Des mères en or

Le jeune Musée de Netanya accueille une exposition unique, “L’or de la mère”, jusqu’à la fin de l’année 2012

Bijoux (photo credit: DR)
Bijoux
(photo credit: DR)

C’est à lacommunauté libyenne que le Musée de Netanya a décidé de dédier sa troisièmeexposition, Hazahav shel Ima : “L’or de la mère”. Nulle question ici deraconter le récit de ces olim libyens, débarqués en Israël dans les années1950. Mais plutôt de revenir sur cette histoire méconnue des femmes d’Afriquedu Nord, et surtout des mères, qui est mise en lumière. Tout commence avec le scintillement des bracelets en or des femmes libyennes.Au sein de cette communauté, l’expression “bijoux des mères” fait référence àdes merveilles symboliques qui ont épousé les chaos de l’histoire. Le précieuxhéritage, transporté lors du long périple vers Israël, est caché dans lestentes du campement. Un patrimoine inestimable dont la valeur dépasse la simple considérationmatérielle.

Car durant la période de transition, de 1948 à la fin des années 1950, lesbijoux sont un moyen de construction du futur. Une femme se rappelle les bijoux cachés par sa famille, jusqu’à ce qu’ils sevolatilisent. Interrogeant sa mère à de multiples reprises, celle-ci lui promet de luiraconter, “quand elle sera grande”, le secret de cette disparition. C’est àl’âge adulte que la femme apprendra comment sa mère a hypothéqué ses richessespour lui permettre d’aller à l’école et d’avoir un toit. Un geste qui dévoile le courage et l’implication des maîtresses de maison dansl’intégration de leur communauté en Israël.
Voici ce qui a engendré l’initiative de cette rétrospective, dont le nom n’estqu’une vaste métaphore révélant les valeurs fondatrices des Juifs libyens. L’équipe en charge de l’exposition a laissé la parole à une centaine de femmeset d’hommes de cette communauté. En lettres rouges, leurs souvenirs couvrentles murs jaunes du musée. Chaque pensée témoigne de la force de la mère, dansune société plutôt patriarcale : “La parole du père était sacrée, mais au finalon faisait toujours ce qu’elle voulait.”
Tout ce qui brille

Photos, objets souvenirs et citations débutant par “ma mère m’a dit”s’associent dans l’espace pour créer une atmosphère chaleureuse, sous unelumière tamisée. L’exposition se découpe en trois parties. La première phase sefocalise sur l’éducation à la maison et à l’école. Puis, ce sont ensuite l’ordes bijoux et leur valeur sentimentale qui couvrent les murs. La rétrospective se termine sur les mains abîmées des femmes. Broderie etdentelles libyennes sont exposées. Le visiteur peut déambuler dans un universdoré, traverser les époques sous les regards fixés sur la pellicule jaunie, defemmes fortes et mythiques L’équipe de l’exposition a fait un travailesthétique somptueux par le nombre impressionnant de détails. L’esprit estprédisposé à voyager. Mais le plus spectaculaire réside dans la démonstrationde l’amour maternel. Un amour universel qui donne une touche personnelle àcette visite.

Car en se faufilant à travers l’exposition, on se souvient de nos mères etgrandsmères cousant nos vêtements, de leurs mains abîmées par la terre, lelinge ou la cuisine. On mémorise leurs conseils et leurs regards fiers. Lors deson retour au campement avec son uniforme de Tsahal, une jeune soldate raconte: “Pour ma mère, je me sentais comme un général”. Bel hommage aux mères, àleurs efforts et à la présence féminine qui construit nos vies. Celles dont lerôle mérite d’être reconnu à sa juste valeur, une valeur en or. Etreconnaissance de la place première des femmes dans l’histoire, notre histoire.

L’Or de la mère - Musée de Netanya, 3 McDonald’s 

Détails :09.88.40.020 ou museum.netanya@gmail.com