Constructions à Guilo : pas de compromis

Le Premier ministre Binyamin Netanyahou reste insensible aux critiques de la communauté internationale.

2410JFR05 521 (photo credit: Ariel Jerozolimski)
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(photo credit: Ariel Jerozolimski)
Israël ne place “aucune limite “ à la construction dans la capitale. Binyamin Netanyahou a réagi dimanche 21 octobre aux critiques internationales qui visent un plan de construction de 797 logements à Guilo. D’après le Premier ministre, Israël continuera de construire à Jérusalem, de la même manière que les pays de la communauté internationale renforcent leurs capitales respectives.
“Tout comme ils construisent à Londres, Paris, Washington et Moscou, nous continuerons à construire à Jérusalem”, a-t-il souligné au début d’une réunion du cabinet.
Les propos de Netanyahou font suite à ceux formulés par Avigdor Liberman, ministre des Affaires étrangères, qui a souligné que le pays ne négociera pas la Ville sainte.
“Jérusalem n’est pas une colonie”, a-t-il tonné à l’adresse de l’Union européenne. “Guilo est un quartier juif. Aujourd’hui, il compte entre 32 000 et 33 000 Juifs. C’est une partie intégrante de Jérusalem”.
Une commission du ministère de l’Intérieur avait approuvé un projet d’aménagement du territoire en juin dernier. Le processus de planification s’est achevé jeudi 18 octobre, selon Hagit Ofran de l’association de gauche La Paix maintenant.
Désormais, c’est au ministère de la Construction et du Logement, et à l’Autorité des Terres d’Israël, d’émettre des permis de construire.
Mais l’Union européenne, en la personne de Catherine Ashton, s’insurge. La Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a condamné sans attendre le plan de construction. “Les colonies sont illégales au regard du droit international”, affirme-t-elle. “Elles menacent de rendre impossible une solution à deux Etats”, fait-elle savoir depuis son bureau. “L’UE a plusieurs fois exhorté le gouvernement israélien à mettre immédiatement fin à toutes les activités de colonisation en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, en conformité avec ses obligations en vertu de la Feuille de route.”
Guilo est situé sur la Ligne verte. Il est l’un des cinq quartiers de la capitale à avoir été développés immédiatement après la guerre des Six-Jours. Dans un éventuel accord sur le statut final de Jérusalem, tel que basé sur les prescriptions de Clinton en 2000, les zones à prédominance juive resteraient toutefois partie intégrante d’Israël. Guilo ne serait donc en aucun cas concerné par un hypothétique partage.
Des réactions parfois inattendues 
Les commentaires d’Ashton ont évidemment attiré les foudres de la classe politique israélienne. Avigdor Liberman a dès lors conseillé aux responsables européens de se concentrer sur leurs problèmes internes, en particulier sur les conflits en cours à Bruxelles et à Chypre. Et le ministre des Affaires étrangères de les inviter à visiter Guilo pour mieux comprendre la réalité du terrain et la relation entre le quartier et la capitale d’Israël. “Guilo est à sept minutes du centre-ville”, insiste le diplomate. “Sa population est entièrement juive”.
“Tous les gouvernements israéliens ont construit là-bas, à commencer par [l’ancien Premier ministre Levi] Eshkol et [l’ancienne Premier ministre] Golda Meir.”
Le maire de la ville Nir Barkat déclarait quant à lui samedi 20 octobre que “Guilo est une part indivisible de Jérusalem.
Nous n’allons pas présenter d’excuses pour nos initiatives.
Nous allons continuer à construire des dizaines de milliers d’appartements à travers toute la ville, pour tous les secteurs.
Le seul moyen de faire baisser le prix des appartements est de construire sans arrêt, comme nous le faisons aujourd’hui, afin de permettre aux jeunes de vivre à Jérusalem et de se bâtir un avenir.”
Le ministre de l’Education, Guideon Saar (Likoud), a pour sa part ironisé quant au contexte ambiant : “Il est étrange qu’à un moment où le Moyen-Orient est en feu, que des milliers de civils syriens sont tués, que l’Iran se dote de l’arme nucléaire... la seule chose qui inquiète l’UE, ce soit les constructions à Guilo !” Une preuve, s’il en faut, du manque de pertinence de l’organisation lorsqu’il s’agit de traiter des questions liées à la région, explique-t-il.
Enfin, Yaïr Lapid, président de la faction Yesh Atid, a tout bonnement appelé à “enfin se débarrasser des Palestiniens”.
Il s’agit bien sûr, pour lui, de leur donner leur propre Etat.
“Nous savons que cela va se terminer par deux Etats pour deux peuples, mais nous ne savons pas combien de temps va s’écouler, ni combien de personnes vont en mourir”, a remarqué Lapid.
Le nouveau-venu en politique tente à présent de courtiser les électeurs de droite. Il se dit disposé à entrer dans une coalition avec le Shas et tient les Palestiniens pour responsables de l’échec des négociations. “Je ne suis pas un gauchiste”, at- il annoncé. “J’estime que les blocs de colonies, dont la ville d’Ariel, doivent rester sous souveraineté israélienne, et que Jérusalem ne doit pas être divisée.”