Service hôtelier Made in France

Alors que l’industrie du tourisme n’en finit pas de fleurir en Israël, Vatel a décidé d’importer en Terre promise son expertise en matière d’hôtellerie

hotellerie (photo credit: DR)
hotellerie
(photo credit: DR)

Même à l’autrebout du monde, la France brille par son charme, et son savoir-vivre. Chaqueannée, elle attire près de 80 millions de visiteurs, qui font du tourisme l’unedes principales branches d’activité de son économie.

Mais si l’on se penche un peu sur l’industrie touristique, on remarque aussi lamontée fulgurante du petit pays qu’est Israël. L’Etat hébreu ne manque pasd’attraits. A son actif : déserts, montagnes, trois mers. Sans compter lessites historiques qui jalonnent ses grandes villes comme ses petites bourgades.On comprend dès lors qu’Israël accueille chaque année de plus en plus devisiteurs : 2,7 millions en 2009, et une année record de plus de 3 millions en2011. Avec en point de mire, une estimation de 4,2 millions de touristes en 2012et de 5 millions en 2015, voire plus, si affinités.
En Israël, le secteur du tourisme est en pleine expansion : il ne connaît ni lacrise, ni le chômage. En mars dernier le gouvernement israélien a même signéles accords “Ciel ouvert” qui permettront à toutes les compagnies aérienneseuropéennes, y compris les compagnies low-cost, de programmer des vols àdestination de l’Etat hébreu dès 2017.
Si on ajoute à cela l’effondrement du tourisme au Maghreb et l’afflux croissantdes pèlerins chrétiens, de très belles perspectives s’offrent à Israël.
Problème : le pays doit se préparer à accueillir une telle manne de visiteurs.Une augmentation de 19 000 chambres est prévue d’ici 2 ans. Et un peu partout,les hôtels se construisent, s’agrandissent et le secteur recrute.
La véritable question concerne surtout la main-d’oeuvre qualifiée. Le servicen’est pas à proprement parler le point fort de l’Etat hébreu. Une desexplications : il n’existe pas d’écoles hôtelières à proprement parler enIsraël. Tout au plus, quelques lycées professionnels ou de rares établissementsà Eilat ou Tibériade. Et c’est là que la France peut s’avérer un précieuxallié.
Une niche en or

L’école hôtelière Vatel, par exemple, a ainsi flairé uneopportunité. Cet institut français de formation professionnelle spécialisé dansle secteur et créé en 1981 par Alain Sebban, a choisi de s’implanter en Terrepromise. Son premier établissement ouvrira ses portes à Tel-Aviv, à partird’octobre prochain.

Son siège, à la renommée internationale, est implanté à Lyon, ville voisine dePaul Bocuse et de la Suisse. Et son nom renvoie au célèbre maître d’hôtel del’époque de Louis XIV, François Vatel. Une façon de souligner la rigueur et laqualité du service français depuis plusieurs siècles. Chaque année, ce sont 6000 étudiants qui s’inscrivent dans les 30 établissements de la chaîne, de parle monde. Ils s’appuient en outre sur un important réseau d’anciens étudiants.
“Le problème premier, c’est la formation : en Israël, l’hôtellerie a longtempssouffert d’une mauvaise image. On apprend le métier sur le tas, et souvent leservice laisse à désirer”, explique Lionel Bobot, directeur de la nouvelleunité Vatel tel-avivienne. Ce spécialiste de l’agroalimentaire a enseigné lesrelations entre gastronomie et politique à l’Ecole nationale d’administration.Depuis son alyah, il cherche à combler un manque en Israël. “Nous sommes làpour répondre à un besoin, alors que le marché est en pleine expansion. C’estune véritable industrie, très rentable”, poursuit-il.
Le cursus proposé par Vatel dure cinq ans. L’unité israélienne fonctionnera enpartenariat avec l’Institut français de Tel-Aviv où seront dispensés les coursthéoriques. Pour l’heure, la formation s’arrête à la troisième année, avec uneprobable extension vers un master, d’ici peu. Au programme : cours de businesset management, de savoirvivre, de culture.
Selon Lionel Bobot, la formation privilégie l’application pratique : 50 % dethéorie, 50 % sur le terrain par le biais de longs stages. Les étudiants obtiendrontdes diplômes français et internationaux. “Nous passons les accréditationsisraéliennes, et nous restons dans les normes internationales”, précise Bobot.
Une trentaine d’étudiants inaugureront la première promotion de Tel-Aviv,recrutés sur la base d’un dossier et d’un entretien de motivation. A terme, ladirection prévoit un total de 300 étudiants répartis sur les cinq années ducursus : “Nos effectifs sont limités via un processus de sélection. Nous nevoulons pas saturer le marché”, explique le directeur.
Des débouchés assurés

Car l’école se veut pleinement adaptée au marché del’hôtellerie : “notre objectif premier, c’est le débouché professionnel. Lesjeunes sont formés pour être des cadres de l’hôtellerie”.

Pour cela, Vatel a développé des partenariats avec les grands hôtels du monde :“Les implantations de nos écoles suivent le monde hôtelier. On ne s’installepas sans partenariat avec de grands hôtels qui absorbent ensuite presque 100 %des étudiants.”
En Israël, la coopération a été mise en place avec l’hôtel DavidIntercontinental, sur la côte de la Ville Blanche, à la clientèlemajoritairement française et américaine. Pour commencer, l’établissement Vateldevrait former à Tel-Aviv des étudiants principalement francophones, notammentfranco-israéliens. “Puis nous intégrerons de plus en plus de natifsisraéliens”. L’enseignement est trilingue : français, anglais et hébreu.
Hormis le charme propre à la ville côtière, quelles motivations pousseraientles étudiants à intégrer l’école Vatel de Tel-Aviv, plutôt que de se rendredans un établissement suisse par exemple ? Plusieurs éléments entrent en jeu. Acommencer par le coût relativement raisonnable des études : 5 000 euros par an,contre une moyenne de 10 000 euros dans les écoles parisiennes et 30 000 pourcelles de Suisse.
Autre avantage de Vatel : des stages rémunérés, ce qui abaisse les frais descolarité réels à 1 800 euros par an environ. Les étudiants nouveaux immigrantsbénéficieront en outre de bourses significatives.
Mais le principal atout de cette école, c’est son aspect international. Ainsi,selon le directeur : “Outre l’enseignement intensif des langues, nousfavorisons la dimension internationale grâce aux stages, qu’il est possible deréaliser à l’étranger, et bien sûr aussi grâce au système Marco Polo”. Unsystème qui permet aux étudiants de passer leur deuxième année dans un autreétablissement Vatel de leur choix.
“C’est un système de hub (réseau), car le monde du tourisme est un mondeglobalisé, très multiculturel. Nos étudiants peuvent donc atterrir à Marrakech,puis Bruxelles ou Singapour. Toutes les unités envoient et accueillent desétudiants.”
Oenologie et développement durable

Autre caractéristique de l’école :l’enseignement est adapté aux règles de cacherout. Une grande première dans lemonde de l’enseignement hôtelier, et une chance pour le monde juif. D’autantplus que le marché du casher suit une tendance croissante. Lionel Bobotexplique : “A Tel-Aviv, le rythme israélien et l’apprentissage des règles de lacacherout permettent aux jeunes juifs religieux d’étudier et de travailler dansun univers casher.”

Les cours de gastronomie ont aussi une place privilégiée dans le programme. “Lagastronomie française a été inscrite à l’Unesco. La France dispose d’un savoirunique que nous voulons transmettre à nos étudiants”, explique le directeur. “Ilfaut savoir qu’une activité hôtelière comme le David Intercontinental, comporteaussi 4 restaurants”, ajoute-t-il.
Arts de la table, du service et gastronomie font donc partie des enseignementsélémentaires. Sans oublier les cours d’oenologie, grande fierté française etisraélienne. Au programme : dégustations de vin casher et grands crus.
“L’histoire du vin israélien a commencé avec le baron français Edmond deRothschild, dès le 19e siècle. Nous disposons de partenariats avec les grandsvignobles israéliens, notamment le domaine du Castel”, explique Bobot.
Les étudiants découvrent aussi les principes du développement durable.“L’écotourisme est en effet très à la mode en Israël, et mérite qu’on s’yintéresse”, déclare le directeur.
Ce dernier tient enfin à souligner le fort soutien du ministère israélien duTourisme qui “a grandement facilité l’installation de l’école à Tel-Aviv”. Enoutre, “l’ambassadeur de France Christophe Bigot et le service économiqueUbiFrance ont été partie prenante du projet.”
A quelques mois de l’ouverture de l’établissement telavivien, Lionel Bobot estdans les starting-blocks. Attentif aux dernières finitions et confiant dans leproduit qu’il s’apprête à lancer sur le marché israélien. Et attend de piedferme la trentaine d’étudiants francophones qui arpenteront en toques blanchesles allées de la Ville blanche, dès octobre prochain.