Un survivant souriant

Yehouda Glick a miraculeusement survécu à une tentative d’assassinat fin octobre. Avec force et conviction, il ne se départ pas de son sens de l’humour

Yehouda Glick escorté par sa femme Yafi et ses fils à sa sortie de l'hôpital le 24 novembre (photo credit: MARC ISRAEL SELLEM)
Yehouda Glick escorté par sa femme Yafi et ses fils à sa sortie de l'hôpital le 24 novembre
(photo credit: MARC ISRAEL SELLEM)
Cette année, à Hanoucca, la famille Glick a célébré son miracle personnel : la survie du rabbin Yehouda Glick après une tentative d’assassinat le 29 octobre dernier. Une survie qui pourrait aussi faire écho à un autre miracle : celui incarné par son légendaire homonyme – Yehouda (Juda) Maccabée – qui, il y a 2 000 ans, rétablissait la souveraineté juive et la liberté de culte au mont du Temple.
Quelques jours avant Hanoucca, et sept semaines après les coups de feu devant le centre Menahem Begin à Jérusalem, la maison de Glick respire la joie et l’optimisme. « Il ne se passe pas un seul jour sans que je remercie Hachem [Dieu] pour ses miracles », déclare Yehouda Glick.
Son épouse, Yafi, se joint à l’interview par intermittence. Elle raconte comment le fait que son mari ait échappé de peu à la mort a incité un athée total, hospitalisé comme lui à Chaarei Tsedek, à déclarer : « Je vais, moi aussi, me rendre au mont du Temple ».
Les Glick ont quitté leur domicile d’Otniel et établi, temporairement, leur résidence dans la capitale, le temps que Yehouda se rétablisse. Des croûtes apparaissent sur sa main, sous le plâtre de son bras gauche. Il porte le même haut de pyjama que sur les photos affichées sur le web.
« La manufacture de pyjamas devrait me payer des millions de dollars pour toute la pub que je leur fais », plaisante-t-il en posant pour un énième cliché.
J’ai rencontré Glick l’été dernier quand il m’a fait visiter le mont du Temple, en prévision d’une parodie musicale de Let the River Run de Carly Simon, un clip qui célèbre le retour des juifs à Jérusalem. Bien que je chante en solo, en jeans et en T-shirt, contrairement aux lois juives sur la pudeur, il n’a pas hésité à promouvoir la vidéo sur sa page Facebook et m’a défendue contre les accusations d’inconvenance que cela a suscité. Nous sommes restés en contact depuis.
Un sacré numéro
A l’époque, il se comportait avec tout le décorum solennel approprié au lieu le plus saint du judaïsme et à la surveillance omniprésente de la sécurité. La police israélienne, ainsi que des représentants en civil du trust religieux musulman du Waqf jordanien, observent depuis longtemps ses moindres mouvements. Quand il se rend à l’emplacement du Saint des Saints, situé – selon une certaine opinion – à l’intérieur de l’actuel Dôme du Rocher, un groupe de musulmans forme un quorum de prière à côté de lui et tente de noyer ses explications sous leurs chants. Certains d’entre eux, s’empresse de souligner Glick, ont leur origine dans la liturgie juive, comme l’appel à adorer un Dieu unique.
Mais rien ne semble le faire taire. Pas même les derniers événements. « Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais je viens de subir une tentative d’assassinat », répond-il, malicieux, quand je lui demande comment il va.
Ses parents sont venus de Beersheva lui rendre visite. Il est clair que le fils a hérité du sens de l’humour de son père. Quant à ses cheveux roux flamboyants, sa marque de noblesse, ils restent, en revanche, un mystère : le Pr Shimon Glick arbore une belle barbe blanche et Brenda porte une perruque.
« Ça a toujours été un sacré numéro », souligne Glick père en parlant de son fils. Plus tôt cette année, le Pr Glick, doyen émérite de la Faculté des sciences de la santé à l’université Ben-Gourion du Néguev, a reçu le Prix Bonei Sion pour l’ensemble de ses réalisations, une récompense accordée aux immigrants occidentaux pour leur contribution exceptionnelle à l’Etat hébreu. Lui et sa femme ont immigré en Israël depuis Brooklyn quand Glick junior avait huit ans.
« Aujourd’hui, mon titre de gloire est d’être le père de Yehouda ».
Les parents se souviennent de lui comme d’un enfant espiègle, drôle et généreux – un « petit futé ». Il l’est toujours. Par exemple, raconte le professeur, quand Brenda se plaint de la chemise sale de Yehouda, celui-ci réplique : « Elle est juste 1 % sale et 99 % propre. Pas mal, non ? »
Il s’avère aujourd’hui que Glick a déjoué involontairement les plans de celui qui voulait sa mort. Blessé physiquement à 20 %, et en bonne santé à 80 %. Pas mal.
En fait, il s’en tire plutôt bien, compte tenu que quatre balles, tirées à bout portant, sont passées à côté de tous les organes essentiels : membres, veines, artères et nerfs. Il devrait se remettre complètement sur pieds d’ici six mois, à condition de mener à son terme la physiothérapie.
Au cours de l’interview cependant, Glick s’allonge sur le canapé, fatigué, et poursuit le reste de notre conversation à l’horizontale, blotti sous une couverture. Il met son humour de côté lorsqu’il évoque la nuit où il s’est fait tirer dessus et ses conséquences sur l’avenir politique, religieux et spirituel du mont du Temple.
Couverture médiatique
Quand l’agresseur casqué arrête sa moto devant le centre Begin, ce mercredi soir, Glick ne remarque pas le pistolet. C’est, suppose-t-il, quelqu’un qui veut discuter de son travail en faveur de la liberté de culte juif sur le mont du Temple, le sujet de son discours à la conférence qui vient de s’achever.
« Je n’ai pas ressenti de douleur, et je n’imaginais pas être en danger de mort », se souvient-il. « Mais mon ami, à côté de moi, s’est mis à crier, “Rabbi Yehouda, restez avec nous ! Nous avons besoin de vous.” J’ai alors réalisé que j’étais peut-être en danger. »
Quand il se réveille d’un coma induit de 10 jours, il pense que deux jours à peine se sont écoulés. « Mon premier souvenir remonte au vendredi soir. Mon fils était là, debout près de mon lit, et me chantait des chants de Shabbat. » Il est sous le choc quand il apprend qu’il a été inconscient pendant 10 jours.
Leader de l’organisation Haliba pour la défense de la liberté et les droits civiques des juifs sur le mont du Temple et figure emblématique d’un mouvement grandissant de plaidoyer pour le mont du Temple, Glick était la cible d’extrémistes musulmans depuis un certain temps.
« Nous étions tout le temps inquiets à ce sujet », explique sa mère. « Nous savions que ça allait arriver. » Mais ses parents n’ont pas essayé de l’arrêter. « C’est un grand garçon », ajoute son père.
Alors qu’il subit de multiples interventions chirurgicales, Glick fait les gros titres des journaux dans le monde entier. Sa tentative d’assassinat ouvre plus de discussions et de débats enflammés sur les droits politiques, civils et religieux juifs sur le mont du Temple que ses visites persistantes ne l’ont fait jusque-là. Certains médias ont été prompts à taxer Glick de « militant d’extrême-droite » (The Guardian) et d’« agitateur » (The New York Times), au grand dam de ses partisans.
Glick préfère le titre de « militant des droits de l’homme », mais la couverture médiatique ne le dérange pas (de ce qu’il a réussi à lire, en tout cas).
« En fait, j’ai été plutôt positivement surpris par certains des articles que j’ai lus », affirme Glick. « Je pense que la presse était sympathique, même en faveur de mes activités. Il me semble qu’ils ont rendu une image fidèle. »
Vous avez dit extrémiste ?
Suite à la conquête du mont du Temple, au cours de la guerre des Six Jours, l’establishment politique israélien, après avoir consulté les autorités rabbiniques, maintient le contrôle administratif du Waqf sur l’esplanade, ou « Noble Sanctuaire » pour les musulmans. Les contrôles de sécurité sont placés sous la responsabilité d’Israël. La mosquée al-Aqsa est considérée comme le troisième lieu saint de l’islam. Les visiteurs juifs ne peuvent accéder à l’esplanade qu’à travers une seule porte, à des heures limitées, tandis que les musulmans ont un accès libre au site à partir de 11 portes. La police interdit aux juifs de prononcer des prières ou de transporter des objets religieux sur le mont.
Au fil des ans, les visites juives du mont du Temple se sont multipliées et ont gagné le grand public. Ce n’est plus l’apanage d’un groupe marginal qui cherche à faire exploser le Dôme du Rocher. Alors que le Grand Rabbinat interdit l’ascension pour motifs religieux, d’éminents rabbins prennent de plus en plus une position indulgente sur la question. Ils autorisent la visite du mont du Temple, à condition que les préparatifs rituels soient respectés, comme l’immersion préalable dans un mikvé.
Les critiques considèrent souvent les visites axées sur la sensibilisation au mont du Temple comme une provocation – une allumette pour mettre le feu aux poudres – comme en témoigne la recrudescence de violence dans la capitale au cours des dernières semaines. Glick rejette l’idée d’incitation à la violence, mais admet une certaine forme d’« extrémisme ». « Je suis extrémiste dans ma confiance en l’être humain, dans les droits de l’homme. J’ai reçu cela dans l’ADN de mes parents. Je suis extrémiste dans mon ouverture d’esprit vis-à-vis des opinions différentes. »
Il avait invité Aviv Tatarsky, chercheur à Ir Amim, pour fournir un contrepoint à son discours la nuit de sa tentative d’assassinat. Ir Amim est une ONG dont le slogan est un engagement pour « une Jérusalem équitable et stable avec un avenir politique concerté ».
Un problème politique
« Yehouda m’a demandé sur place de dire quelques mots », déclare Tatarsky par courriel. « Je n’étais pas invité officiellement. Je n’ai pas eu le temps de me préparer et n’ai fait qu’une brève intervention. » Il y a un an et demi, Glick a été invité à s’exprimer lors d’une conférence d’Ir Amim.
« J’ai été choqué d’entendre que Yehouda Glick a été la cible d’une attaque », poursuit Tatarsky. « Il va sans dire qu’indépendamment de ses visées sur le mont du Temple, rien ne peut en aucune manière justifier la violence. »
Il estime que la politique israélienne devrait tenir compte des conséquences dramatiques que risque d’entraîner toute forme d’activité autour du mont. « Mais en tout premier lieu, il nous faut tenir compte de la violence dont nous sommes responsables. Changer le statu quo sur le mont du Temple sans l’accord des Palestiniens et alors que l’occupation en Cisjordanie se poursuit relève de la catégorie de “violence systématique” : la violence de l’Etat. »
Le mont, selon lui, doit être considéré dans le contexte du conflit israélo-palestinien au sens large. « C’est en fait un problème politique, à résoudre par des négociations, et non une question liée aux droits de l’homme. Les questions de souveraineté et de prière ne sont pas deux questions distinctes pour les mouvements militants du mont du Temple. Ce sont des sentiments nationalistes qui alimentent ces mouvements. Il y a à peine 18 mois, ils ont décidé que, pour gagner les faveurs du public, il leur faut cacher leurs véritables motifs et se concentrer sur la question de la prière », écrit Tatarsky.
Tolérance religieuse
Si Glick affirme clairement son désir de souveraineté israélienne sur le mont du Temple, c’est comme moyen pour parvenir à la liberté religieuse. Israël est le seul pays du Moyen-Orient avec un bilan positif en matière de tolérance cultuelle.
« Notre objectif est d’attirer autant de juifs et de non-juifs que possible sur le mont du Temple, afin de faire pression pour obtenir la liberté de prière pour tous là-bas. Les juifs devraient faire partie du paysage naturel sur le mont, qui devrait être le centre de la tolérance religieuse dans le monde et un lieu de prière pour toutes les nations. »
Glick est impatient de revenir au mont du Temple, mais il doit attendre de récupérer complètement ainsi que la permission de la police.
Il entretient des relations mouvementées avec la police israélienne. Au cours de l’année écoulée, il a entrepris deux grèves de la faim pour protester contre une décision policière qui lui interdisait l’entrée au lieu saint. Il a entamé des poursuites contre les pratiques policières discriminatoires auprès de la Cour suprême et a gagné. Il a reçu 30 000 shekels de dommages et intérêts pour deux arrestations injustifiées. Mais les tribunaux ont récemment rejeté un appel de lever son interdiction de se rendre sur place, après ce qu’il affirme être une fausse accusation. Une musulmane lui reproche en effet de l’avoir bousculée, ce qui lui aurait causé une fracture bras.
« Le mont du Temple est le centre de ma vie ; c’est le cœur de mon cœur, le cœur de mon peuple. Mais mon objectif majeur n’est pas que Yehouda Glick puisse se rendre sur le mont, mais que des centaines de milliers de juifs puissent s’y rendre. »
Le Troisième Temple
Ce qui soulève la question : comment la tentative d’assassinat a-t-elle affecté la détermination de ses collègues et partisans ? Est-ce un tournant qui va lui permettre de réaliser son rêve ou au contraire le mettre en veilleuse ?
Le Rav Haïm Richman, collègue de Glick et directeur international de l’institut du Temple, que Glick a dirigé de 2005 à 2009, n’a pas dévié de ses visites régulières deux fois par semaine au mont, bien qu’il soit la cible de groupes musulmans radicaux. Par mesure de précaution, il se promène armé.
L’institut s’est donné pour mission de préparer l’avènement du Troisième Temple. Pour cela, ils ont entrepris de recréer les ustensiles utilisés dans le Beit Hamikdash (Temple) et d’établir des plans architecturaux. L’éducation sur le sujet permet de replacer les faits dans leur contexte et de concrétiser un sujet abstrait. « Nous nous efforçons de redresser un tort historique. L’establishment laïque et religieux a, en effet, persuadé plusieurs générations d’Israéliens que nous n’avons aucun lien avec cet endroit », explique-t-il dans un entretien téléphonique. Pour lui, la recrudescence des tensions, côté musulman, dérive de la banalisation de l’ascension juive.
Selon Richman, la reconstruction du Troisième Temple n’est pas une « visée extrémiste », mais se trouve bien au cœur du judaïsme traditionnel, comme le prouvent les prières quotidiennes pour Jérusalem dans la liturgie juive.
« La question est de savoir comment cela va se produire. Ce que nous enseignons, c’est que cela ne se fera pas par la confrontation. Au contraire, quand les juifs apporteront la lumière dans le monde, les nations elles-mêmes viendront nous demander de construire le Temple. »
Spray au poivre
L’été dernier, Glick m’a présenté Sarah Lurçat, membre du mouvement populaire laïque des Etudiants pour le mont du Temple, constitué d’un groupe diversifié de jeunes universitaires qui se rend régulièrement sur les lieux.
Lurçat apparaît dans mon clip, facilement repérable à ses cheveux blond foncé. Elle a partagé avec moi une liste de pages Facebook, en arabe, qui la prennent pour cible et la désignent comme personne à abattre. Elle les a jointes à la plainte qu’elle a déposée à la police.
Etudiante en maîtrise de résolution des conflits à l’Université hébraïque, elle se définit comme pratiquante, mais s’accorde toutefois certaines libertés religieuses. Elle a fini par renoncer à la procédure de purification rituelle nécessaire pour monter sur le mont du Temple, car elle estime que la justesse de la cause l’emporte sur ces considérations halakhiques.
Lurçat a visité le mont pour la première fois il y a un an. « C’est alors que j’ai découvert quelle expérience humiliante cela constitue pour les Juifs. Comme ils nous crient dessus, ne nous laissent pas bouger, ne nous laissent pas prier. La police nous entoure… J’ai compris qu’il y avait ici un réel problème. »
Son combat se veut une lutte pour défendre les valeurs démocratiques. « Nous voulons que le lieu soit ouvert à tous, comme ce devrait être le cas dans un pays démocratique. »
L’attaque contre Yehouda Glick n’a fait que renforcer sa détermination. « Même si c’est difficile, dangereux voire effrayant, le mouvement est juste et il faut bien que quelqu’un monte au créneau. »
Quand elle sort, elle regarde régulièrement par-dessus son épaule, prête à brandir son spray au poivre, plutôt pessimiste quant à la protection de la police. Après la fusillade dont Glick a été victime, elle a temporairement suspendu son compte Facebook à la demande de ses parents inquiets.
D’autres voix appellent sans vergogne à la souveraineté juive sur le mont du Temple.
Women for the Temple, un mouvement populaire soutenu par Glick, a été fondé pour animer des ateliers et des visites spéciales pour les femmes qui veulent se rendre sur le mont, car celles-ci doivent suivre un rituel de purification plus spécifique en la matière. Une des membres, Tziporah Piltz, se dit encouragée par l’intérêt accru pour leur travail, suite à la tentative d’assassinat. Pour elle, il n’est pas seulement question de liberté de culte. Elle espère que le Troisième Temple finira par remplacer le Dôme du Rocher.
« Le lieu le plus sacré pour notre peuple est occupé par les musulmans. On ne peut certainement pas envisager de présence conjointe sur place. Comment cela va changer, je n’en sais rien. C’est entre les mains de Dieu. »
Glick espère que les défenseurs du mont du Temple ne vont pas se laisser intimider par les menaces de mort ou l’attentat à sa vie. « Regardez, les Arabes n’ont pas apprécié la création de l’Etat. 6 000 soldats ont été tués pendant la guerre d’Indépendance. Faut-il pour cela supprimer Israël ? On ne peut pas abandonner. »
Le droit de se plaindre
Micky Rosenfeld, porte-parole de la police, se refuse à commenter les plaintes spécifiques déposées par des militants du mont du Temple – menaces des Arabes contre les Juifs, et vice versa. « Un grand nombre de menaces circulent sur les médias sociaux, et ces menaces sont prises au sérieux », déclare-t-il. « Des enquêtes sont en cours. »
Quant au mont lui-même, la police israélienne continue de coordonner la sécurité avec le Waqf pour prévenir les incidents violents. « Il n’y a aucun changement en termes de statut du mont du Temple. »
Récemment, deux Israéliens y ont déchiré leurs vêtements en signe de deuil et ont été évacués. De même, un groupe de musulmanes décidées à harceler les visiteurs juifs s’est vu barrer l’entrée du site.
« Tout au long de leur visite, la police israélienne escorte les personnes présentes pour les protéger et éviter tout incident, mais également pour répondre à toute violence arabe sur le site », déclare Rosenfeld.
Glick reste cependant persuadé que la négligence de la police a ouvert la voie à son agresseur. Quelques heures après l’attaque, les forces de sécurité ont acculé le principal suspect, Moataz Hejazi, 32 ans, membre du Djihad islamique, tué au cours de la fusillade qui s’en est suivie.
« Ils me savaient sous la menace. Au lieu de l’empêcher, ils ont, de plusieurs manières, encouragé sa mise à exécution. Ils m’ont diabolisé et ont essayé de me faire passer pour un provocateur. »
Hejazi avait été enfermé dix ans dans une prison israélienne, pour activité terroriste, et malgré tout, il a réussi à décrocher un emploi au restaurant du centre Begin.
« La police israélienne mène une enquête conjointe avec le Shin Bet (le service général de sécurité) sur la tentative d’assassinat de Yehouda Glick », déclare Rosenfeld.
Pourrait-il exister une raison cachée à cet assassinat manqué – un motif supérieur ? « Je ne suis pas le porte-parole de Dieu. J’ignore pourquoi il m’a sauvé », répond Glick. « Mais il y a quand même deux choses que je peux affirmer : d’abord, si à Dieu ne plaise, j’avais été assassiné, cela aurait représenté un très grand hilloul Hachem (profanation du nom de Dieu)… le fait que les Arabes tuent quelqu’un qui a consacré sa vie au mont du Temple de Dieu. » « D’autre part, le fait que Dieu m’a sauvé – j’ignore quelle en est la raison – signifie qu’il me reste une mission à accomplir. Je ne peux que prier pour réussir à promouvoir Sa cause, à réaliser ce qu’Il attend de moi. »
Souffrant visiblement et exténué, Glick met fin à l’interview. « J’ai le droit de me plaindre », plaisante-t-il en conclusion, sur un dernier éclat de rire.
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