Le Hamas, has been ?

Progressivement, le Hamas est dépassé par des groupuscules djihadistes hyperactifs dans la bande de Gaza

hamas (photo credit: (© Ibrahim Abu Mustafa/Reuters))
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(photo credit: (© Ibrahim Abu Mustafa/Reuters))

Abou AbdAl-Rahman était l’un des principaux chefs de l’organisation criminelleAl-Qaïda. Un des plus proches collaborateurs d’Oussama Ben- Laden. Tué lorsd’une attaque ciblée américaine au Pakistan en 2011, il faisait alors autoritéparmi les islamistes, et était souvent consulté sur des questions d’“éthiqueterroriste”.

En 2006, il reçoit une lettre dans son repère d’Afghanistan, en provenance deGaza. L’expéditeur n’est autre que l’Armée de l’Islam, obscur groupusculeterroriste devenu, depuis, une force exceptionnelle de la bande de Gaza aupoint d’avoir assisté le Hamas lors de l’enlèvement de Guilad Schalit. Dans lecourrier : de nombreuses questions sur la loi islamique et le fonctionnement dugroupuscule. Les terroristes souhaitaient notamment savoir s’ils pouvaientrecevoir de l’argent des organisations palestiniennes, investir en Bourse ouencore profiter du trafic de drogue pour financer leurs activités.
Le document a été retrouvé par les services spéciaux américains après la mortde Ben-Laden. Un trésor pour les renseignements occidentaux. La preuve du réeldanger de la nébuleuse Al-Qaïda, aux portes mêmes d’Israël.
Car ce groupuscule fait partie de ces organisations, de plus en plusnombreuses, qui font fi de l’avis du Hamas. C’est le cas notamment d’une autrecellule islamiste, Tawhid wal-Jihad, probablement coupable de l’attaque delundi 18 juin à la frontière israélo-égyptienne.
L’an dernier, elle avait déjà kidnappé un activiste italien à Gaza dans lecadre d’une action menée sans consultation avec les membres du Hamas. Outrés, ceux-ci s’étaient alors rués sur le QG du groupuscule et avaient libéréle prisonnier italien.
Dans une logique semblable, l’attaque du 18 juin a vraisemblablement été menéesans consultation du Hamas. En réponse, le groupe au pouvoir a décidé de rompreson engagement à ne plus lancer de roquettes sur Israël, conduisant à la vaguede violence de la semaine dernière.
Le pic précédent datait d’avril 2011, lors de l’attaque missile antitank quivisait un bus scolaire et avait tué un adolescent israélien.
Luttes fratricides et concours de terrorisme

 Dans la bandecôtière, chacun cherche donc à montrer qui est le plus fort. Le Hamas doits’affirmer, d’où ses récents tirs de roquettes. Possible aussi qu’encouragé parles Frères musulmans d’Egypte, il se sente désormais plus libre d’attaquerIsraël.

Selon Tsahal, le Hamas ne cherche pas vraiment la confrontation, comme lors del’opération Plomb durci en 2009. Et l’armée israélienne non plus d’ailleurs.

Preuve en est : la riposte modérée, avec seulement 10 raids aériens qui n’ontfait quasiment aucune victime.
Par le passé, le Hamas n’a pas hésité à user de sa force contre les groupessalafistes de Gaza. En août 2009, notamment, lorsque par un raid aérien il adétruit la mosquée Ibn Taymmiyah à Rafiah. Bilan de l’affrontement : 24 mortspalestiniens, 130 blessés, et plusieurs centaines de détenus dans ses geôles.Autre élément inquiétant : le chaos dans la péninsule du Sinaï qui sertd’arrière-base aux organisations encore plus radicales que le Hamas. Le traficd’armes, d’explosifs et d’argent s’est grandement intensifié, offrant denouvelles opportunités à ces groupuscules. Un problème colossal pour Israël.
Tsahal admet ne posséder que des informations limitées sur toutes les activitésterroristes qui s’y développent. La barrière de sécurité n’est qu’une fragilesolution, d’autant que les inquiétudes israéliennes se portent également àl’encontre des Bédouins, incontrôlables et souvent impliqués dans lacontrebande.
Israël est donc désormais fermement décidé à faire pression sur le nouveauprésident égyptien, l’enjoignant à sécuriser au plus vite la péninsule duSinaï. Il est indispensable que l’ordre y soit rétabli, faute de quoi l’Etathébreu sera obligé d’assurer seul, et par tous les moyens, sa sécurité.