Toute la vérité sur la Judée-Samarie

Cette région est bien le cœur historique du peuple juif où ont vécu nos Patriarches

Une vue générale d'Ariel, en Judée-Samarie (photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)
Une vue générale d'Ariel, en Judée-Samarie
(photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)
Le monde l’appelle Cisjordanie, territoires occupés ou disputés. Les Palestiniens en revendiquent la propriété et veulent en faire le territoire de leur futur Etat. Les médias la décrivent comme une poudrière et le théâtre de tous les affrontements. Quant aux gouvernements étrangers, ils ne cessent de pointer un doigt accusateur sur les implantations israéliennes, et tiennent les « colons » juifs comme seuls responsables du blocage des négociations de paix entre Jérusalem et Ramallah. Si bien qu’aujourd’hui, cette bande de terre est au centre du plus important litige foncier du monde.
Le terme de Cisjordanie, relativement récent, est apparu il y a moins de 70 ans. Auparavant, la région était connue de tous comme la Judée-Samarie. Ce n’est qu’en 1948, au cours de la guerre d’Indépendance, que les Jordaniens ont envahi, puis annexé la région, la renommant « Cisjordanie » (West Bank – rive ouest –- en anglais, par opposition à la rive est du Jourdain).
A première vue, peu de choses semblent justifier toute l’attention internationale dont la région fait l’objet. Ce territoire rocailleux et longtemps stérile s’étire sur moins de 6 000 km2, des rives de la mer Morte à celles du Jourdain, et s’insinue sur quelques kilomètres à l’intérieur des terres en direction de la Méditerranée. 2 780 000 Palestiniens environ peuplent les grandes villes comme Bethléem, Djénine et Jéricho, tandis que 350 000 à 400 000 juifs considèrent les localités de Kiriat Arba, Beit El, Shiloh et les autres comme leur maison.
Bien des années avant que les armées jordaniennes s’emparent de ce territoire, des siècles avant que les Palestiniens tentent de forcer les lignes de leur passé sur cette terre qui ne porte aucun témoignage de leur passage, et des millénaires avant qu’elle devienne un contentieux en tête d’agenda des instances internationales, la région n’était connue que pour être le cœur biblique de la nation d’Israël.
Son nom n’est pas usurpé. Yehouda VeShomron, comme elle se nomme en hébreu, constitue le décor de 80 % des événements relatés dans la Torah. Ses ruines, villages, collines et vallées ont été arpentés et chéris par les patriarches, ont été la patrie des prophètes, les champs de bataille des juges bibliques et le siège des trônes des puissants rois d’Israël. Chaque pierre et chaque sillon de cette région portent les empreintes de l’histoire biblique du peuple juif.
Le monde d’aujourd’hui demeure prisonnier d’une rhétorique monolithique sur le sujet et reste fermé à tout débat sur le narratif, la propriété et le nom même du cœur biblique d’Israël. Mais si l’on veut bien passer outre les discours de victimisation palestinienne encouragés par le mouvement BDS et les médias internationaux, l’histoire de la Judée-Samarie est somme toute assez simple. Dès lors que l’on considère les événements, les endroits et les personnages qui se sont assemblés pour former cette histoire, la parcelle foncière la plus controversée sur cette planète devient la moins contestée.
Et je donnerai cette terre
L’Histoire mêle de façon inextricable les chroniques de la Judée-Samarie et celles de l’ancien Israël. La première sert de décor dans lequel se joue l’histoire du second. Ainsi la Bible nous présente-t-elle la région au moment même où elle évoque celui qui est destiné à devenir le père du peuple juif.
Il y a 4 000 ans, Dieu fait appel à Abraham, originaire d’Ur en Chaldée, afin de fonder une nation. Mais cette promesse s’accompagne d’une condition : celui-ci doit empaqueter ses affaires et s’installer là où Dieu lui dira d’aller. « L’Eternel dit à Abram : “Va-t’en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai” (Genèse). Abraham respecte l’injonction divine et quitte sa maison pour la terre de Sa promesse. L’histoire se poursuit ainsi : « Ils sont arrivés en terre de Canaan. Abraham a parcouru le pays jusqu’au lieu nommé Sichem, jusqu’au chêne de Moré. »
Plus de quatre millénaires après qu’Abraham ait posé le pied sur la Terre promise, les lieux mentionnés dans ce verset font partie de la réalité de l’Israël moderne – et plus spécifiquement de la Judée-Samarie. Elon More (le chêne de Moré) est une implantation bien actuelle de Samarie qui abrite environ 2 000 personnes, située sur le mont Kabir, à l’est de Shechem (Naplouse). Il s’agit de l’endroit exact où Abraham a installé son camp pour passer ses premières nuits en Terre promise. Et c’est bien là encore, à Elon Moré, que le père du peuple juif a entendu le Tout-Puissant lui dire, « Je donnerai cette terre à tes descendants » (Genèse XII, 15).
David Haivri, conseiller en affaires internationales du président du conseil de Samarie, vit depuis 25 ans sur les collines de Samarie, dans un village près d’Elon Moré. Selon lui, une grande partie de la communauté internationale ignore la signification de la terminologie, de la géographie et de l’histoire de la Judée et de la Samarie. « Beaucoup de gens ne font simplement pas le lien entre l’histoire et les endroits dont ils ont entendu parler dans la Bible, et les événements et les lieux dont parlent les journaux. » C’est cette ignorance du contexte spécifique de la région qui manque au monde pour comprendre ce que cette dernière représente et ce qui s’y passe. C’est pourquoi David Haivri pense qu’il est si important que les gens visitent la Judée-Samarie afin d’être à même de confronter ce que décrivent les médias, les politiciens, les organisations pour la paix et les Palestiniens, avec le narratif biblique.
Durant la majeure partie de leurs vies, Abraham, Isaac et Jacob ont vécu en Judée-Samarie. Hébron, située dans les montagnes de Judée, est le lieu de repos des patriarches et des matriarches ; c’est dans les plaines de Shechem que les frères de Joseph l’ont vendu en esclavage ; et c’est bien là-bas que Josué a mené la nation naissante, tout juste sortie d’esclavage.
Plus tard, c’est sur les pentes rocheuses de Samarie, à Shiloh, que le peuple d’Israël s’est rassemblé afin d’y établir le Tabernacle où il est demeuré durant 369 ans. Là aussi que Dieu a entendu la prière silencieuse de Hanna, et qu’Il a créé un siège pour son fils Samuel d’où il a dirigé la nation. C’est aussi dans les champs près de Bethléem, que Boaz a remarqué pour la première fois une jeune femme de Moav qu’il a ensuite pris pour femme ; Ruth est devenue l’arrière-grand-mère du souverain d’Israël le plus célèbre, le roi David, qui faisait paître ses troupeaux dans les pâturages de Judée avant que Samuel annonce au nom de Dieu que le jeune garçon roux serait le prochain dirigeant de la nation. David a régné à partir de Hébron, avant d’installer la capitale d’Israël à Jérusalem.
C’est également depuis la Judée que les prophètes Isaïe et Jérémie ont prévenu de la guerre et de la destruction. Lorsque leurs prophéties se sont réalisées, le peuple de Judée a été exilé à Babylone pour ne revenir que 70 ans plus tard. « Si les chrétiens ont connaissance de ces événements à travers la Bible, pour le peuple juif, il ne s’agit de rien de moins que des chroniques de son passé. La Judée-Samarie est le noyau dur de notre histoire. Malgré un exil de 2000 ans, l’aspiration au retour n’a jamais diminu. », dit David Haivri.
Un saut dans l’histoire
Comment le cœur géographique biblique du peuple juif s’est-il transformé en Cisjordanie ? « En 1948, Israël a regagné son indépendance, mais a perdu sa patrie mère », note Yishai Fleisher, le porte-parole de la communauté juive de Hébron, journaliste de presse et de radio, qui vit avec sa famille sur le mont des Oliviers à Jérusalem, une autre zone considérée comme « occupée » aux yeux de la communauté internationale. Comprendre le glissement de la Judée-Samarie à la Cisjordanie requiert un saut dans le passé.
Lorsque les Romains répriment la dernière résistance armée en Israel en l’an 135 de notre ère, le peuple juif est de nouveau exilé, cette fois pour plus de 2 000 ans. Dans une tentative afin d’effacer toute trace de l’histoire juive de la région, l’empereur romain Hadrien décide alors que Jérusalem serait renommée Aelia Capitolina ; la Judée-Samarie, quant à elle, est rebaptisée Syria Palaestina, un nom choisi spécifiquement pour rappeler à Israël ses ennemis des temps plus anciens, les Philistins. La Terre promise se mue alors en terre de désolation, comme Dieu l’a promis dans le Deutéronome (XXIX, 23) : « Et la terre entière n’est que soufre, sel, et se consume ; ni semence, ni produit, ni herbe ne croîtront… »
Plusieurs armées étrangères, occupants et gouverneurs s’y installent successivement, puis repartent. Jusqu’en 1514, lorsque le puissant Empire ottoman entame sa conquête du Moyen-Orient. Les nations de la région tombent les unes après les autres aux mains des Turcs ottomans, qui unifient finalement la région tout entière – y compris la Terre promise – d’une main de fer. Le règne ottoman au Moyen-Orient prend fin des siècles plus tard, après la défaite des Turcs lors de la Première Guerre mondiale. Toutes les terres jusqu’alors sous contrôle de l’empire tombent sous commandement britannique, tandis que les Anglais et les Français se voient confier la responsabilité de diviser le vaste territoire en nations. Puis en novembre 1917, les Britanniques émettent la Déclaration Balfour, qui affirme le soutien de ces derniers à la renaissance d’un Etat juif sur ses terres ancestrales.
Sous le Mandat britannique et français, les pays arabes comme la Syrie, le Liban, l’Irak et la Jordanie voient le jour. Le peuple juif héritera au final de poches de territoire entre la Méditerranée et la rivière du Jourdain, après le plan de partition des Nations unies en 1947, qui recommande la division du territoire en deux Etats indépendants, l’un juif, l’autre arabe. Les juifs acceptent l’offre et l’Etat d’Israel est proclamé le 14 mai 1948 – un jour avant l’expiration du Mandat britannique sur la Palestine. Les Arabes, eux, déclinent la proposition, et choisissent de lancer une guerre contre les juifs, en sous-nombre et désarmés.
Mais contre toute attente, le jeune Etat parvient à repousser les armées de cinq pays arabes et à remporter la victoire. Si la guerre d’Indépendance a cimenté la résurgence d’Israël sur la scène des nations, l’Etat juif y a perdu son cœur, la Judée-Samarie. L’armée jordanienne, en effet, a traversé le Jourdain et s’est emparé du territoire dans l’espoir de l’annexer. C’est la première fois dans l’histoire que le mot « Cisjordanie » apparaît. Les Jordaniens vont alors exercer une mainmise illégale sur le territoire durant 19 ans. « En dehors de la Grande-Bretagne et du Pakistan, aucun pays n’a jamais reconnu à la Jordanie de souveraineté sur la Judée-Samarie », relate Yichai Fleicher.
En 1967, Israël se voit entraîné dans une nouvelle guerre par ses ennemis. Après plusieurs jours de bataille sanglante, l’Etat hébreu remporte une victoire décisive : l’armée jordanienne est repoussée de l’autre côté du Jourdain et le peuple juif retrouve ses terres ancestrales de Judée-Samarie.
La légitimité d’Israël
« La Bible ne dit pas que nos patriarches ont vécu à Tel-Aviv, Haïfa ou Tibériade », indique Haivri. « En termes de liens du peuple juif avec sa terre, ces villes ne sont en réalité que des extensions de la Judée-Samarie. » Yishai Fleisher acquiesce. « Les droits du peuple juif à vivre en Israël dérivent de nos droits à vivre en Judée-Samarie – et non l’inverse. »
Notre légitimité à vivre en Judée-Samarie repose sur trois aspects principaux. Le premier est religieux. « La Bible est très claire sur ce point : Dieu a donné une terre au peuple juif. Et la conclusion est que la terre en question est la Judée-Samarie, la région où les Patriarches ont vécu, où ils ont fondé leurs familles et où ils sont enterrés », explique David Haivri. « Le second argument concerne notre connexion historique à cette terre. Nos racines remontent au temps d’Abraham et jusqu’à l’époque du Second temple. Nous disposons de nombreux documents historiques prouvant notre présence millénaire dans cette région, incluant des sources grecques et romaines. De façon ironique, en termes historiques, aucune autre nation au monde ne possède un passé et des liens aussi documentés avec une terre. » La Déclaration Balfour en 1917, aussi bien que les accords de San Remo en 1920, reconnaissent ces liens indissolubles entre le peuple juif et cette région spécifique.
Le troisième argument, dit Fleisher, est militaire. « L’Etat juif n’a jamais choisi d’entrer en guerre. La guerre d’Indépendance, la guerre des Six Jours et celle de Kippour étaient toutes des conflits défensifs. Et les lois internationales concernant les terres gagnées lors de conflits défensifs sont très claires », relève Yishai Fleisher. « Mais dans le cas d’Israël, ces principes ne sont même pas valables puisqu’en 1967 nous avons regagné un territoire qui nous appartenait, et qui nous avait été volé. Nous n’avons fait que revenir sur notre terre ancestrale. »
Après la guerre des Six Jours, les familles ont repris le chemin, lentement mais sûrement, des terres arides où leurs Pères avaient vécu, afin d’y reconstruire le cœur biblique d’Israël. Et selon Haivri, ce n’est qu’un début. Il souligne que la population juive de Judée-Samarie augmente cinq fois plus vite que la moyenne du reste du pays. Pour lui, il s’agit d’un processus divin qui correspond aux prophéties de Jérémie. Celui-ci a en effet promis que les bne Israel reviendraient dans ces montagnes pour y reconstruire des villes. « Je ramènerai les captifs de Mon peuple Israël et de Juda. Et je les ferai retourner sur la terre que J’ai donnée à leurs pères, et ils la posséderont (Jérémie XXX, 3)
La Judée-Samarie est l’endroit où tout a commencé. C’est là que la promesse divine a été énoncée. Malheureusement, être de ceux qui participent à la réalisation de cette prophétie a un prix extrêmement lourd. Nul ne le sait mieux qu’Amihai et Rina Ariel. Ce couple vit avec ses enfants aux abords de Kiriat Arba, une localité juive proche de Hébron. Ils se sont installés dans la région il y a plus de vingt ans, et Amihai s’est mis à planter des vignes sur les collines de Judée. Le vin qu’il produit aujourd’hui est d’une exceptionnelle qualité.
Le 30 juin 2016, la vie de la famille Ariel a brutalement basculé. Ce matin-là, un Palestinien de 17 ans, abreuvé de haine, a réussi à s’introduire dans leur maison, poignardant mortellement l’aînée de leurs filles, Hallel, 13 ans, qui dormait paisiblement dans son lit. Près d’un an a passé depuis le drame. En dépit de leur douleur indescriptible, les époux Ariel ont décidé de ne pas laisser l’amertume, la haine et le désespoir l’emporter. « Nous ne laisserons pas le terrorisme arabe triompher sur la vie », affirme Rina Ariel. « Ce qui nous a maintenus en vie, mon époux et moi est de savoir que ce que nous vivons n’est pas une histoire individuelle ou privée. Cela s’inscrit dans une histoire globale, celle de tout le peuple juif. A chaque génération, où que nous soyons, les juifs ont été tués simplement parce qu’ils étaient juifs. L’histoire d’Hallel fait partie d’une longue chaîne de drames similaires. »
« C’est pourquoi nous devons rester forts dans notre foi et les convictions qui font que nous sommes là, que nous avons choisi de vivre en Judée-Samarie. C’est la terre qu’Hachem a donnée au peuple juif. Nos Pères ont vécu ici, et maintenant leurs fils reviennent à la maison. Cela nous a pris longtemps avant de revenir. Et nous ne laisserons ni les menaces ni le mal nous déraciner à nouveau. »

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