Les objectifs israéliens aux JO

Londres 2012 : faites vos jeux !

JO (photo credit: Avec l’aimable autorisation du CIO)
JO
(photo credit: Avec l’aimable autorisation du CIO)

La sonnerie du portable d’Ephraïm Zinguer est de circonstance : “The winnertakes it all” du groupe Abba. Le choix parfait pour ce secrétaire général ducomité olympique israélien (COI). Alors que la délégation nationale entame ladernière ligne droite avant les J.O. de Londres, du 27 juillet au 12 août,Zinguer prend le temps d’expliquer ses rêves et projets pour les quelque 40athlètes en partance pour l’Angleterre. “Depuis la création des Jeux olympiquesmodernes, il y a un siècle, près de 80 pays n’ont jamais gagné de médailles etplus de 125 nations n’ont jamais décroché de médaille d’or”, note Zinguer.“Nous en avons, nous, glané quelques-unes, dont une en or.”

Pour être précis : Israël a remporté 5 médailles en 15 Jeux, depuis 1952. Lesdeux premières ont été raflées en 1992 à Barcelone, en judo : argent pour YaëlArad et bronze pour Oren Smadja. Depuis, l’Etat hébreu est monté sur le podiumau moins une fois lors de chaque session olympique d’été.
“A chaque retour de JO, nous passons une année entière à analyser lesperformances de nos athlètes et à fixer des objectifs pour la délégationsuivante”, explique Zinguer. “Fin 2009, nous avions trois enjeux pour 2012”. Lepremier : revenir avec au moins une médaille israélienne. Le second : voir uneathlète féminine sur le podium. “A Athènes comme à Pékin, les femmescomposaient 50 % de la délégation. Il est temps que l’une d’elles franchisse lecap et monte les marches de la victoire”, s’enthousiasme le responsable.
Enfin, le dernier objectif consiste à ramener une médaille dans une nouvellediscipline.
Traditionnellement, l’Etat juif se distingue dans les sports nautiques et lejudo. Le véliplanchiste Gal Fridman a remporté la médaille d’or à Athènes en2004, après avoir raflé le bronze en 1996 et Michael Kolganov a également gagnéune médaille de bronze en 2000 à Sydney en canotage.
Sur les tatamis, les espoirs se tournent cette année vers les judokas ArikZeevi et Alice Schlesinger. A 35 ans, Zeevi est arrivé 3e en 2004 et s’estrécemment classé comme le champion d’Europe le plus âgé de l’histoire.Schlesinger est repartie avec la médaille d’or au Grand Chelem de judo àMoscou, le 26 mai dernier, jour de ses 24 ans.
Pour ce qui est de la planche à voile, Lee Korzits est une gagnante. “Nousespérons obtenir une médaille en voile, en particulier dans la catégorievoilier 470”, explique Zinguer. Shahar Zoubari, lui, a gagné le bronze enplanche à voile aux Jeux de 2008 à Pékin, et il tentera à nouveau sa chance àLondres.
“Nous misons également sur la gymnastique, car nous avons une très bonne équipecette année. Notre meilleur espoir est Alex Shatilov”. Aux dernierschampionnats d’Europe, le 27 mai, il a remporté la troisième place et gagné unerécompense de 25 000 shekels de la part du comité olympique israélien.
Les joueurs de tennis Shahar Peer, Andy Ram et Jonathan Erlich, la gymnasterythmique Neta Rivkin (médaille de bronze aux derniers championnats d’Europe),le tireur d’élite Sergueï Richter et les duotistes superstars en voile EranSela et Guideon Kliger font également office de favoris.
La liste finale de la délégation n’a été publiée qu’il y a quelques mois. Lesathlètes israéliens ont entre 18 et 40 ans, certains sont sabras et d’autresd’origine étrangère.
Deux des plus récentes arrivées : le coureur Donald Sandford et la perchisteJillian Schwartz. Ils concourraient sous le drapeau américain en 2004.
“La délégation respecte les consignes du comité international à la lettre”,explique Zinguer qui accompagnera les sportifs au village olympique pour la 5efois.
Les compétiteurs forment, selon lui, un instantané de la société israélienne.“Vous avez des hommes et des femmes, des habitants des grandes villes ou despetites communes du nord et du sud, des sabras et des immigrants nés àl’étranger. C’est le nectar d’Israël. Leur seul point commun, c’est qu’ils sontles meilleurs dans leur discipline”.
Lors de la photo de groupe chez le président Shimon Peres, les athlètes, leursentraîneurs et leurs conjoints ont spontanément entonné la chansontraditionnelle hébraïque composée des paroles du Rabbi Nachman de Breslev : “Lemonde entier est un pont très étroit, et le principal est de ne pas avoir peur”(Kol haolam koulo guesher tsar meod). Ils ont beau être des compétiteurs depremier plan qui passent leurs samedis aux entraînements plutôt qu’à lasynagogue, en de tels moments, la fierté de représenter l’Etat juif passe enpremier. Et ils n’ont certainement pas peur. Les 38 Olympiens et 25Paralympiens semblaient calmes, confiants et joyeusement excités après lesdiscours en la Résidence du président.
Autre moment d’émotion lors des derniers préparatifs : Zinguer a tendu des drapeauxisraéliens au navigateur Zoubari et au tireur d’élite paralympien DoronShaziri, médaille d’argent en 2008. Ils auront l’honneur de les porter en têtede leurs délégations lors des cérémonies d’ouverture.
Dans la salle à manger du village olympique, équipée pour accueillir 5 000personnes, 24 heures sur 24 : des portions casher. Les Israéliens séjournerontau village en compagnie de quelque 16 000 personnes.
Cette année renferme une signification supplémentaire : les 40 ans du massacrede Munich. 11 athlètes et entraîneurs israéliens y avaient trouvé la mort,assassinés par des terroristes palestiniens. Pour l’heure, le comité olympiqueinternational a rejeté les demandes de Zinguer et du vice-ministre des Affairesétrangères Danny Ayalon d’ouvrir les JO de Londres par une minute de silence àla mémoire de cette tragédie. Mais les Israéliens tiendront une cérémonieprivée à laquelle le président du comité Jacques Rogge devrait assister.
Zinguer consacre ses journées à garantir la sécurité et le bien-être de ladélégation de cette année. Ce qui n’est pas une mince affaire. “Nous seronsprès de 80 personnes, athlètes, entraîneurs, experts sportifs, un attaché depresse, une équipe logistique et une équipe médicale composée de médecins, dephysiothérapeutes et de masseurs”, dénombre-t-il. “Il s’agit de diriger 12championnats du monde puisque pour chaque discipline, il s’agit d’unchampionnat. Il y a également de nombreuses cérémonies et événements, donc onparle d’une immense opération. Tous les jours, nous devrons régler descentaines de petits détails. Et il faut que cela se passe bien”, ajoute-t-il enriant. “Parce qu’il n’y aura pas de seconde chance”.
En attendant, les athlètes israéliens ont mis le cap sur Londres en prévoyantd’honorer pleinement la devise olympique : “Plus vite, plus haut, plus fort”.
Ou, en hébreu : “maher yoter, gavoa yoter, hazak yoter”