Jérusalem, ville fortifiée, mais protégée ?

La question d’une éventuelle attaque contre l’Iran est omniprésente. Mais qu’en est-il de la situation du pays pour protéger les civils, en particulier dans la capitale trois fois sainte ?

protection (photo credit: Reuters)
protection
(photo credit: Reuters)

Au cours du mois d’août, le centre commercial Canyon Adar de Talpiot a étépris d’assaut par des clients d’un genre nouveau. Au programme, nulle questionde faire du lèchevitrines, mais plutôt de s’acquitter d’une tâche autrementplus significative : venir récupérer un masque à gaz. Car depuis la guerre duGolfe, ce dernier avait bien souvent disparu des placards.

Le programme de distribution a été mis en place par Tsahal en 2010. Avec pourpremière ambition : équiper toute la population israélienne d’ici 2013. Unprojet revu à la baisse car l’équipement fait défaut. En réalité, en janvierprochain, seuls 58 % des habitants devraient en être dotés.

A Jérusalem, les convocations sont parvenues de façon aléatoire. Certainshabitants les ont reçues par la poste, à domicile. D’autres non. Unéchantillonnage inexpliqué. Il était toutefois possible de se présenter austand de son propre chef, encore fallait-il en avoir été informé. Surprésentation d’une pièce d’identité, on recevait alors l’équipement. Pourl’heure, la distribution est terminée à Jérusalem, elle se poursuit dansd’autres villes du pays, en particulier à Tel-Aviv et la région centre. Ladistribution des masques à gaz est faite en coopération entre Tsahal et la compagniede poste israélienne.

Plusieurs catégories existent, en fonction de l’âge de la personne. Des masquesà gaz spécifiques à destination de personnes souffrant de différentes maladiesphysiques ou mentales sont également disponibles. Pour ceux qui ne souhaitentou peuvent se déplacer, il est possible de faire une demande de livraison, en déboursant25 shekels.

Pas assez de masques à gaz ?

Les premiers kits de protection individuels avaient été distribués lors dela guerre du Golfe, en 1990. Jusqu’en 2003 les forces de défenses passivesétaient en charge de l’entretien des masques. Mais avec les années, leséquipements se dégradent et perdent de leur efficacité. Ils doivent donc êtreremplacés.

Entre 2007 et 2008, les masques obsolètes avaient été récoltés. L’objectifétait de les rénover dans l’optique d’une future distribution. D’où le programmelancé en 2010. Mais parallèlement, la démographie a augmenté, une grande partiede la population n’est donc plus équipée. Un manque qui se traduit par deuxconséquences.

Tout d’abord, il faut produire, et vite. Plusieurs millions de masques à gaz.Les usines qui les fabriquent ne peuvent suivre le rythme. Selon lesestimations, il faudrait deux ans supplémentaires pour équiper la totalité des7,8 millions d’Israéliens. Un délai qui est loin de rassurer les autorités encas de conflit imminent. Autre problème : le coût. Durant plus d’un an, leministère de la Défense et celui du Trésor se sont opposés sur le budget àdébloquer. Ce n’est qu’en mai dernier que le gouvernement a finalement validéun budget de 80 millions de shekels. Un bon pas, certes, mais insuffisant. Troismois plus tard seulement, en août, la situation nécessitait déjà de voter unnouveau financement.

Qu’en est-il des abris antibombes ?

Hormis l’insuffisance des masques à gaz, un autre sujet préoccupe lesautorités : les abris antibombes. Selon plusieurs études, leur nombre esttotalement insuffisant en Israël. 25 % des Israéliens ne posséderaient pasd’abris dans leur appartement ou à proximité. A Jérusalem, la situation estcritique. 202 abris publics ont été recensés dans la Ville sainte, la plupart,construits dans des quartiers qui datent d’avant 1967.

Les autorités locales et la défense passive ont souvent été en désaccord poursavoir à qui revient l’entretien des abris dans les villes. En août dernier, unnouveau projet de loi a été promulgué, qui transfère la responsabilité desabris des forces passives aux autorités locales. A Jérusalem, c’est ledépartement des urgences et de la sécurité de la municipalité de la ville quien a la charge.

En 1967, il a été décidé que toutes les nouvelles constructions ou immeublesd’habitations seraient équipés d’un abri collectif sécurisé. Ils sont alorspris en charge par les résidents. Depuis 1991, les nouvelles constructions sontobligatoirement dotées d’une pièce sécurisée, le Mamad (d’après les initialesde Merhav Mougan Dirati - chambre forte d’appartement), en plus des abris. Maisdans la capitale, énormément d’immeubles sont antérieurs à cette initiative.Tout logiquement les quartiers les plus récents sont les mieux équipés : Ramot,Gilo, Pisgat Zeev, Ramat Eshkol.

Le conseiller municipal Elisha Peleg est conscient de cette insuffisancesécuritaire à Jérusalem. Dans certains quartiers, les abris publics sontinexistants, dans d’autres, bon nombre nécessitent d’être rénovés. Et biensouvent, ils sont tout simplement fermés pour leur éviter d’être détériorés ouréquisitionnés par de jeunes squatteurs ou des dealers. En cas de tensions oude conflits imminents, les agents de la municipalité doivent alors faire letour des abris pour les ouvrir à la population. Un abri public peut contenirjusqu’à 150 personnes.

Qu’il soit public ou privé, les abris s’entretiennent. Dans les immeubles, lesabris collectifs sont souvent laissés à l’abandon. Il suffit toutefois dedégager les lieux, de donner un bon coup de balai et de déposer lesapprovisionnements et équipements (eau, vivres) pour rendre à l’endroit savocation première et lui conférer un certain confort, même spartiate. Personnene se voile la face et tout le monde en est conscient : à l’heure actuelle, iln’y a ni assez d’abris, ni assez de masques à gaz pour tous. Mais à Jérusalem,comme dans le reste du pays, l’angoisse ne semble pas de mise. En ces veillesde fêtes, les Israéliens affichent une foi et une confiance inébranlables dansleur pays pour les protéger. 

Pour toute information sur la distribution desmasques à gaz  http://magen.israelpost.co.il/abach/AnswersPageEn.aspx


Les différents types de masques à gaz

■ BARDAS : Destiné aux plus jeunes, il fonctionne sur un principe depressions. Englobant toute la partie supérieure de l’enfant, il protège sesorganes respiratoires et sa tête, permettant un champ de vision très large. Lekit entier contient le masque, le filtre, la pompe, un sac à dos, un chalumeauet la notice d’utilisation. Il est valable 15 ans.

■ MAMTAK : Ce système de protection est utilisé par les nourrissons et lesjeunes enfants. C’est une nouvelle méthode en vue de remplacer la protectionBardas. Sur le même principe de pression que le précédent il protège lesparties respiratoires et la tête de l’enfant. Il est facile à enfiler et àporter.

■ MASQUE À GAZ NOIR : Ce kit de protection est distribué aux adolescents etadultes. Il est disponible en trois tailles différentes. (Petite : 8 à 14 ans); moyenne (la majorité de la population, à partir de 14 ans et plus) ; largepour des adultes avec des visages forts. Le masque est ajusté individuellement.L’équipement contient également le filtre, un chalumeau et les instructionsd’utilisation. Les Israéliens peuvent le garder pour une durée de 23 ans.

■ EVEN SAPIR : Il s’agit d’une nouvelle méthode de protection. Protection étancheenglobant toute la tête. Il n’est distribué qu’en cas réel d’attaque.