Verbier : Israël con brio !

Au coeur du Valais suisse et depuis 19 ans, le Festival de musique classique de Verbier réunit les plus grands artistes. Parmi eux, beaucoup d’Israéliens. Retour sur ces moments flamboyants

verbier (photo credit: verbierfestival.com)
verbier
(photo credit: verbierfestival.com)

D’abord, il y a le lieu improbableet magique : Verbier au coeur du Valais suisse, où les neiges éternelles duMont blanc côtoient les forêts verdoyantes aux sapins odorants. Dans ceschemins de montagnes propices aux randonnées, l’air est vif, jamais chaud, quiapporte l’écho de toutes les musiques du passé. Et ce décor majestueux se prêteidéalement à la grande musique. Comme la Symphonie écossaise de FélixMendelssohn avec ces mélopées qui chavirent le coeur et ces rythmes lents puisagités qui entraînent vers les rivières, que le compositeur juif a imaginésquand il se rend en 1829 à Edinbourg. C’est aussi l’impétueux violoniste JoshuaBell dont l’instrument brillant jette sur le public ses feux d’or, ce violonqui appartenait à Bronislaw Hubermann, qui allait fonder le philharmoniqued’Israël en faisant sortir des pays d’Europe, dans les années 1930, plusieurs musiciensles sauvant ainsi du sort qui les attendait.

Sous la grande tente blanche démontable, plantée au milieu de ce cirque demontagnes, tous les soirs à 19h, solistes, orchestres et chanteurs ont déployéleur talent immense pour un public enjoué. On y entend beaucoup d’hébreu :musiciens, familles, amis, c’est une tradition à Verbier. Car depuis 19 ans,Avi Shoshani, directeur du philharmonique d’Israël, est aussi conseillerartistique du festival au côté de son fondateur Martin Engstroem.

Une famille, dit-on, de musiciens fidèles qui revient chaque année. Et pasn’importe qui : Menahem Pressler, Juif berlinois, qui fonda le beaux-arts trio; Mischa Maisky , violoncelliste israélien ; Marta Argérich, célèbre pianiste ;Alfred Brendel, autre pianiste ; Gidon Kremer, violoniste et bien d’autres...

Jeunes talents, allegro vivace

Mais ce qui fait la spécificité de ce festival qui ne ressemble à aucunautre, c’est l’enseignement et la transmission de la musique. Ici, desmusiciens confirmés donnent des masters class à de jeunes talents, tous lesjours, dans tout le village.

Parmi eux, Adi Nehaus, le benjamin est âgé de 16 ans. Petit-fils d’un desplus grands professeurs de Moscou, Stanislas Nehaus, Adi est né à Tel-Aviv etvit avec ses parents à Ariel. Chevelure romantique brune, haute stature, AdiNehaus cultive un look à la Chopin. Il joue du piano depuis l’âge de 3 ans etse produit déjà en tant que soliste sur les scènes israéliennes. Le 12septembre, il sera à Ashdod pour jouer le Concerto pour piano N° 20 de Mozart.Ici à Verbier, il loge chez une famille et le temps pour la promenade sera pourune autre fois. Adi Nehaus est entièrement tourné vers la musique. Il a suiviavec beaucoup de passion l’enseignement de Menahem Pressler auprès de qui il aappris, et il espère que ces conseils serviront son jeu.

Itamar Zorman, autre prodige déjà confirmé, a enchanté le public de Verbieravec son Troisième trio de Beethoven. Ce jeune violoniste de 26 ans, égalementné à Tel-Aviv, a déjà derrière lui une longue carrière internationale. Inscrità l’Alliance française de Ramat Aviv selon le voeu de sa grand-mère bulgare, ils’exprime dans un français parfait. Celui qui sera accompagné de l’orchestrephilharmonique d’Israël en janvier prochain dispose d’un site web et denombreux fans.

Mischa Maisky, Andante largo

Quand il apparaît sur scène avec ses larges chemises colorées , son Haïd’or autour du cou, sa chevelure brune et bouclée, le violoncelliste MischaMaisky a déjà conquis la salle. Sans parler de son tempérament et de son jeuqui combine poésie et une pointe de délicatesse.

Aujourd’hui, l’élève de Piatigorsky et de Rostropovitch a pris quelques cheveuxblancs, mais le son est intact. C’est en 1971 qu’il émigre en Israël. Un verbequ’il déteste et corrige aussitôt dans son hébreu teinté de russe : “En Israël,je suis retourné chez moi après 2 000 ans d’exil, ce n’est pas une émigration”.

Aujourd’hui, il est le violoniste le plus connu du monde et se produit surtoutes les scènes internationales. Chaque année, il revient à Verbier retrouverses amis musiciens qu’il considère comme sa Michparah (famille)...

Mais l’un des moments les plus forts du festival a sans doute été ceconcert du 20 juillet, dédié aux compositeurs juifs de Terezin dont certainsn’ont pas survécu. Gideon Klein, Hans Krasa, Ilse Weber. C’est dans l’église deVerbier, comme un pied de nez à l’histoire, que le public recueilli a assisté àce projet musical sensible et émouvant. Treize artistes ont interprété lesoeuvres de ces compositeurs sous la houlette du violoniste britannique DanielHope. Un projet qui tenait à coeur le directeur de Verbier : Martin Engstroem.

En 2015, une salle nouvelle en béton dur installée au milieu du village verrale jour. La pluie ne tambourinera plus sur le plastique de la tente, conférantun côté bon enfant à ce festival. En attendant, rendez vous l’année prochainepour les 20 ans de ce bel événement culturel.