5772, l’année des “presque”

Ce qui n’est pas arrivé en 5772 : le top 10 des non-événements

Tirer de rideau sur 5772 (photo credit: Reuters)
Tirer de rideau sur 5772
(photo credit: Reuters)

On se souvient en général de certaines années pour leurs événementsexceptionnels. Dites 1948 ou 1967 à n’importe quel Israélien et ses yeuxs’allumeront de souvenirs historiques. Mais 5772, l’année du calendrier juifarrivée à son terme, restera surtout dans les annales comme les 12 mois où ilaurait pu se passer plein de choses ... et finalement non. 5772, c’est l’annéeoù Israël a “presque” attaqué l’Iran, “presque” lancé des élections généraleset “presque” gagné une médaille olympique.

Pas étonnant, dans ce contexte, que deux grands journaux israéliens, Maariv etHaaretz, soient en pleine débâcle financière, et le premier menacé defermeture. Bien entendu, ces difficultés ont bien plus à voir avec les ennuisdu magnat de la presse qui possède Maariv et le fossé qui se creuse entreHaaretz et la société israélienne dominante. Sans aucun doute, l’actualitécontinuera de se faire en 5773. Mais ceux qui ont voulu dresser la liste desévénements marquants de 5772 ont eu plus de mal que les années précédentes. Etparmi le Top 10 de la radio militaire, il y en avait certains qui n’auraientsans doute jamais été retenus en cas de cru plus prospère.

Le Premier ministre Binyamin Netanyahou a suscité les moqueries en établissantsa propre liste des actions du gouvernement, une pour chaque mois juif del’année. Savoir que le conseil des ministres a approuvé la construction d’uneligne de chemin de fer jusqu’à Eilat, en Shvat et qu’en Sivan, la gratuité dessoins dentaires a été étendue aux enfants de 12 ans est sans doute fortsympathique, mais Israel Hayom a été le seul à juger nécessaire de faireparvenir l’information jusqu’à ses lecteurs. En fait, en résumant 5772, il estbien plus facile de faire la liste de ce qui ne s’est pas passé. Le casse-têtea consisté à n’en garder que 10, mais les voilà :

1. Personne n’a attaqué l’Iran L’année arrive à son terme et rien n’achangé : l’Iran avance à Vitesse grand V vers son objectif nucléaire et lacommunauté internationale n’en fait pas assez pour y mettre le holà. Seuledifférence : Netanyahou devient moins courtois et se met à dire tout haut cequ’il disait auparavant tout bas aux leaders mondiaux. Il affirme que le tempspresse pour empêcher la nucléarisation de Téhéran. Mais après tout, il clamaitdéjà la même chose lors de son discours devant le Congrès américain. Pas celuide mai 2011. Celui de juillet 1996.

2. La Knesset n’est pas dissoute et les élections n’ont pas eu lieu L’année acommencé avec un Netanyahou qui avait quelque peine à se remettre desmanifestations de l’été 2011. Puis, à Souccot, avec la libération de GuiladSchalit, sa cote de popularité est repartie en flèche. Bibi avait alors décidé,après Yom Haatsmaout, de procéder à de nouvelles élections. Avant de changerd’avis et de former un gouvernement d’union nationale avant Lag Baomer.Récemment, un scrutin a de nouveau été envisagé au moment de la rentréeparlementaire, après les fêtes. Mais Bibi peut encore se dire que le budget2013 passera et qu’il restera au pouvoir en 5773 jusqu’à la date officielle durendez-vous aux urnes : le 18 Heshvan, 5774 (22 octobre 2013). Autrenon-évènement politique de l’année : Kadima qui ne fait pas scission et lerapport sur l’incendie du Carmel qui ne provoque pas le départ des ministresincriminés.

3. Le mouvement social n’est pas reparti La grogne socio-économique avait faitdescendre 300 000 personnes dans la rue à l’été 5771, alors que l’économieétait au mieux. Ironie de l’histoire, maintenant que la croissance dégringole,le mouvement n’a pas redémarré en 5772. Raisons évoquées : les luttes internesentre les leaders du mouvement, la concurrence du Camp des Pigeons, et lesviolences qui ont entaché la réputation des protestations. Mais la meilleureraison a été dévoilée par l’Index annuel de la Démocratie : les Israéliens sesont avoués vaincus et n’espèrent plus changer les priorités du gouvernement.

4. L’Etat palestinien n’a pas proclamé son Indépendance Le chef de l’Autoritépalestinienne Mahmoud Abbas avait demandé au Conseil de Sécurité de l’ONU dereconnaître un Etat palestinien, 5 jours avant la fin 5771. Mais la manoeuvre aété bloquée en 5772. Et les efforts palestiniens contre Israël sur la scènemondiale ont échoué tout au long de l’année. La “Palestine” est certes devenuemembre de l’Unesco, mais elle a perdu au change 80 millions de dollars d’aideaméricaine. La rumeur avait aussi anticipé un deuxième Mavi Marmara, mais toutcomme d’autres nouvelles “pro-palestiniennes”, celle-ci n’a pas eu lieu.

5. Les élections palestiniennes ont fait long feu Abbas a été élu pour unmandat de 4 ans en tant que chef de l’Autorité palestinienne le 15 janvier2005. A Ramallah, on n’a pas su se mettre d’accord sur le terme de sa mission,prévue en 2009 ou en 2010. Mais, quoi qu’il en soit, depuis, les échéances descrutin ont été balayées les unes après les autres, dont deux cette année. Leministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman voudrait bien que la communautéinternationale pousse Abbas vers la sortie et qu’un scrutin soit fixé, mais sesefforts sont restés vains pour l’instant. Quant aux protestationssocioéconomiques entamées dans les territoires palestiniens, elles visentd’abord le Premier ministre de l’AP, Salaam Fayad. Saurontelles provoquer uneélection longuement attendue ?

6. Bashar Assad s’est accroché Les rapports fontétat de plus de 30 000 morts en Syrie. Mais la communauté internationale laissele président alaouite en place.

7.
Les haredim ne sont pas enrôlés Certains y ont cru : le jour suivant le 31juillet, datebutoir fixée par la Cour suprême, la loi pour la circonscriptionuniverselle devait passer et Tsahal allait se rendre illico à la yeshiva dePonovezh, à Bnei Brak et mettre une arme au bras de chaque étudiant. Mais le1er août est arrivé et il ne s’est rien passé. Depuis, on travaille à unesolution en coulisses. L’armée a présenté ses recommandations au ministre de laDéfense Ehoud Barak il y a trois semaines sans que de nouvelles informations netranspirent dans la presse depuis. Liberman a promis de remettre la question àl’ordre du jour à la rentrée de la Knesset en octobre.

8. Les émigrés africains n’ont pas été expulsés massivement Le ministère del’Intérieur Eli Yishaï avait pourtant défrayé la chronique en promettantd’expulser quelque 50 000 Erythréens arrivés illégalement en Israël. Mais trèspeu ont en réalité quitté le pays, et Strangers No more, un documentaireaméricain sur des enfants d’immigrants à Tel-Aviv passibles d’expulsion, aremporté un Oscar. La barrière de sécurité sur le point d’être achevée à lafrontière égyptienne a significativement fait baisser le nombre d’infiltrésmensuels, mais ceux qui étaient déjà là, le sont restés.

9. Olmert reste un homme libre Il apparaissait comme certain que l’une des deuxaffaires, Rishon Tours et Talansky, enverrait l’ancien Premier ministre EhoudOlmert en prison. Mais le Tribunal de Jérusalem a vu les choses différemment etOlmert a été acquitté dans les deux cas. Il a été condamné pour le crime mineurd’abus de confiance mais, la cour ayant décidé qu’il n’y avait pas manquement àla probité, le politicien pourra toujours revenir aux affaires s’il sortblanchi du procès Holyland, toujours en cours. Un sondage du Jerusalem Postavait montré qu’il serait même élu haut la main.

10. Israël n’a pas gagné de médaille olympique Les véliplanchistes, Lee Korzitset Shahar Tzouberi, et le perchiste Alex Averbouch avaient fait naître lesespoirs d’une médaille israélienne à Londres. Mais ils sont rentrés les mainsvides. Le coach de basket israélien David Blatt a remporté le bronze, mais ilentraînait l’équipe russe. Pour se consoler, certains compteront la médailled’or de la Néo-Zélandaise Jo Aleh parce que son père vit en Israël et que ses deuxparents ont fait l’armée. Mais la première vraie médaille d’or à Londresrevient au joueur de tennis Noam Gershoni, dont la victoire a permis enfin à laHatikva de résonner sur le stade paralympique. Les déçus des J.O. se sontréconfortés avec le succès du joueur d’échecs Boris Gelfand, qui a fini secondaux championnats mondiaux. Il a presque terminé à la première place. Ce“presque” qui fait le symbole israélien de 5772, l’année où des tas de chosessont “presque” arrivées.