Un festival de créations internationales

Pour sa 51e édition, le Festival d’Israël promet un cocktail créatif de danse, théâtre et féérie

festival (photo credit: © Avec l’aimable contribution du festival)
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(photo credit: © Avec l’aimable contribution du festival)

Comme tous les ans à la même époque, Jérusalem se prépare àdevenir le théâtre d’une rencontre annuelle et internationale. Pendant plus detrois semaines, du 23 mai au 14 juin prochain, des artistes du monde entiervont venir présenter le meilleur de la production culturelle de leur pays. Aumenu : un budget de 10 millions de shekels, la contribution de 12 pays et plusde 31 représentations programmées.

L’événement a vu le jour en 1961 sous l’impulsion de Zvi Propes Aaron, musicienet homme de vision dont le but était de propulser Israël sur la scène internationaledes rencontres musicales à large échelle. Avec un objectif : élever l’Etat juifau niveau le plus haut pour lui conférer une renommée internationale.
A l’origine, la manifestation devait promouvoir la musique et se tenait chaqueété dans l’ancien théâtre romain de Césarée. Mais face au succès, laprogrammation a été élargie pour y intégrer tous les arts de la scène. Ce n’estqu’à partir de 1982 que la capitale a décidé de faire sienne le Festival.Depuis, la majorité des spectacles ont lieu à Jérusalem. En grande partie authéâtre de la ville.
Mais pas seulement. Comme la direction a à coeur de séduire tous les publics,elle a pris l’habitude de proposer des spectacles gratuits : théâtre de rue,spectacles pour enfants et concerts de jazz tous les soirs.
Le Festival d’Israël est l’occasion, pour le spectateur, d’assister à desperformances d’artistes venus du monde entier ainsi qu’à la création d’oeuvresisraéliennes inédites.
L’édition 2012 débutera avec un hommage rendu au chanteur, acteur, compositeuret auteur dramatique Yossi Banai pour le 80e anniversaire de sa naissance. Cenatif de Jérusalem a grandi dans le quartier du marché Mahané Yehouda. Avantd’être récompensé, en 1998, par le prestigieux Prix d’Israël pour sacontribution dans le domaine des arts de la scène et du théâtre.
Enfin, point fort de cette édition : trois pays seront mis à l’honneur - leJapon, la Chine et la République tchèque.
Le Japon, première nation d’Asie à avoir reconnu Israël, fête ainsi ses 60 ansde relations diplomatiques avec l’Etat hébreu. L’occasion pour le Pays dusoleil levant de présenter l’éminent groupe “Wadaiko Yamato”. Composé depercussionnistes et de joueurs de tambours, ce groupe japonais utilise desinstruments traditionnels pour créer une musique moderne. Une aventuremusico-théâtrale à ne pas manquer.
Voyage onirique et fantastique

De leur côté, la Chine et la République tchèquefêteront leurs 20 ans de relations diplomatiques. Prague, capitale prolifique et privilégiéepour les arts de la scène, offrira au public hiérosolymitain un échantillon desplus représentatifs de l’atmosphère pragoise des théâtres et du cabaret. Unvoyage le temps d’un spectacle vers la ville de Bohême. Entre autres, deuxinvités d’exception : les frères Forman (Petr et Matej), qui présenteront pourla première fois en Israël leur spectacle Obludarium. Sous une toile de tenteimpressionnante, leur performance se situe à la frontière du rêve et de lapoésie.

Formés comme marionnettistes à Prague,les deux frères jumeaux, fils du célèbre réalisateur Milos Forman, ont sus’affranchir des règles qu’on leur avait enseignées et de l’héritage paternelpour créer leur univers propre.
Certes, ils renouent avec l’esprit forain des années 1930, rendent hommage auxmarionnettes et autres jouets mécaniques d’antan, mais toujours au traversd’une réinvention des arts du cabaret et du cirque. Et ainsi, sur des aires demusique tzigane, d’envahir la piste tandis qu’un petit vent de l’est porte lesspectateurs dans le monde fascinant des rêves, des monstres et autrescréatures.
Même univers du rêve, mais autre langage. “J’aime le surréel, l’absurde. Onfait tous des rêves qui sont très différents d’une personne à l’autre. Ce quim’intéresse c’est d’essayer de reconstituer les logiques de l’imaginaire là oùles contours entre rêve et folie sont flous”, confie Aurélia Thierréepersonnage principal de la pièce française Murmures des murs, qui seraprésentée dans le cadre du Festival.
Aurélia Thierrée, issue elle aussi d’une famille d’artistes, travaille depuisses débuts en étroite collaboration avec sa mère, Victoria Chaplin Thierrée,fille de l’acteur américain Charlie Chaplin et d’Oona O’Neil. En 2003, ellescréent ensemble le spectacle L’Oratorio d’Aurélia, que la fille interpréteraprès de neuf ans aux quatre coins du monde.
“Les idées font leur chemin dans son imaginaire jusqu’à ce que je découvre undécor et une logique dans lesquels elle me met en scène”, indique Aurélia quantau fonctionnement du tandem professionnel qu’elle forme avec sa mère.
Leur nouveau spectacle Murmures des murs est basé sur deux éléments distincts :des matériaux fragiles (carton, papier bulle et papier) et un sujet mystérieuxsur les murs et la mémoire. Que sait-on du spectacle ? Une femme doit quitterson appartement et elle doit fuir. Elle escalade des façades d’immeublesabandonnés pour pénétrer dans des logements vides où elle s’appropriel’histoire des autres. Pour le reste, c’est au public de dévoiler le sens de lareprésentation. Aurélia précise : “Le spectacle, basé sur des matériauxfragiles, ne fonctionne que si le public y adhère. Comme dans un rêve, c’est lapersonne qui l’interprète qui lui donne un sens”.
Un spectacle qui devrait donc trouver son public en Israël, pays dont laculture tout entière est imprégnée par le travail de mémoire et le mysticismedes objets comme le décrit la Kabbale. “Je me réjouis à l’idée de venirdécouvrir Israël. Le luxe de notre spectacle est de pouvoir voyager car il n’ya pas de langage ou de dialogues. C’est toujours intéressant de voir comment ilva être reçu dans un pays étranger”.
Et de conclure : “Mais je reste très superstitieuse, car le spectacle estéphémère. Ce n’est pas à nous de dicter ce que le spectateur doit voir. S’ils’y retrouve, le plus beau compliment que nous pouvons recevoir est d’avoirréussi à inspirer quelque chose qui nous avait échappé”.