Le discours d’Obama vu par Ramallah

La déception était de mise côté palestinien, où l’on espérait un nouveau moratoire sur les implantations.

PA President Mahmoud Abbas and US President Barack Obama (photo credit: REUTERS/Larry Downing)
PA President Mahmoud Abbas and US President Barack Obama
(photo credit: REUTERS/Larry Downing)
Lors d’une conférence de presseconjointe à Ramallah avec le président américain Barack Obama en visite en Israël,Abbas a déclaré au nom des Palestiniens que la paix était nécessaire etinévitable, et précisé qu’elle était même « possible ». Puis le chef del’Autorité palestinienne a changé de ton en affirmant que « la paix ne doit pasêtre obtenue par la violence, l’occupation, la construction de murs, lescolonies, les arrestations, le siège et le déni des droits des réfugiés ».
Il a par la suite insisté sur les « risques » de la colonisation et lanécessité de libérer les Palestiniens des prisons israéliennes. De son côté,Obama a commencé son allocution en saluant Abbas du mot arabe marhaba («bonjour »). Et s’est dit cette fois « profondément attaché à la création d’unEtat indépendant et souverain en Palestine. » Puis a renchéri dans la mêmeveine qu’Abbas : « les Palestiniens méritent que l’on mette fin à l’occupationet aux humiliations quotidiennes qui vont avec, de se déplacer et de voyagerlibrement, et de se sentir en sécurité. Comme tous les peuples au monde, lesPalestiniens méritent un avenir d’espoir – de voir que leurs droits soientrespectés, que demain sera meilleur qu’aujourd’hui et qu’ils puissent offrir àleurs enfants une vie de dignité pleine d’opportunités.
En d’autres termes, les Palestiniens méritent un Etat à eux. » Après avoirfélicité Abbas et le Premier ministre Salam Fayyad des progrès institutionnelseffectués, Obama a tiré à boulets rouges sur le Hamas, déclarant que lesPalestiniens dans la bande de Gaza continuent à vivre dans la misère et sous larépression. « Le Hamas se soucie davantage de l’application de ses propresdogmes rigides que de permettre aux Palestiniens de vivre librement ». Et decondamner les tirs de roquettes depuis la bande de Gaza vers Israël dans lamatinée de jeudi 21 mars.
Le président américain a conclu en se disant déterminé à avancer vers laconcrétisation de la solution à deux Etats.
Pour ce faire, a-t-il ajouté, en vue d’une solution durable, les négociationsentre Israéliens et Palestiniens doivent absolument être directes.
« Pas suffisant » 
Lors de l’arrivée présidentielle à Ramallah, des dizaines dePalestiniens ont manifesté dans le centre ville pour exprimer leur opposition àla visite. De semblables protestations antiaméricaines ont eu lieu à Bethléemet à Naplouse, ainsi que dans la bande de Gaza, où des manifestants ont brûlédes photos d’Obama.
Après la conférence de presse, plusieurs dignitaires de l’AP ont exprimé leurdéception : « Obama veut que nous retournions à la table des négociations sansconditions et tandis que les constructions se poursuivent dans lesimplantations. Aucun leader palestinien ne peut accepter cela », a réagi unesource officielle. « Nous avons entendu de bonnes choses de la part duprésident américain, mais des paroles seules ne sont pas suffisantes », alancé, de son côté, un conseiller d’Abbas. « Nous n’avons d’autre choix qued’intensifier la résistance populaire contre l’occupation israélienne et lesimplantations. Nous ne pouvons pas nous fier à Obama ou à qui que ce soit pourchanger la situation ».
Le Hamas a réagi aux déclarations d’Obama à Ramallah en les qualifiant de «toxiques et induisant en erreur », et en traitant Abbas de « faible ».