Mohamed Merah, l’homme de l’Ouest

Le meurtrier a été abattu par les Gentils. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes... Ou alors...

moh (photo credit: Reuters)
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(photo credit: Reuters)
Le massacre des enfants à l’école juive de Toulouse Ozar Hatorah illustre avec une précision épouvantable la nature dépravée de notre époque. A priori, la situation est on ne peut plus claire. Un meurtrier s’est rendu dans une école juive et a exécuté trois enfants et un enseignant. Son président Nicolas Sarkozy en tête, toute la France a dénoncé le massacre et annoncé sa solidarité avec la communauté juive française. Les dirigeants du monde ont condamné ce crime. Le tueur a été abattu lors d’un affrontement avec les forces de sécurité françaises. Justice est faite. Affaire classée.
Mais creusons un peu plus : il apparaît que rien n’est moins simple. Le tueur, Mohamed Merah, n’était pas un meurtrier isolé. Ni même l’un de ces djihadistes solitaires dont nous avons tant entendu parler. Il avait beaucoup de complices. Et pas seulement des Musulmans.
Une question s’impose dans l’analyse de la nature du crime et de l’identité de ces nombreux complices. Pourquoi Merah a-t-il filmé son acte ? Pourquoi a-t-il pris la peine de s’attacher une caméra vidéo autour de la taille et de s’autofilmer à la poursuite d’une gamine de 8 ans, Miriam Monsonego, à travers la cour de l’école, avant de lui tirer trois balles dans la tête à bout touchant ? Pourquoi a-t-il documenté son exécution du Rav Jonathan Sandler et de ses deux petits garçons, Gavriel, 3 ans, et Arieh, 6 ans ? Première réponse : Merah était fier de tuer des enfants juifs. En outre, il était certain que des millions de personnes trouveraient une inspiration dans ces images, et voudraient l’imiter, ailleurs. Et il avait sûrement raison.
Des millions de personnes avaient déjà visionné en 2002 la vidéo de la décapitation de Daniel Pearl. Des vidéos similaires d’exécution d’otages occidentaux en Irak et ailleurs ont suscité une fascination morbide sur le net.
Dirigé par Youssef Fofana, le gang musulman qui a enlevé et torturé Ilan Halimi en France en 2006 a lui aussi pris des photos de son oeuvre, sombre plagiat du mode d’exécution de Pearl.
L’exhibitionnisme commun à tous ces criminels ne fait que renforcer l’évidence que leurs attaques ne sont pas les actions aléatoires de fous ou d’extrémistes isolés. Tous ces tueurs appartiennent à un mouvement mondial qui vise à l’anéantissement des Juifs, à l’assujettissement du monde occidental et à la suprématie de l’islam djihadiste.
Ils étaient convaincus que leurs actions serviraient les intérêts de ce mouvement et qu’ils seraient hissés au rang de héros par des millions de leurs compatriotes musulmans pour leur mise à mort d’innocents.
Le déni de l’Occident
 Cette situation est déjà souillée en soi. Mais ce qui la rend vraiment dangereuse, ce sont les réactions occidentales. Qui démontrent, en plus des crimes eux-mêmes, la nature dépravée et périlleuse de notre époque. La mort de Merah n’est en aucune façon le dénouement de toute cette affaire.
La réaction occidentale à ces crimes et à la réalité djihadiste se présente sous de nombreux aspects. Le premier : le déni. Heure après heure, Merah et ses semblables montrent à la lumière du jour qui ils sont et quels sont leurs objectifs. Et chaque fois, les élites occidentales, et même nombre de dirigeants juifs, ferment les yeux et font la sourde oreille devant leurs appels au meurtre et à la destruction de la civilisation occidentale.
Dans le cas de l’assassinat d’Halimi, par exemple, la police parisienne avait refusé de classer son enlèvement dans la catégorie du crime de haine. Même si Fofana et ses comparses avaient appelé la famille d’Halimi et récité des versets coraniques tandis qu’Ilan agonisait, la police parisienne a traité sa disparition comme un vulgaire enlèvement avec demande de rançon.
Même après qu’Ilan a été retrouvé nu sur des rails avec des brûlures de plus de 80 degrés sur son corps, auxquelles il a succombé en route vers l’hôpital, il a fallu plus d’une semaine aux autorités françaises pour admettre qu’il avait été victime d’un acte antisémite.
Ignorer et nier les desseins ouvertement exprimés par les djihadistes comme Merah n’est bien entendu qu’une partie du problème. Le deuxième aspect de la collusion occidentale avec ces tueurs n’est autre que la justification de leurs crimes par son élite.
Après avoir au premier abord porté le blâme du massacre de Toulouse sur les néonazis, lorsque les autorités françaises ont finalement identifié Merah et son appartenance djihadiste, elles ont dans la foulée fourni une justification à ses meurtres.
S’adressant aux journalistes, le ministre français de l’Intérieur Claude Guéant a donné le nom de Merah, et, simultanément, tenté d’expliquer son geste. Guéant a ainsi dévoilé que Merah, associé à Al- Qaïda, était affecté par ce qu’il a appelé l’“assassinat” d’enfants palestiniens par Israël.
Il devrait être inutile de rappeler la stricte vérité, à savoir qu’Israël n’assassine pas les enfants palestiniens. Les Palestiniens assassinent des enfants israéliens. Mais si Merah tire ses informations des médias occidentaux, il est fort probable qu’il ignore ce fait.
La chef de la politique étrangère européenne, Catherine Ashton, a été justement condamnée par les dirigeants politiques israéliens, cette semaine, pour son amalgame entre le massacre réel des enfants juifs à Toulouse et celui imaginaire d’enfants palestiniens dans la bande de Gaza. Mais elle n’est pas la seule à tenir ce genre de propos aberrants. Le président américain Barack Obama a fait le même parallèle lors de son discours devant le monde musulman en juin 2009, lorsqu’il a comparé la Shoah au traitement des Palestiniens par Israël.
L’apathie des autorités françaises
Et la limite entre ces déclarations douteuses et une vraie incitation à la haine est souvent très ténue. D’ailleurs, la télévision française, que Merah a sans doute souvent vue, est tristement célèbre pour la franchir.
C’est France 2, la première, qui avait offert la diffamation antisémite de ce siècle, en octobre 2000, avec l’histoire de la prétendue mise à mort de Mohammed Al-Dura par des soldats de Tsahal. La cour d’appel de Paris avait visionné les images inédites de la scène filmées par la chaîne française d’Etat. Les rushs montraient Al-Dura en train de marcher après voir été déclaré mort par le cameraman de France 2.
En plus de nier, justifier et inciter à la violence djihadiste, les élites et les autorités occidentales lui rendent la vie facile et, après passage à l’acte, l’excusent. Dans le cas de Merah, même si les détails sont encore mal connus, il aurait suivi une formation djihadiste d’Al-Qaïda en Afghanistan et avait déjà été appréhendé par les autorités afghanes.
Mais en dépit de ses liens avec Al- Qaïda, les autorités militaires américaines et/ou françaises avaient décidé qu’il devait être renvoyé en France, malgré le danger qu’il représentait manifestement pour la société.
Et, selon les médias, les autorités françaises savaient qu’il représentait une menace, mais n’ont pourtant pas réussi à l’arrêter. Elles savaient qu’à une reprise, au moins, Merah avait cherché à convertir à l’intégrisme un jeune Musulman de 15 ans. Et pourtant, il a été autorisé à rester en pleine liberté.
Comme la mère de l’adolescent l’a déclaré : “Toutes ces personnes devaient mourir avant qu’ils arrêtent enfin Mohamed Merah. Quel énorme gâchis. La police savait que cet individu était dangereux et intégriste. J’ai porté plainte à la police deux fois contre Mohamed Merah.”
La complicité de l’Occident avec ces crimes djihadistes ne s’arrête pas avec leur perpétration. Après avoir échoué à reconnaître qu’Ilan Halimi a été enlevé par des djihadistes qui l’ont assassiné parce qu’il était juif, les autorités françaises ont tenu le procès des assassins à huis clos.
A l’abri des regards du public, à leur premier procès, les tueurs d’Halimi ont reçu des peines excessivement légères. Fofana a été rendu admissible à une libération conditionnelle sous 22 ans. Seul le tollé des militants de la communauté juive française a conduit les autorités françaises à réouvrir un procès.
Ensemble, le comportement des guerriers djihadistes, fiers venus de l’Occident, et le silence, l’indifférence et la complicité des élites occidentales dessinent le paysage physique et moral de notre temps. Et c’est ce mixage diabolique des auteurs et des catalyseurs qui fait que la mort de Merah n’est pas une victoire de la justice.