La rue égyptienne exige le départ de Morsi

C’est la plus grande vague de manifestations depuis la chute de Moubarak. Pour l’heure, le president égyptien refuse de partir.

P6 Egypte JFR 150 (photo credit: Amr Abdallah / Reuters)
P6 Egypte JFR 150
(photo credit: Amr Abdallah / Reuters)
Marée humaine. 17 millions d’Egyptiens étaientmassés dans les rues du Caire, dimanche 30 juin, pour demander la démission deMohamed Morsi, en ce premier anniversaire de l’élection du président islamiste.
Tard dans la nuit de dimanche à lundi 1er juillet, les Frères musulmans ontdéclaré que leur quartier général du Caire avait été pris pour cible par desmanifestants, qui ont lancé des cocktails Molotov et tiré à balles réelles. Desactes de violence qui confortent les Frères musulmans dans leur sentiment defaire face à un siège politique de la part des opposants libéraux et despartisans de l’ancien régime.
Le professeur Abdallah Schleifer, un éditorialiste du site Internet deal-Arabiya basé au Caire, a garanti dimanche au Jerusalem Post que Morsi necontrôle pas la police, celleci s’étant ouvertement rangée du côté desmanifestants.
« Ils ne défendront nulle part les Frères musulmans », a-t-il assuré, ajoutantque l’armée restait indépendante.
Selon les forces de l’ordre, une personne est morte et 25 autres ont étéblessées au cours d’affrontements entre supporters et opposants de Morsi à BeniSuef, à plus de 100 kilomètres au sud du Caire. Vendredi 28 juin, deux hommes,dont un juif américain, ont été tués lors de la mise à sac du bureau des Frèresmusulmans à Alexandrie, la deuxième ville d’Egypte. Bilan humain depuis ledébut du mouvement anti-Morsi : 16 morts et près de 800 blessés.
Une source militaire a recensé des manifestations de grande ampleur dans aumoins une vingtaine de villes du pays.
L’opposition pose un ultimatum à Morsi 
Dimanche, au petit matin, une foule deplus de 200 000 personnes s’est rassemblée sur la place Tahrir dans la plusgrande manifestation depuis le printemps égyptien 2011.
Un soulèvement qui avait coûté sa place au prédécesseur de Morsi, HosniMoubarak. « Le peuple veut la chute du régime ! » scandaient les manifestants.Cette fois-ci, ce n’était plus contre un dictateur vieillissant, mais contre lepremier dirigeant démocratiquement élu en Egypte en 5 000 ans d’histoire.
La plupart des Egyptiens soutiennent le mouvement. En dépit des spéculations etdes appels de certains membres de l’opposition à un coup d’Etat de l’armée, cescénario reste peu envisageable. L’opposition a néanmoins lancé l’ultimatumsuivant : la démission mardi 2 juillet à 17 heures du président ou ladésobéissance civile. « Mohamed Morsi a complètement perdu sa légitimité. Nousl’appelons à répondre rapidement à la volonté du peuple qui émane de tous lescoins d’une Egypte révolutionnaire », a fait savoir l’opposition.
A l’heure où nous mettons sous presse, 4 membres du gouvernement avaient d’oreset déjà remis leur démission suite aux manifestations. Les ministres duTourisme, de l’Environnement, des Communications et des Affaires juridiques etparlementaires ont annoncé leur départ en même temps, lundi 1er juillet.