Mercredi noir

Quatre décisions anti-israéliennes en une journée au sein de l’Union européenne

Mercredi noir (photo credit: REUTERS)
Mercredi noir
(photo credit: REUTERS)
Difficile mercredi pour la diplomatie israélienne. En une seule journée, le 17 décembre, le Parlement européen a voté une version adoucie d’une résolution de reconnaissance d’un Etat palestinien ; le Parlement luxembourgeois a reconnu la Palestine ; les Etats membres de la Convention de Genève se sont réunis pour convenir de plusieurs résolutions à l’encontre d’Israël ; et le système judiciaire européen a retiré le Hamas de sa liste des organisations terroristes.
A une majorité de 498 contre 88, et 11 abstentions, le Parlement européen a donc apporté son soutien de « principe » à la reconnaissance de l’Etat palestinien. Deux bémols. D’abord – contrairement au Parlement luxembourgeois le même jour, et à ses voisins français, britannique, portugais, espagnol et irlandais, ces dernières semaines – les Européens ont conditionné la reconnaissance d’un Etat palestinien à l’émergence d’une solution négociée avec Israël. Ensuite, la décision européenne n’est pas contraignante. Elle représente néanmoins une énième victoire symbolique pour les Palestiniens.
Au même moment à Genève, les représentants de 126 Etats ont rappelé l’obligation de respecter le droit international humanitaire dans les territoires palestiniens, y compris Jérusalem-Est. Un message jugé biaisé par Israël, qui a boycotté la réunion et dénoncé la « politisation des Conventions de Genève ». « Que la réunion de cette conférence soit le résultat d’une pression arabe, d’une fausse interprétation des Conventions de Genève, du désir de faire pression sur Israël en cédant à un diktat politique ou pour tout autre motif, cela ne servira qu’à protéger davantage des groupes terroristes visant des civils et utilisant leurs propres civils comme boucliers humains », a réagi le gouvernement israélien dans un communiqué.
Car, pendant qu’en Suisse, on appelait à enquêter sur les crimes de guerre commis par Israël, au Luxembourg, on retirait le Hamas de la liste des organisations terroristes… Soulevant la colère du Premier ministre Benjamin Netanyahou : « Il semble que trop de gens en Europe, un continent sur lequel 6 millions de juifs ont été massacrés, n’ont rien appris de l’histoire. Mais nous en Israël, nous avons appris nos leçons. Israël continuera de défendre son peuple et son pays », a-t-il déclaré.
Et cela aurait pu être pire. La proposition de résolution palestinienne – qui exige le retrait israélien sans condition des frontières de 1967 sous un délai de deux ans – devait être discutée le même jour au conseil de sécurité des Nations unies. Le débat n’a finalement pas eu lieu. Les Etats-Unis menaçant d’imposer leur veto. La France tentant d’assouplir les requêtes palestiniennes. Mais le train palestinien semble bien avoir quitté le quai. Mahmoud Abbas poursuit son offensive diplomatique. Prochaine étape : rejoindre des institutions onusiennes et traîner Israël devant la Cour pénale internationale de la Hague.
Blanchir la liste : une erreur « procédurale » amène l’UE à retirer le Hamas de sa liste des organisations terroristes
C’est avec un timing impeccable, que la Cour de justice européenne a corrigé cette semaine une « injustice administrative » qui avait « placé par erreur » le Hamas sur la liste des organisations terroristes, au moment même où le Parlement européen adoptait une résolution reconnaissant « en principe » l’Etat Palestinien.
A Gaza, le Hamas a enregistré une victoire, ignorant délibérément les déclarations de la Cour : le déclassement du mouvement est une question de procédure qui n’aura aucun effet en pratique. La motivation de cette décision est en effet purement administrative : l’inscription du Hamas sur cette liste en 2001 s’était faite uniquement sur la foi d’informations médiatiques, de façon non conforme aux procédures européennes. La décision est en réalité en suspens pour trois mois, laps de temps durant lequel les autorités des pays membres pourront faire appel et soumettre des preuves de l’activité terroriste du Hamas (ce que plusieurs pays ont déjà commencé à faire), ce qui permettra de réinscrire l’organisation sur la liste noire. Les avoirs du Hamas dans l’Union européenne resteront gelés durant cette période.
Le besoin soudain qu’a la Cour européenne de régulariser sa comptabilité vis-à-vis d’une des organisations terroristes les plus célèbres, dans un monde qui lutte chaque jour sur tous les continents contre le fléau du terrorisme, laisse plusieurs questions en suspens. La Cour devrait probablement être encensée pour son attachement à la justesse des procédures, mais pourquoi choisir de polir l’image du Hamas en répondant à son appel (vieux de quatre ans) contre son inscription sur cette liste ? Est-ce dans cette direction que l’offensive (car il s’agit bien d’une offensive) diplomatique palestinienne nous amène, non vers la reconnaissance d’un Etat mais vers la dévaluation du terrorisme ? Y a-t-il vraiment un seul juge dans cette Cour qui ait besoin de plus de preuves que le Hamas est un groupe terroriste ? La Cour n’est-elle pas au courant que le Hamas a récemment lancé plus de 4 000 roquettes sur des civils israéliens ? Que, ce faisant, il s’est servi de sa propre population comme d’un « bouclier humain » ? Que ses militants ont, en juin dernier, kidnappé et assassiné trois adolescents israéliens ? Qu’un autre des « martyrs saints » de l’organisation est mort en novembre après avoir massacré cinq personnes dans une synagogue ?
Pour rappel, la décision d’inscrire le Hamas sur la liste noire avait été prise en 2003, en réaction au meurtre de 23 personnes dans une attaque à la bombe d’un bus à Jérusalem. Les Israéliens n’ont plus besoin de preuves. Comme l’a rappelé le Premier ministre Benjamin Netanyahou : « Nous attendons que le Hamas soit immédiatement réinscrit sur cette liste où tout le monde sait qu’il a sa place. Le Hamas est une organisation terroriste meurtrière qui affirme son but dans sa charte : la destruction d’Israël. Nous continuerons à le combattre fermement et avec détermination afin qu’il ne puisse jamais réaliser son objectif. »
Un combat qui s’annonce encore plus difficile pour Israël si cette décision est le signe d’un changement dans la politique européenne. Car certaines voix au sein de l’UE mettent en doute la position occidentale, c’est-à-dire le refus de négocier avec le Hamas tant que celui-ci ne reconnaît pas Israël, ne dépose pas les armes et ne se conforme pas aux accords déjà signés. Ces hommes politiques, fonctionnaires et responsables européens sont en fait motivés par un sentiment anti-israélien (pour ne pas dire antisémite) et une croyance naïve (et politiquement correcte) au bon vouloir palestinien.
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