Limoud 2014, forum de la vie juive en France

Limoud est un rendez-vous unique dans le paysage juif français, le seul capable de réunir en un même lieu des Juifs de toutes tendances cultuelles, culturelles, politiques ou sociales

Logo du Limoud (photo credit: DR)
Logo du Limoud
(photo credit: DR)

Limoud a réuni 600 personnes (dont 350 pour un shabbat plein) du 28 février au 2 mars avec un programme de 150 sessions. Au lieu d’assister à un office orthodoxe, massorti ou libéral, on pouvait aller à un cours de tai-chi ou d’autohypnose sans que cela ne choque personne.

Limoud a été créé en Angleterre il y a plus de 30 ans, et en France en 2006, par Ruth Ouazana à qui lui ont succédé Michael Ouazana et Elie Lobel. Limmud International rayonne sur les 5 continents. En Israël, Limmud Arava s’est déroulé mi-février et Limmud Tel-Aviv se prépare déjà pour février 2015 sous la direction de Tal  Grunspan.
Limoud n’est pas un colloque supplémentaire pour Juifs pratiquants, mais un lieu d’échange exceptionnel et rafraîchissant qui attire un grand nombre de Juifs n’utilisant aucune structure communautaire. C’est un parfait exemple d’une nouvelle exigence des Juifs de France qui ne trouvent parfois de réponse à leurs aspirations  dans les structures communautaires classiques.
Les dirigeants de l’organisation, tous bénévoles, définissent leur concept comme le forum de la vie juive, ou le kibboutz de la connaissance. On pouvait croiser dans les salles des Juifs définissant leur identité juive de manière parfois radicalement opposée. L’un se disait juif en fonction de son attachement à la Torah et à la  pratique religieuse, l’autre par rapport à la Terre d’Israël ou encore par la culture juive.
Dans un séminaire classique, un intervenant arrive au moment de sa session, puis part une fois celle-ci terminée. Or ici, l’intervenant d’un moment devient simple participant l’heure suivante. Ainsi, des échanges d’une extrême richesse intellectuelle peuvent intervenir dans un débat, les couloirs ou les repas. Le Limoud, l’étude au  sens religieux du terme, a été traité par Rav Yeshaya Dalsace (Moïse et le blasphème), Rav Elie Lemmel et Géraldine Azoulay (Regards croisés sur la problématique du divorce religieux en France), ou Mickhael Benadmon (L’amour ne dure que 3 jours). La politique a été abordée par Norbert Lipszyc (Géopolitique de l’eau au  Proche-Orient), Josiane Sberro (Faut-il avoir peur de l’intégrisme juif ou la déligitimisation d’Israël par la désinformation organisée) ou Charles Meyer (Pourquoi les négociations israélo-palestiniennes sont vouées à l’échec). La culture a été abordée par Nellu Cohn (Tel Aviv Live, l’art et la culture à TA, passé et présent), Antoine  Spire (Comment articuler les dimensions culturelles, religieuses et institutionnelles du judaïsme) ou Mireille Hadas-Lebel (Juif ou philosophe).
L’antisémitisme et l’antisionisme furent évidemment à l’honneur, notamment à propos de la déferlante de haine sur Internet par Bernard Musicant et Denis Ktorza (Peut-on combattre le  racisme sur Internet et comment) ou Jonathan Uzan (Guerre numérique, la culture de l’antisémitisme).
L’identité des Juifs de France et le Sionisme furent un des axes importants avec des interventions de Dov Maimon (Douze nouvelles façons d’être Juif au XXIe siècle – perspectives internationales), Ariel Kandel (Israël ! Une question de sionisme ? Une réponse à la crise économique ? Une réponse à la quenelle ?) Simha Felber  (WZO), ou le président de l’UEJF Sacha Reingewirtz (Habitants juifs de France, le risque de l’autre).
Un focus a été donné sur l’Inde avec par exemple l’intervention de Mme Maina Singh (Being Indian, Being Israeli) sur les olim en provenance du continent indien.
Un des temps forts fut la conférence commune des ambassadeurs d’Inde Shri Arun K. Singh et d’Israël Yossi Gal sur les relations économiques israélo-indiennes. L’un et l’autre ont parlé de la coopération des deux pays dans les domaines de la technologie, de l’eau ou de la sécurité et de la proximité des deux cultures.
Un jeune couple se souviendra longtemps de cette excellente cuvée 2014 de Limoud, car ce shabbat voyait la fin des sheva brakhot. Une salle de 350 personnes les a accompagnés de leurs prières et de leurs vœux de bonheur.
Les participants sont repartis heureux et de nombreux contacts ont été pris, pour se revoir amicalement, ou monter des projets militants.
L’ambition des dirigeants de Limoud est à la hauteur de leur succès. Chaque année, l’hôtel entièrement privatisé à cette occasion affiche complet plus d’un mois avant la date de la Conférence nationale, et les 15 salles de conférences sont remplies lors des sessions.
Un hôtel plus grand sera cherché, pour permettre à Limoud d’attirer plus de public avec un programme encore plus diversifié.
Des événements de plus courte durée pourraient être organisés comme dans le passé avec une journée à Paris ou en province afin d’entretenir la flamme jusqu’à la prochaine conférence nationale.
Limoud 2015 est déjà fortement attendu, du 27 février au 1er mars 2015. 
Détails sur www.limoud.org