Si on chantait ? En Israël !

Julien Clerc : un show très attendu en dépit des pressions.

P22 JFR 370 (photo credit: DR)
P22 JFR 370
(photo credit: DR)
Détendu, chaleureux, le sourire de Julien Clerc se donne à voir età entendre. Une actualité chargée pour l’artiste qui a plus de quarante ans decarrière derrière lui et qu’on ne présente plus. Ce n’est rien, Ma préférence,Femmes je vous aime, on a tous fredonné un jour un des tubes de l’artiste. Endépit des dernières polémiques, notamment relayées par le Nouvel Obs sur cettefameuse date en Terre promise, et malgré les pressions du BDS, associationpro-palestinienne, et les manifestants venus protester devant le théâtre duChâtelet lors de ses derniers concerts parisiens, Julien Clerc se produira belet bien pour la première fois en Israël le 7 juillet prochain, reprenant pourl’occasion son spectacle Symphonique créé à l’Opéra national de Paris.
Le show, qui a suivi son dernier album du même nom sorti en 2012, a connu unbeau succès à Paris et s’exporte sans problème. Avec une prestationtelavivienne, prévue aux côtés de quarante musiciens locaux, la rencontrepromet d’être belle. Sa venue est même relayée par la ministre de la Culture etdes Sports, Limor Livnat. Dans une lettre de bienvenue à l’artiste, celle-ciprécise : « Les Israéliens sont connus pour leur amour des arts […] et nombreuxsont ceux parmi eux qui vous connaissent, vous aiment et vous admirent ».
L’artiste a accepté de répondre avec sa gentillesse légendaire aux questions duJerusalem Post. Son enthousiasme donne hâte de le voir prochainement sur scène.
Pourquoi avoir attendu toutes ces années avant de venir en Israël ? 
Je nesais pas (rires). Je réponds aux propositions… Je n’ai pas été si demandé queça ! (rires) C’est une réponse toute bête, mais en fait je suis ravi de venir… 
Qu’attendez-vous de cette rencontre avec le public israélien et plusspécifiquement avec le public francophone local féru de culture française ? 
Jesuis ravi de le rencontrer. J’ai déjà présenté ce spectacle, Symphonique,l’année dernière. Je tournais avec mes propres orchestres en France, puis j’aiensuite été accompagné par des orchestres locaux à l’étranger : au Canada et auLiban entre autres.
Cette fois-ci, c’est l’orchestre de Tel- Aviv qui m’accompagnera, j’emmènejuste avec moi le chef d’orchestre, mon pianiste et mon batteur. Cesdéplacements sont en général difficiles, bien que les rencontres avec le publicfrancophone m’importent beaucoup. Mais pour des questions de budget, elles sontpeu nombreuses… Ce concert symphonique est sonorisé de telle manière que le tonrestera très pop. Ce ne sera pas vraiment calme, beaucoup de morceaux « Uptempo », rapides, sont prévus, ainsi que des ballades… Mon but : faire danser lesgens avec un orchestre philharmonique ! (rires) 
Est-ce que ce tour de chantisraélien a été conçu comme dans les autres pays ou est-il différent ? 
Non, lespectacle reste le même, une fois la dramaturgie, le show « fixé », je ne bougeplus.
Connaissez-vous des mots d’hébreu ? 
Non je n’en connais pas, mais vous pouvezm’en apprendre ! (rires) 
Vous pourrez saluer votre public d’un « shalom »…Qu’avez-vous choisi de privilégier dans ce dernier spectacle ? Les chansons dudernier album ou plutôt vos morceaux culte ? 
Je vais interpréter trois chansonsdu dernier album. Il y aura aussi des vieux tubes, je chante depuis quaranteans un répertoire très large.
Connaissez-vous des chanteurs israéliens, des artistes locaux ? Est-cetoujours compliqué, pour un artiste israélien, de se faire connaître en France? 
Oui, je connais Noah, et j’ai vu beaucoup de films israéliens récents, il y aune nouvelle vague épatante.
La France reçoit beaucoup d’artistes étrangers qui chantent, c’est vrai, enanglais. C’est un problème, car la francophonie a perdu du terrain. J’ai reçupar ailleurs une gentille lettre du ministère de la Culture israélien qui m’abeaucoup touché.
Quel est le pays qui vous a le plus marqué dans votre rencontre avec lepublic ? 
C’était une tournée que j’ai faite il y a dix ou douze ans, à PhnomPenh au Cambodge. Le matériel, piano et son, n’était pas terrible, mais quelleferveur ! Sur le plan émotionnel, c’était extraordinaire, on a vécu un momenttrès touchant, on a vraiment été récompensés. C’est un pays à part, qui a étéravagé par les Khmers rouges, bouleversant. L’alliance française avait monté leconcert, qui a été difficile sur un plan technique, mais s’est révéléextraordinaire en emotion.
Lollyprod, envers et contre tout 
A la tête de Lollyprod : David Stern. Ce jeunechef d’entreprise nous en dit plus sur la société qu’il a créée il y a 5 ans.Son but : produire des spectacles francophones, « un marché israélien difficilesur cette niche », confie-t-il, « nous ne sommes pas les seuls sur le créneau.Et puis, surtout, on tente de faire venir des artistes français dans uncontexte de boycott d’Israël souvent difficile. Vanessa Paradis n’a pas résistéà la pression, mais que Julien Clerc maintienne sa venue a été un grandsoulagement pour nous. Il faut savoir que ces lobbys disposent d’un véritablearsenal de communication anti-israélien, et sont très déterminés ».
Mis à part des artistes comme Patrick Bruel, Gad Elmaleh, ou Elie Semoun,proches de la communauté, les chanteurs sans lien avec Israël s’attirentsystématiquement les foudres de ces mouvements. Mais depuis l’affaire Paradis,ajoute Stern, « des soutiens sont apparus, notamment du ministère de la Cultureisraélien ».
Lollyprod a en outre été choisi par le Collège académique de Netanya pourproduire la cérémonie de remise de diplôme honoris causa à Nicolas Sarkozy. «Etre producteur en Israël dépasse les notions de régie inhérentes àl’organisation de spectacles », note Stern.
« Il existe une autre dimension ici, qui nécessite une vraie finesse du métier», explique-t-il. Et de préciser : « En gros, comment produire dans un contexteoù beaucoup veulent nous marginaliser ? Bien qu’apolitique, j’ai été obligé deme pencher sur la question. On n’a pas le choix si on veut faire ce métier.Lollyprod, pour les Français, est devenu un peu le porte-drapeau de cettehistoire de boycott. Mais Dieu est avec nous, et nous aide. Et pour la premièrefois, depuis 2008, nous allons pouvoir proposer au public francophone unesaison complète avec des artistes comme Patrick Bruel qui se produira en aoûtau parc expo, mais aussi Max Boublil. Et la rentrée sera elle aussi prometteuse! ».
Julien Clerc se produira à Tel-Aviv Le 7 juillet, à l’Opéra national d’Israël,19 Shaoul Hamelekh www.lollyprod.com Réservations : 03-658 5959