Ligne rouge sur Maison Blanche

Washington joue-t-il un double jeu pendant que Netanyahou s’échine à sensibiliser le monde face à l’Iran ?

‘‘Cela est faux, totalement faux !” Le porteparole de la Maison Blanche,Jay Carney, nie en bloc le rapport du New York Times. Le journal américain afait des vagues, lundi 3 septembre, avec un article relayé par Yediot Aharonot.Les Etats-Unis auraient envoyé un message à l’Iran, par l’intermédiaire de deuxnations européennes, assurant qu’ils empêcheraient une opération israéliennecontre les installations nucléaires du pays aussi longtemps que Téhéranrenoncera à attaquer les intérêts américains dans le Golfe persique. Washingtonaurait utilisé les services secrets européens pour éviter un conflit généraldans la région. “En contrepartie, l’Iran doit se démarquer des actifsstratégiques américains dans le Golfe persique, comme les bases militaires et lesporte-avions”, précise Ynet.

Selon Carney, le rapport est un tissu d’absurdités. “Toutes les options restentsur la table pour l’Iran”, explique-t-il. Et d’ajouter que la “fenêtre de ladiplomatie est ouverte”.

L’article controversé fait toutefois écho à une remarque du général MartinDempsey, la semaine précédente. Selon le chef d’état-major des armées desEtats-Unis, une attaque israélienne ne pourra que retarder les avancéesiraniennes. Et d’annoncer ne pas vouloir être “complice” d’une telle actionmilitaire. Le leadership israélien avait déjà réagi et qualifié ces proposd’“étranges”, en décalage avec la position officielle de la Maison Blanche.
“Il y a une tendance dans les médias, en ce moment, à voir des tensions entreles Etats-Unis et Israël à propos de l’Iran”, déclarait l’ambassadeur américainDan Shapiro, dans une interview accordée à la deuxième chaîne. Et de nier lanaissance d’une crise entre Netanyahou et Obama, sur le dossier iranien. “Aucontraire, une coordination très étroite a été mise en place pour résoudre un problèmeque nous percevons de la même manière. La priorité : empêcher l’Iran d’acquérirdes armes nucléaires”.

De son côté, le Premier ministre Binyamin Netanyahou poursuit sa campagne desensibilisation. Son objectif : convaincre les Etats-Unis et le monde de fixerà l’Iran la “ligne rouge” à ne pas franchir. “Plus claire est la ligne rouge,moins il y a de risque d’effusion de sang”, a-t-il commenté. D’après lui, ilest temps d’indiquer clairement à l’Iran que la patience de l’Occidents’amenuise.

Netanyahou s’est exprimé dimanche 2 septembre au début de la réunionhebdomadaire de son cabinet. Il a alors énoncé publiquement ce qu’il répètedepuis des semaines, à huis clos. “La diplomatie ne suffit pas. Les Iraniensdoivent comprendre que leurs actions vont avoir des conséquences directes.”

“La communauté internationale n’a pas tracé de ligne rouge, et l’Iran neperçoit pas la détermination internationale.” D’où son refus de cesser sonprogramme nucléaire.

Si Netanyahou a beaucoup évoqué la nécessité de la “ligne rouge” en privé, ilrechignait à le faire en public. Ses commentaires lors de la réunion du cabinetsemblent marquer un nouvel élan. Il n’a toutefois pas défini clairement en quoiconsistent ces limites, ni le danger qui guette l’Iran.

Aucun bâton dans les jambes de l’Iran

En attendant, les Iraniens ne semblent pas impressionnés par la communautéinternationale. Ils continuent de travailler sans relâche à leur programmenucléaire. “Obama a déclaré à plusieurs reprises que les Etats-Unis empêcheraientl’Iran d’acquérir la bombe, par tous les moyens”, rappelle un diplomateisraélien. “Mais il semble que cela n’a pas été suffisant.

Tout ce qui a été dit ou fait n’a pas permis de stopper les avancées nucléairesde Téhéran”, poursuit-il, traduisant la position de Netanyahou. “Tous lesefforts ont échoué.”

Son regret : que l’Occident n’ait pas placé les Iraniens face à un simpledilemme : mettre un terme à leur développement nucléaire ou essuyer une actionmilitaire certaine. Les propos de Netanyahou faisaient suite, en outre, ausommet de la semaine précédente du Mouvement des Non-alignés. Les représentantsde 120 pays se sont réunis à Téhéran, faisant mentir l’affirmation selonlaquelle les sanctions diplomatiques isolent la République islamique. “Ils onttous écouté les diatribes antisémites des dirigeants iraniens”, a remarquéNetanyahou. “Aucun d’entre eux ne s’est levé, aucun d’entre eux n’a quitté lasalle.” Cette absence de protestations semble encore pire à la lumière durécent rapport de l’AIEA qui “confirme ce que nous disons depuis longtemps : siles sanctions internationales rendent les choses difficiles pour l’économieiranienne, elles ne retardent en aucun cas l’avancement de la centralenucléaire iranienne.”


N’importe où, n’importe quand...

Benny Gantz met en garde l’Iran : Tsahal est prête à frapper

Par Yaakov Lappin 

Le chef d’état-major de Tsahal répond aux menaces. L’armée est prête à affronter tous les scénarios et à atteindre n’importequelle cible. “Nous avons récemment entendu les menaces de nos ennemis plus oumoins proches, décidés à “anéantir” l’Etat d’Israël et à le rayer de la carte”,a déclaré dimanche 2 septembre le général, lors d’une cérémonie des unités deréserve. “Dans tous les cas, je peux affirmer que nous sommes en mesured’atteindre n’importe quel endroit, à n’importe quel moment, pour défendre lanation”, a-t-il clamé lors de la soirée organisée à la résidence du président.

Ces dernières semaines, les dirigeants iraniens, à commencer par le guidesuprême l’ayatollah Ali Khamenei, ont intensifié leurs menaces d’annihilerIsraël.

D’après Khamenei, l’Etat hébreu est une “tumeur cancéreuse”, et “le plus grosproblème des pays musulmans aujourd’hui”. Des propos qui coïncident avec lemessage du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui jure d’assassiner desdizaines de milliers de civils israéliens lors d’une future confrontation, enfrappant des sites stratégiques avec des roquettes.

Pour le ministre de la Défense, Ehoud Barak, “au cours des deux dernièresannées, la carte de la région s’est transformée sous nos yeux et à plusieursreprises. Les nations sont sorties dans les rues et ont renversé les Etatstotalitaires. La réalité a donné naissance à des résultats inattendus.” Etd’ajouter qu’Israël réside dans un Moyen- Orient instable, entouré par une “merorageuse et de grandes patries qui refusent de l’accepter en tant que nationégale en droits.”

“La réalité dans laquelle nous vivons nous a présenté des défis lourds. Nousdevons utiliser toutes les ressources possibles et nous préparer à tous lesdéveloppements susceptibles d’arriver.”