La fontaine de Jouvence de Netanya

Elle a pour objectif de devenir une destination balnéaire de premier plan. Netanya s’est donc lancée dans une large entreprise de rénovation, bien décidée à faire peau neuve

netanya (photo credit: (© Avec l’aimable autorisation de la Société de dé)
netanya
(photo credit: (© Avec l’aimable autorisation de la Société de dé)

Nouveau visage.Depuis la série d’attentats de 2002-2003, dont celui tristement resté célèbre dePessah au Park Hotel, Netanya peine à attirer les touristes, que ce soit en soncentreville, sur la place de l’Indépendance, la Promenade de la rue Herzl, lecentre commercial ou encore la plage.

Cherchant à inverser la tendance, la municipalité de la ville côtière s’estlancée dans un large projet de rénovation urbaine. Une fois les travauxachevés, le centre-ville deviendra une véritable vitrine des lieux, tant pourles touristes que pour les habitants du quartier.
En cours depuis un an, le projet a démarré par les rues Krause, Hanotea et TelHaï pour se concentrer désormais sur la place de l’Indépendance (Haatsmaout).
Il continuera le long de la rue Dizengoff, jusqu’aux boulevards Weizmann etBinyamin, sans oublier le marché.
Alvit Froind, chef de projet au département de développement urbain de laville, raconte les débuts : “En réalité le projet a commencé en 1986, lorsquela Promenade entre les rues Hamelech et Dizengoff a été créée”. Depuis desdécennies, les principaux sites d’attraction de Netanya sont : la plage et laplace de l’Indépendance, deux sites qui grouillent de touristes pendant lapériode estivale. La place était également le lieu de prédilection des troupesde la FINUL lorsque leur régiment était déployé dans le nord d’Israël. Elle estbordée de nombreux restaurants et cafés. Son centre est occupé par une grandefontaine, et sur le côté, on peut apercevoir le célèbre hôtel Goldar. Laterrible explosion de gaz de juin 2011, où trois Françaises et un employé derestaurant ont trouvé la mort, n’a rien à voir avec les travaux, prévus depuislongtemps, ajoute Froind.
“La vieille fontaine sera déplacée près du parc, à l’extrémité de la place”,explique Moti Pinhassi, en charge des relations du projet de rénovation avecles commerces locaux, “pour que les gens gardent un souvenir du passé”.
Au terme des travaux, dans 12 mois et après plus de 100 millions de shekelsinvestis, une nouvelle fontaine sera érigée à la place de l’ancienne. Unepremière du genre à Netanya avec des jets d’eau synchronisés par ordinateur,illuminés de multiples couleurs la nuit. A ses côtés, un “bassin écologique”contiendra des plantes aquatiques et des poissons tropicaux. “La fontaineinformatisée sera appelée la Fontaine Interactive, et de larges écrans plats permettrontaux touristes de s’informer sur les dernières attractions de la ville”.
Autre zone phare du projet : la rue Herzl. Un secteur, avec la place del’Indépendance, auquel Mme la Maire (Myriam Fierberg) tenait particlièrement.
Les bureaux municipaux, logés pour le moment au sud de la ville, rue Tzoran,feront leur retour au centre, à proximité du Centre culturel de la rue Raziel”.
Au final, les travaux couvriront six avenues du centre-ville, bordées par larue de Jérusalem au sud, la rue de Milhemet Sheshet Hayamim au nord, la routede la Plage (l’Autoroute 2) à l’est et la mer Méditerranée à l’ouest.
Un nouveau départ pour la ville

Les rénovationsrépondent non seulement à des critères esthétiques, mais aussienvironnementaux. L’eau utilisée dans les fontaines sera constamment filtrée etredirigée pour éviter tout gaspillage. Les systèmes d’éclairage seront de basseconsommation. “Le bassin de poissons sera un lieu de calme et de méditationpour les habitants”, explique Froind.
Quant aux conséquences des travaux pour les commerçants, Pinhassi temporise :“Ils coopèrent avec le projet en rénovant leurs propres vitrines. On les yencourage, et ils comprennent bien que cet investissement sera amorti. Plus de5 millions ont été débloqués pour améliorer les zones commerciales. Lespropriétaires de magasins engrangeront des bénéfices importants, une fois lestravaux achevés”.
Les avis des employés locaux sont partagés. Yitzhak Hayoun, propriétaire duTavas Coffee Bar au 8 place de l’Indépendance, très apprécié des Français deNetanya et des touristes, est satisfait. “Il était temps de rénover. Cela vautla peine d’attendre que tout soit fini, en dépit des inconvénients actuels”.
Au restaurant Batzal Yarok, célèbre pour son “café du matin” sur la place, laserveuse Noga approuve : “Oui, je pense que ce sera un grand progrès quand cesera fini. Le coin n’était pas très joli avant, et le projet nous aiderabeaucoup même si maintenant le bruit et la poussière sont désagréables”.
Mais David Kuter, propriétaire du Pundak Hayam, un vieux restaurant degrillades de la rue Harav Kook, est d’un autre avis. “Ce n’est pas la premièrefois que la ville entreprend des travaux ici.
Cela crée bon nombre de perturbations car les clients ont du mal à accéder auxcommerces”, explique-t-il. “Les habitants fuient le centre de Netanya à causedes travaux et privilégient à la place les centres commerciaux, comme Yacin, àRamat Poleg ou Ir Yamim.
Et d’ajouter : “Les choses ont changé ici, et pas dans le bon sens”. Sonrestaurant, qui existe depuis les années 1960, était l’un des plus fréquentésde la ville.
Plutôt comme la Riviera que Tel-Aviv
Eli Saadian, de l’agence immobilière Re/Max à Netanya, explique que laville est moins appréciée des touristes aujourd’hui.
“Je me souviens d’une époque où tous les touristes étrangers venaient ici toutel’année, mais c’est bien moins le cas maintenant. Cela devient trop cher poureux de séjourner en Israël, ils vont en Grèce ou en Turquie”. Et d’ajouterquand même que la ville est prise d’assaut durant les fêtes de Pessah et deSouccot, en particulier par des touristes anglais et français.
Saadian se rappelle bien des attentats à Netanya entre 2002 et 2003. “Nousavons connu 8 attaques à cette période, cela a été très mauvais pour le commerce.Si nous avons survécu à cela, nous pouvons bien résister aux travaux. Mais mêmeavec la rénovation, la région ne sera jamais aussi attractive que quand j’étaisenfant”.
La famille d’Avidan Yaaris tient un petit commerce d’électroménager, rue Herzl,qui a vu le jour bien avant l’ouverture du restaurant Pundak Hayam. Pour ce quiest de l’impact des travaux, Avidan ne s’avance pas. “Attendons d’abord de voirce qui se passera quand tout sera achevé”, dit-il. “La mairie veut fermer tousles commerces pour une courte période afin de faire de rénover le trottoir.Mais quand tout sera fini, ça devrait être joli et propre. Il fallaitentreprendre ces rénovations, le coin n’était plus très en phase avec sontemps”.
Un passant ajoute : “On voit bien que Fierberg fait beaucoup pour améliorer cequartier, c’est une vraie balabusté (femme de poigne)”.
Pinhassi se défend des inconvénients causés par les travaux : “C’est loind’être aussi difficile que les désagréments occasionnés par la construction dutramway à Jérusalem ou différents projets de rénovation à Tel-Aviv”.
Le but est-il désormais de concurrencer la Ville blanche ? “Netanya estdifférente de Tel-Aviv”, reprend le conseiller, “seuls quelques endroits sontouverts le Shabbat, comme certains restaurants non casher et de rares cafés.S’il y a une demande du public, nous ferons en sorte que d’autres commerces ducentre restent ouverts. Mais nous ne voulons pas faire de Netanya une ville quine s’arrête jamais, comme Tel-Aviv. Nous voulons en faire une destinationbalnéaire, comme la Riviera, où les visiteurs et les locaux pourront venir sedétendre dans une atmosphère paisible”.