Bibi court-il après Kadima ou l’Iran?

Pourquoi le Premier ministre s’est impliqué dans une manoeuvre politicienne pour faire éclater le parti centriste

bibi (photo credit: Reuters)
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(photo credit: Reuters)

Mardi matin, lafaction Kadima restait intacte. Le parti de 28 députés ne s’est pas défaitmalgré tous les efforts, dans la nuit de lundi 23 juillet, du Premier ministreBinyamin Netanyahou sur la droite et de l’ancienne dirigeante de Kadima, TzipiLivni sur la gauche.

Tzahi Hanegbi, ancien ministre de la Justice qui avait lui quitté la factioncentriste pour le Likoud dès lundi matin, essayait toujours de convaincre les 7parlementaires nécessaires à la scission.
Un autre ancien garde des Sceaux, Haïm Ramon, tentait la même manoeuvre, maisau nom de Livni cette fois, afin de créer un parti qu’elle dirigera. Des deuxcôtés, on mettra tout en oeuvre pour y parvenir avant mercredi soir, jour dudépart en vacances de la Knesset pour 3 mois.

Quatre parlementaires - Otniel Schneller, Avi Duan, Arié Bibi et Yulia ShamolovBerkovich - auraient accepté de rejoindre le Likoud, après s’être vu offert despostes de viceministres dans leur domaine de compétences. Yaacov Edri et NinoAbesadze se seraient désistés au dernier moment.

Le bruit courant dans les couloirs de la Knesset d’élections envisagées parNetanyahou pour octobre a été interprété comme un levier pour faire pressionsur les députés. Des sources proches du dirigeant ont confirmé une faussealerte.

Redevenu chef de l’opposition, Shaoul Mofaz a accusé Netanyahou de vouloircorrompre moralement ses députés. Et d’affirmer qu’il ne forcera personne à rester et que “nous ne voulons pasd’eux dans notre parti”.

Les calculs deBibi

Lundi soir, Netanyahou avouait à ses proches lieutenants du Likoud que lesnégociations avaient échoué lamentablement.
Le Premier ministre qui n’a pas obtenu les 7 nécessaires à la scission asurtout été vu en train de se salir les mains dans de basses manoeuvres. Et dese désoler que cet échec masque médiatiquement ses efforts sincères pourtrouver un compromis sur la circonscription dans les yeshivot hesder. Mais alors pourquoi l’avoir fait ? La première réponse suggérée par son cercleest celle de tous ceux qui sont pris la main dans le sac : il ne pensait pas sefaire prendre.
Netanyahou respecte les aptitudes politiques d’Hanegbi. Il le pensait capablede lui délivrer les 7 députés, et même davantage sans trop de dégâts. Ilprévoyait certes quelques mauvaises “unes” médiatiques pour un jour ou deux,mais celles-ci s’estomperaient, comme toutes les autres.
Le Premier ministre voulait probablement une coalition plus large pour fairepasser la loi sur le service militaire ainsi que le budget 2013.
Mais plus que tout, Netanyahou désirait s’assurer du soutien parlementaire surla question iranienne, quelle que soit sa décision. En quoi le fait des’adjoindre les méconnus du public Duan, Bibi, Shamolov, Berkovich et Schnellerl’aurait aidé ? Tout d’abord, élargir sa coalition lui permettrait de maintenirles prochaines élections générales à distance. Un scrutin qu’il lui faudraitgagner malgré la mauvaise presse de ces deux derniers mois. Et qui pourraitsonner le glas d’Ehoud Barak, son apprécié ministre de la Défense et anciencommandant de Tsahal.
Elargir la coalition à 66 députés empêcherait également les 11 parlementairesde Shas de renverser Netanyahou. Il n’est pas étonnant que Yishaï soit derrièreles rumeurs d’un scrutin avancé.
Si Hanegbi avait ramené avec lui 10 anciens centristes, le parti d’AvigdorLieberman fort de 15 élus (Israël Beiteinou) devenait également moins menaçant.
En outre, Netanyahou voulait ajouter Hanegbi à son cabinet pour son netpenchant à privilégier l’action militaire si toute autre tactique restait vainepour neutraliser la menace nucléaire iranienne. Car c’est bien la Républiqueislamique que le député met en avant pour justifier sa défection, dans un longmanifeste publié sur sa page Facebook : “La stabilité du gouvernement estessentielle pour gérer la chute imminente d’Assad en Syrie, la montée desFrères musulmans en Egypte, la guerre internationale de terrorisme menée par leHezbollah et l’Iran et plus que tout : nous sommes à un moment charnièreconcernant le nucléaire iranien”, a-t-il écrit. “La décision sur ce dossieraffectera nos vies biens plus que tout autre”.