Ode à la filiation

A l’occasion de la visite de Barack Obama, retour sur le lien entre l’actuel président des Etats-Unis et Martin Luther King.

JFR 270309 521 (photo credit: Wikipedia)
JFR 270309 521
(photo credit: Wikipedia)
La portée historique de la visite du président américain en Israël estincontestable. Au cours de son premier mandat, Obama a fait passer un messageclair, y compris aux adversaires d’Israël : les Etats-Unis soutiennent l’Etatjuif.
Face aux injustes accusations durant la campagne électorale de l’année dernièreselon lesquelles le président sortant était plus ou moins anti-israélien,l’ancien ministre de la Défense israélien, Ehoud Barak lui-même, s’est fendud’une déclaration l’été dernier : « L’administration Obama oeuvre davantage ànotre sécurité que tous ses prédécesseurs dont je puis me rappeler ». Plusimportant, le président américain répète sur tous les tons qu’il ne permettrapas à l’Iran, cet Etat génocidaire qui nie la Shoah et fait voeu de détruireIsraël, d’obtenir l’arme nucléaire. Il sera même prêt à tout, y comprisl’option militaire, pour l’en empêcher.
Obama est trop modeste pour se comparer au Dr Martin Luther King Junior. Maisil ne fait aucun doute que le dirigeant souhaite perpétuer l’héritage de LutherKing et son rêve de justice et d’égalité universelle. Le président cite souventles propos du révérend sur « l’urgence implacable de l’instant » comme l’un desmotifs qui l’ont poussé à se lancer dans sa première campagne présidentielle en2007. Il a été investi de son second mandat à la Maison Blanche le jour décrétépar les Etats-Unis comme la Journée Martin Luther King. Il a prêté serment surla Bible de King et rendu hommage au pasteur en le citant lors de son discoursd’investiture : « Notre liberté individuelle est inextricablement liée à laliberté de chaque âme sur la Terre ».
Dans ces conditions, le président ferait bien d’adopter l’inconditionnelsoutien de King à l’Etat d’Israël et de s’associer à cet héritage souventoublié. Que le premier président afro-américain des Etats-Unis rappelle aumonde l’amour et la solidarité que notre pays – symbole des droits civils – aéprouvés pour l’Etat juif, rassurerait profondément les Israéliens.
Et rappellerait également aux progressistes pro-Obama, dont le soutien à Israëldevient de plus en plus vacillant, l’argument moral en faveur de l’Etat hébreu.King a dit très clairement au cours de sa vie qu’il considérait la renaissancede l’Etat juif, après plus de 2000 ans, comme un événement inspirant ettranscendant qui donnait de l’espoir aux opprimés dans le monde entier, ycompris aux Afroaméricains, et leur permettait de rêver à leur propre liberté.
Du côté d’Israël
Durant la guerre de 1956 entre Israël et l’Egypte, il a écrit: « Quelque chose dans la nature même de l’univers pousse à se ranger du côtéd’Israël dans son combat renouvelé face à l’Egypte ». En mars 1959, après s’êtrerendu en Inde pour se rapprocher de l’héritage de son propre mentor spirituel,Mahatma Gandhi, King reprend la route des Etats-Unis en passant par la Jordanieet l’Egypte. Et se rend à Jérusalem et à Jéricho, alors encore soussouveraineté jordanienne.
Même si les Jordaniens refusent de le laisser pénétrer dans le quartier juif dela Vielle ville à Jérusalem, King évoquera souvent sa grande émotion à seretrouver dans la Ville sainte et en Terre sainte.
Le révérend a le vif souhait d’y retourner au cours des années suivantes. Fin1966, il concocte un plan qui aurait pu lui permettre d’accomplir son désir et,plus important encore, l’aider à bâtir un plan de paix entre l’Etat hébreu etses voisins. En novembre, Andrew Young se rend en Israël et en Jordanie au nomde King afin de négocier un pèlerinage pour lui et 5 000 fidèles. Les deuxgouvernements acceptent de coopérer pour la construction d’un amphithéâtre surle lac de Tibériade depuis lequel le leader pourrait tenir un discours.
Comme l’a écrit Young plus tard : « Martin Luther King aurait pu changerl’histoire de la région en prouvant à quel point tout le monde avait à gagneren travaillant ensemble ». Tragiquement, ce beau projet n’aura jamais lieu. Enmai 1967, le président égyptien Gamal Abdoul Nasser fait fermer le détroit deTiran aux navires israéliens et déploie ses troupes dans le Sinaï, enclenchantune série d’événements qui mènent rapidement à la guerre des Six Jours, audébut du mois de juin.
Juste avant le début de la guerre, face à certains radicaux des « Je considèreIsraël comme l’un des plus grands avant-postes démocratiques du monde. » -Martin Luther King « Notre liberté individuelle est inextricablement liée à laliberté de chaque âme sur la Terre ».
(Reuters) (Wikipédia) mouvements des droits civiques qui s’identifient haut etfort avec le camp arabe, King prend clairement position. Il cosigne une lettreouverte au président Lyndon Johnson dans le New York Times avec le philosopheReinhold Niebuhr et l’évêque de Washington, Stephen Gill Spotswood, appelantles Etats- Unis à honorer leurs engagements face à Israël.
Enfin, en mars 1968, quelques semaines seulement avant d’être assassiné, MartinLuther King prononce l’un de ses plus ardents discours en faveur de l’Etat juifà la convention de l’Assemblée rabbinique d’Amérique. Et de déclarer : « Jeconsidère Israël comme l’un des plus grands avantpostes démocratiques du mondeet un merveilleux exemple de ce qui peut être fait, comment une terredésertique peut être transformée en une oasis de fraternité et de démocratie.La paix, pour Israël, signifie la sécurité, et cette sécurité se doit d’êtreréelle ».
En tant que fervent soutien du président Obama et de l’Etat d’Israël, j’exhortele président américain à se saisir de cette merveilleuse opportunité qu’auraété sa visite à Jérusalem pour invoquer et célébrer le soutien passionné deMartin Luther King pour l’Etat juif.