Un vieux quartier au prix du neuf

Dans le prisé Quartier juif de la Vieille Ville, les prix de l’immobilier sont élevés. Conséquence : les transactions restent limitées

immo (photo credit: Marc Israël Sellem/The Jerusalem Post)
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(photo credit: Marc Israël Sellem/The Jerusalem Post)

Le Quartier juifde la Vieille Ville est infime à l’échelle municipale de la capitale. En sonsein : quelques chanceux 2 500 habitants. Mais en dépit de sa petite taille, iloccupe une position centrale dans la tradition juive.

Beaucoup y voient le lien entre l’antique Jérusalem - qui prospérait avant ladestruction du Temple - et la trépidante capitale actuelle.
Les Juifs ont vécu à Jérusalem de façon plus ou moins continue, depuis l’époquedu roi David. Jusqu’au début du 20e siècle, voire même plus tôt, la majoritédes résidents se concentrait à l’intérieur de l’enceinte protectrice desmurailles. Puis, encouragés par la stabilité sécuritaire, ceux qui pouvaient sepermettre l’acquisition de terrains à l’extérieur des épais murs de pierre sesont empressés de faire construire des maisons, bien décidés à déserter laVieille Ville, alors surpeuplée et insalubre.
Dans les années 1940, la majorité des habitants juifs du vieux Quartier juif seconcentre dans la partie centre-sud de la zone. L’une des quatre zonestraditionnelles de la Vieille Ville. Elle se situe entre le Quartier chrétien,au nord-ouest, érigé autour de l’Eglise du Saint-Sépulcre, le Quartier arménienau sud-ouest, autour de la cathédrale Saint-Jacques, et le Quartier musulman,qui couvre une grande zone de la partie orientale.
Le Quartier juif est aujourd’hui très peu peuplé, en comparaison avec lesépoques passées. Au début du 20e siècle, environ 19 000 personnes y vivaient.
En 1948, dans le cadre de la guerre d’Indépendance, la légion arabe jordanienneconquiert la Vieille Ville. Une grande partie du Quartier juif est alorsdétruite. Dans les années 1960, les urbanistes américains, conjointement avecles autorités jordaniennes de l’époque, souhaitaient transformer le Quartier enjardin. Et au cours des 19 ans que va durer leur administration sur la zone,les Jordaniens vont démolir le tiers des bâtiments.
Le renouveau juif

Quand l’Etathébreu reprend le contrôle de la Vieille Ville, à l’issue de la guerre desSix-Jours, il reconstruit le Quartier juif. En avril 1968, le gouvernement exproprieprès de 13 hectares du territoire, qui composaient le quartier avant 1948, etappartenaient alors en majorité au Waqf musulman.

En 1969, le ministère de la Construction et du Logement met sur pied unestructure gouvernementale, la Société pour le développement du Quartier juif.Son but : la reconstruction de maisons existantes, telles que Batei Mahassé(littéralement “Maisons de refuge”), un complexe construit à la fin du 19esiècle pour abriter les familles juives aux faibles ressources. L’édifice estalors converti en duplex de luxe, et la façade restaurée pour retrouver sonapparence d’antan.
Les bâtiments résidentiels sont également retapés. Vastes et spacieux, certainsabritent des familles aisées : un seul foyer dans ces structures aux intérieursmodernes et extérieurs restaurés. D’autres sont divisés. Et comptent parfoisjusqu’à quatre logements, répartis sur deux ou trois étages, plus le toit. Ilpeut aussi s’agir de deux appartements en rezde- chaussée et deux autres àl’étage.
La Société de développement du Quartier juif a également construit de nouvellesstructures - maisons jumelées ou immeubles dans le style architectural arabeoriental propre à la Vieille Ville. Les propriétés ne sont pas vendues pour unepériode illimitée. Les acquéreurs sont en fait détenteurs d’un bail à longterme de l’Autorité des Terres d’Israël.
La majorité des appartements sont des quatre pièces d’une moyenne de 100 mètrescarrés. Les maisons jumelées sont un peu plus spacieuses.
Des prix répulsifs

Au regard de l’importance religieuse que revêt le Quartier - que beaucoupconsidèrent comme le berceau du judaïsme - adjacent au Kotel, il compte ungrand nombre de yeshivot et de synagogues. La Hourva fait partie des points lesplus connus de la Vieille Ville. Construite en 1701, détruite durant lesaffrontements de la guerre de 1948, elle a été remise en l’état en 2010.
En 1967, avant les massifs travaux de reconstruction entrepris, une équiped’archéologues dirigée par Nahman Avigad de l’Université hébraïque avait menédes fouilles intensives.
Résultat : des trouvailles exposées dans des musées ou en extérieur sur dessites situés pour beaucoup entre deux trois étages sous le niveau actuel de larue.
Quel impact sur l’immobilier ? Selon Rachel Klein, de l’agence immobilièreAnglo-Saxon, les prix élevés freinent incontestablement le volume destransactions. “La demande est très forte”, commente-t-elle. “Ceux qui cherchentà acquérir une propriété dans le Quartier juif sont découragés par les prixirréalistes”.
“La majorité des habitants sont très religieux. Beaucoup d’entre eux sontaméricains. Ce sont souvent de nouveaux immigrants ou des Juifs aisés desEtats-Unis qui veulent une résidence secondaire dans ce qu’ils perçoivent commele centre du judaïsme.”
Une maison familiale de deux étages, avec terrasse sur le toit, et surfacehabitable de 140 mètres carrés, a été mise en vente à 6,67 millions de shekels.Travaux à prévoir.
Les quatre pièces de 100 mètres carrés, construits il y a plus de 40 ans, sontestimés à 3,5 millions de shekels en moyenne ; et un appartement de 70 mètrescarrés dans le centre de Batei Mahassé vaut 1,8 million de shekels.
Enfin, une maison familiale restaurée de 150 m2 sur trois étages a été mise envente à 3,416 millions de shekels. La structure est surélevée par rapport à larue : pour atteindre la porte d’entrée, il faut gravir une quarantaine demarches.