L’enrôlement des harédim approuvé par le conseil des ministres

D’après le député Litzman (JUT), les étudiants de yeshiva préféreront aller en prison plutôt que de s’exécuter.

P4 JFR 370 (photo credit: Reuters)
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Le conseil des ministres et la commission ministérielle pour la législation ont approuvé le projet de loi d’enrôlement des harédim dans l’armée pour 2017, dimanche 7 juillet. Projet de loi adopté à 14 voix contre 0, et 4 abstentions : celles des ministres d’Israël Beiteinou, Itzhak Aharonovitch à la Sécurité publique, Yaïr Shamir à l’Agriculture, Sofa Landver à l’Intégration, et celle d’Ouri Ariel, ministre de la Construction et du Logement de HaBayit HaYehoudi. Les ministres du parti russophone se sont abstenus car le projet de loi ne prévoyait pas de dispositions pour l’enrôlement obligatoire des Arabes israéliens à une forme de service national.
Prochaine étape : une première lecture à la Knesset mercredi prochain. Après quoi, le projet passera par un comité spécial dirigé par la députée Ayelet Shaked de HaBayit HaYehoudi, pour une nouvelle délibération. Le Premier ministre Netanyahou, au début de la réunion hebdomadaire du cabinet, a précisé que la transition se ferait progressivement, avec la « prise en compte des besoins particuliers de la population ultraorthodoxe. » Une opportunité d’intégration pour ces jeunes harédim ? Le leader de Yesh Atid et ministre des Finances, Yaïr Lapid, et son collègue de parti, le ministre des Sciences et de la Technologie, Yaakov Peri, qui a dirigé le comité ayant rédigé le projet de loi, n’en doutent pas et ont salué la nouvelle législation.
Mais le « Forum pour l’égalité du Service national » dénonce, lui, une forme de report de l’application du projet. « Ce que le gouvernement a approuvé aujourd’hui, c’est une décision de reporter l’enrôlement harédi pendant encore quatre ans. » Toute personne âgée de 18 à 22 ans lorsque la loi sera promulguée, sera encouragée à s’enrôler, mais pourra différer son service jusqu’à 24 ans.
D’autres dispositions du projet de loi permettent d’accorder des exemptions complètes pour 1 800 érudits en Torah, et des sanctions financières à l’encontre des yeshivot ultraorthodoxes qui ne rempliraient pas les quotas d’enrôlement.
Lapid, qui a fait de cette question le cheval de bataille de sa campagne électorale, a déclaré aux journalistes avant la réunion que ce dimanche était une « journée historique ». « Au terme de 65 ans, nous avons finalement corrigé cette aberration, pour le bénéfice de la société ultraorthodoxe, et pour le bénéfice de la société israélienne dans son ensemble », a-t-il précisé.
Réactions en série 
Quant aux dirigeants politiques ultraorthodoxes, ils n’ont pas hésité à s’élever contre ce projet de loi. En tête de file : le député Yaacov Litzman, du parti Judaïsme Unifié de la Torah, le plus virulent. Ce dernier, très remonté, a déclaré : « Quiconque pense que ceux qui étudient la Torah vont capituler à la coercition, la force, les sanctions, les décrets et les menaces se trompent, se trompent même lourdement ». Quant au député Meir Poroush, également du JUT, il a parlé de triste jour pour le judaïsme harédi, qui serait enregistré comme « un jour noir ».
Hatnoua de Tzipi Livni a qualifié le projet de « de partiel et non dénué de défauts », mais a voté en sa faveur parce qu’il s’agit « d’un compromis destiné à augmenter le nombre de harédim qui vont s’enrôler ». Elargissant le débat, le parti centriste revient à la charge sur cet autre dossier sensible : « Hatnoua envisage de travailler à augmenter le nombre d’Arabes israéliens servant dans le service civil et la protection de l’environnement. » Il s’agirait en effet « de promouvoir un programme de service civil de l’environnement pour les minorités », selon un porte-parole de la formation.