inopinément en 2010 : Broza et Van Zandt, un illustrecompositeur américain, s’étaient produits sur scène, ensemble, en 1994. Puisaprès le décès de Van Zandt, en 1997, la veuve de l’artiste a informé Brozaqu’il était l’héritier de tous les poèmes non publiés du Texan.
Broza n’est pas un étranger pour le public américain.
Grâce à David Broza à Massada, un DVD de 2007 où participent Jackson Browne etShawn Colvin. De la musique du monde que Broza, un artiste plusieurs foisdisque de platine, continue d’honorer au sein de la compagnie espagnole deflamenco de son groupe ou au sein de son ensemble de jazz américain.
“J’essaie d’aller là où il est peu probable que l’on joue de la musiqueisraélienne”, rapporte-t-il. “Je désire jouer dans tous les centres culturelsdu monde, parce que je maîtrise déjà plus ou moins tout ce que j’ai rêvé demaîtriser.”
Parmi les futurs projets de l’artiste : le coup d’envoi d’une réalisation deJérusalem-Est, David et la tanière du Lion.
“J’espère que cela inspirera plus de gens à réaliser des coproductions auniveau artistique.”