Quand le Bauhaus dicte sa loi

Le centre-ville de Tel-Aviv est incontestablement “in” !

tel aviv (photo credit: Agence Re/Max)
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(photo credit: Agence Re/Max)

Bordé par la mer Méditerranée à l’ouest, la rue Ibn Gvirol à l’est, la rueAllenby au sud et la place Dizengoff au nord : le centre-ville de Tel-Aviv a sufaire son trou. Autrefois foyer culturel, commercial et économique de la ville,il constituait également son quartier résidentiel le plus haut de gamme. Maistout bascule dans les années 1950. Le nord de la ville s’impose alors sur ledevant de la scène ; et les magasins de mode sont les premiers à déménager.Suivis de près par les immeubles d’habitation. Ces derniers temps, toutefois,la tendance semble se renverser, au moins en ce qui concerne les zonesrésidentielles. Principal objet de ce revirement : le Bauhaus.

La fin des années 1980 marque un regain d’intérêt international pour le styled’origine allemande. Et si l’architecture du centre-ville de Tel-Aviv estéclectique, le Bauhaus continue de dominer le paysage urbain. La Ville blanches’impose rapidement comme la capitale mondiale de cette construction bien àelle.

Le Bauhaus trouve son origine en Allemagne. Basé sur des lignes épurées, il secaractérise par l’absence d’ornements et de façades ostentatoires ; ainsi quepar l’harmonie entre le fonctionnalisme et les moyens artistiques et techniquesde fabrication. Il utilise les courbes et les forces de la nature, enparticulier pour positionner un grand nombre de fenêtres et maximiser lalumière et le flux d’air. La conception se veut simple et agréable à l’oeil.

Durant les années 1925 à 1940, des milliers d’immeubles de ce type sontconstruits en Allemagne. Et dans ce laps de temps, avec la montée d’Hitler aupouvoir, le nombre de Juifs qui émigrent en Palestine augmenteconsidérablement.

Ces nouveaux venus d’Europe centrale et de l’Est apportent avec eux leur talentet leur savoir-faire. Des bâtiments sont dès lors construits à Jérusalem Haïfa,et surtout Tel-Aviv.

La faute au gel des loyers

L’intérêt accru pour les propriétés Bauhaus de la région en augmenteautomatiquement leur valeur. Les entrepreneurs achètent des immeubles entiers ;les restaurent et revendent les appartements à des prix très élevés. La zoneacquiert ainsi ses lettres de noblesse. Le quartier surfe sur la tendance et attiredes familles aux revenus élevés.

“En ce moment, le centre-ville de Tel-Aviv est indéniablement à la mode”,précise Shaoul Assoulin, de l’agence immobilière Re/Max de la ville. “Cettezone, qui vaut à Tel- Aviv son surnom de Ville blanche, est très demandée.

L’offre étant très limitée et la demande soutenue, les prix grimpent enflèche.”

Pour l’heure, les coûts sont stables, avec une tendance à la hausse, enadéquation avec l’état global du marché immobilier. D’après Assoulin, leurvaleur va encore grimper à l’avenir. Et de fait, de luxueuses toursd’habitation sont en cours de construction en périphérie du centre-ville. Le contraste avec les bâtiments existants est frappant. Vieux, délabrés, et pas plus hauts que trois étages, ceux-ci ont étéconstruits dans les années 1920 et 1930. Et ne sont généralement pasentretenus.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les Britanniques avaient procédé au geldes loyers de l’ensemble de l’Empire britannique. Objectif : prévenir toutmouvement de spéculation durant les années de guerre. La loi - qui s’appliquaitégalement en Palestine - a été maintenue après la création de l’Etat d’Israël,en 1948. Les propriétaires récoltaient des loyers dérisoires et ne pouvaient sepermettre de faire les réparations nécessaires. L’état général des propriétéss’en ressent. Jusqu’à ce jour.

Un dernier étage pour 200 millions de shekels 

L’immobilier du centre-ville de Tel-Aviv peut être grossièrement divisé enquatre catégories 

1 - Appartements dans des immeubles anciens, malentretenus.

2 - Appartements dans des immeubles anciens, bien entretenus.

3 - Appartements dans des immeubles d’époque, restaurés

4 - Appartements dansdes immeubles modernes D’après les agents spécialistes de la zone, les prix despropriétés varient de 9 000 à 15 000 dollars le mètre carré.

Un appartement de deux-pièces de 60 mètres carrés, dans un vieil immeubledélabré coûte en moyenne 1,6 million de shekels. Un trois pièces est estimé à1,9 million de shekels ; et un quatre pièces vaut 2,2 millions de shekels.

Un appartement établi sur un toit, généralement petit - de deux à trois pièces- est généralement vendu 2,5 millions de shekels. Ces biens n’ont ni parking,ni ascenseur et sont souvent situés au 3e ou 4e étage.

Dans un bâtiment, vieux sans être vétuste, les prix d’appartements similairesse voient grossis de 5 % supplémentaires. Dans un immeuble restauré, il faut compter 20 % de plus.

A l’heure actuelle, les appartements de deux ou trois pièces sont très en voguechez les acheteurs d’outre-mer. Ils privilégient les propriétés proches de la mer, ce qui engendre uneaugmentation de la valeur des habitations de l’ouest du boulevard Rothschild. Lazone est également très prisée des habitants locaux.

Elle séduit en particulier les résidents un peu bohèmes, tandis que d’autresauront tendance à faire l’acquisition d’appartements de bâtiments rénovés quipeuvent facilement coûter plus de 2 millions de dollars. 

La région abrite en outre un grand nombre de nouveaux projets. Le premier, “LevTel-Aviv” (Le coeur de Tel-Aviv) a été construit il y a une dizaine d’années.Autre chantier de grande ampleur : la Tour de la Ville blanche, la Tour Habas,située sur le début du boulevard Rothschild. Enfin, le Meyer, un immeuble de 39étages érigé à l’angle des rues Rothschild et Allenby, appose sa signature auquartier.

Les clients potentiels de ces hauts bâtiments sont très aisés, qu’ils soientdes habitants locaux ou des acheteurs de l’étranger.

Les 20 premiers étages de la Tour Meyer ou de sa voisine de Rothschild sontréservés aux appartements “standards”, estimés entre 15 000 et 20 000 dollarsle mètre carré. Les étages supérieurs sont dédiés aux plus fortunés. Chaqueniveau est divisé en quatre espaces de 200 mètres carrés, et agencé au gré del’acheteur.

Un acquéreur français a ainsi fait l’acquisition d’un triplex pour 90 millionsde shekels, et un bourgeois russe a négocié l’appartement du dernier étage. Pourla bagatelle de 200 millions de shekels.