Le gouvernement iranien a pourtant fait quelques piètres tentatives pour contrôler la chute du rial.En juillet, alors que l’embargo pétrolier de l’UE entrait en vigueur, le gouverneur de la Banque d’Iran, Mahmoud Bahmani, annonçait que le pays avait accumulé 150 milliards de dollars en devises étrangères pour lutter contre les effets des sanctions. Le 24 septembre dernier, alors que la devise iranienne continuait sa chute vertigineuse, Bahmani ouvrait un nouveau centre de transactions Forex à Téhéran. Le gouvernement prévoyait d’utiliser les recettes de ses ventes de produits pétrochimiques ; et 14,5 % de ses ventes de pétrole pour fournir le centre en dollars. Son but : permettre à certains importateurs d’acheter des dollars, 2 % moins chers que le taux du change de la rue. D’après Bahmani, le centre Forex devrait permettre à la monnaie de regagner de la valeur. “Le taux de change sur le marché va baisser car une partie de la demande en dollars est gérée par le centre”, assurait-il.Selon d’autres experts, cependant, l’établissement géré par l’Etat est loin d’être capable de répondre à la demande.Mercredi, les protestations spontanées, devant le souk de Téhéran, ont obligé les autorités de la capitale à se concentrer sur un nouveau défi : empêcher l’agitation de se propager.Alors que la nouvelle des affrontements se répandait, les Iraniens ont signalé que les sites Internet de taux de change avaient été infiltrés. Apparemment, la Banque centrale leur aurait ordonné de cesser d’afficher le taux dollar-rial. Le lendemain, les principaux sites d’échanges de devises, dont Mesghals, ne mentionnaient toujours pas le cours en vigueur.D’après le gouvernement, les infrastructures et agences de communication du pays ont été victimes d’une “cyberattaque” qui a obligé le Conseil suprême du Cyberspace à “limiter” Internet.Et la radio Farda en langue persane basée aux Etats-Unis a indiqué que ses émissions avaient été, une fois de plus, bloquées en Iran ; tout comme la BBC perse.Mercredi également, le chef de la police iranienne Esmail Ahmadi Moghadam a annoncé qu’une nouvelle unité de police allait être créée pour “combattre les spéculateurs de devises”.Répercussions sur le nucléaire ? Pour certains analystes optimistes, les protestations qui agitent Téhéran pourraient s’amplifier et donner lieu à des troubles plus violents. Qui forceraient l’Iran à reculer son programme nucléaire.Mais selon un récent rapport du Groupe international Soufan, la République islamique n’est prête à aucun compromis concernant son programme nucléaire, à court terme. L’enquête prédit toutefois que d’ici la seconde moitié de l’année 2013, les sanctions provoqueront l’effondrement économique du pays et obligeront les dirigeants à faire marche arrière.L’expert Meir Javedanfar, qui enseigne au Centre interdisciplinaire d’Herzliya, estime que le fait que la monnaie iranienne s’effondre prouve clairement que les sanctions causent des dommages importants à l’économie. “Elles pourraient se transformer en une menace existentielle pour le régime”, déclarait-il cette semaine sur Bloomberg TV. En outre, note-t-il, la réaction d’Ahmadinejad ébranle encore la confiance de la population.Certes, il est possible que les Iraniens blâment l’Occident pour leurs problèmes économiques, mais il est davantage probable qu’ils tiennent le régime pour responsable de leurs tracas. L’élection controversée de 2009, qui avait permis à Ahmadinejad de conserver les rênes du pays, avait déjà sérieusement endommagé la crédibilité du gouvernement.Pour Alfoneh de l’Institut American Enterprise, la capacité du régime iranien à faire face à la crise en cours dépend de sa capacité à proposer à la classe moyenne des produits alimentaires de base à des prix stables et subventionnés.“Que l’Iran soit, ou non, en mesure d’éviter des troubles à grande échelle dépend aussi de sa capacité à gagner la course à l’armement nucléaire”, souligne enfin l’expert.La dernière carte à abattre pour la République islamique, à ses yeux : qu’elle réussisse à obtenir la bombe atomique plus tôt que prévu. “Alors le régime pourra survivre à la crise économique et aux troubles sociaux”, avertit Alfoneh.
Iran : un gâchis imperial
La monnaie en chute libre de l’Iran révèle de sérieuses fissures économiques et d’intenses rivalités politiques
Le gouvernement iranien a pourtant fait quelques piètres tentatives pour contrôler la chute du rial.En juillet, alors que l’embargo pétrolier de l’UE entrait en vigueur, le gouverneur de la Banque d’Iran, Mahmoud Bahmani, annonçait que le pays avait accumulé 150 milliards de dollars en devises étrangères pour lutter contre les effets des sanctions. Le 24 septembre dernier, alors que la devise iranienne continuait sa chute vertigineuse, Bahmani ouvrait un nouveau centre de transactions Forex à Téhéran. Le gouvernement prévoyait d’utiliser les recettes de ses ventes de produits pétrochimiques ; et 14,5 % de ses ventes de pétrole pour fournir le centre en dollars. Son but : permettre à certains importateurs d’acheter des dollars, 2 % moins chers que le taux du change de la rue. D’après Bahmani, le centre Forex devrait permettre à la monnaie de regagner de la valeur. “Le taux de change sur le marché va baisser car une partie de la demande en dollars est gérée par le centre”, assurait-il.Selon d’autres experts, cependant, l’établissement géré par l’Etat est loin d’être capable de répondre à la demande.Mercredi, les protestations spontanées, devant le souk de Téhéran, ont obligé les autorités de la capitale à se concentrer sur un nouveau défi : empêcher l’agitation de se propager.Alors que la nouvelle des affrontements se répandait, les Iraniens ont signalé que les sites Internet de taux de change avaient été infiltrés. Apparemment, la Banque centrale leur aurait ordonné de cesser d’afficher le taux dollar-rial. Le lendemain, les principaux sites d’échanges de devises, dont Mesghals, ne mentionnaient toujours pas le cours en vigueur.D’après le gouvernement, les infrastructures et agences de communication du pays ont été victimes d’une “cyberattaque” qui a obligé le Conseil suprême du Cyberspace à “limiter” Internet.Et la radio Farda en langue persane basée aux Etats-Unis a indiqué que ses émissions avaient été, une fois de plus, bloquées en Iran ; tout comme la BBC perse.Mercredi également, le chef de la police iranienne Esmail Ahmadi Moghadam a annoncé qu’une nouvelle unité de police allait être créée pour “combattre les spéculateurs de devises”.Répercussions sur le nucléaire ? Pour certains analystes optimistes, les protestations qui agitent Téhéran pourraient s’amplifier et donner lieu à des troubles plus violents. Qui forceraient l’Iran à reculer son programme nucléaire.Mais selon un récent rapport du Groupe international Soufan, la République islamique n’est prête à aucun compromis concernant son programme nucléaire, à court terme. L’enquête prédit toutefois que d’ici la seconde moitié de l’année 2013, les sanctions provoqueront l’effondrement économique du pays et obligeront les dirigeants à faire marche arrière.L’expert Meir Javedanfar, qui enseigne au Centre interdisciplinaire d’Herzliya, estime que le fait que la monnaie iranienne s’effondre prouve clairement que les sanctions causent des dommages importants à l’économie. “Elles pourraient se transformer en une menace existentielle pour le régime”, déclarait-il cette semaine sur Bloomberg TV. En outre, note-t-il, la réaction d’Ahmadinejad ébranle encore la confiance de la population.Certes, il est possible que les Iraniens blâment l’Occident pour leurs problèmes économiques, mais il est davantage probable qu’ils tiennent le régime pour responsable de leurs tracas. L’élection controversée de 2009, qui avait permis à Ahmadinejad de conserver les rênes du pays, avait déjà sérieusement endommagé la crédibilité du gouvernement.Pour Alfoneh de l’Institut American Enterprise, la capacité du régime iranien à faire face à la crise en cours dépend de sa capacité à proposer à la classe moyenne des produits alimentaires de base à des prix stables et subventionnés.“Que l’Iran soit, ou non, en mesure d’éviter des troubles à grande échelle dépend aussi de sa capacité à gagner la course à l’armement nucléaire”, souligne enfin l’expert.La dernière carte à abattre pour la République islamique, à ses yeux : qu’elle réussisse à obtenir la bombe atomique plus tôt que prévu. “Alors le régime pourra survivre à la crise économique et aux troubles sociaux”, avertit Alfoneh.