Liberman quitte son ministère

Le ministre des Affaires étrangères a donné sa démission, dimanche 16 décembre au matin. Il souhaite un procès le plus rapide possible.

1912JFR05 521 (photo credit: Gal Tibbon/Reuters)
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(photo credit: Gal Tibbon/Reuters)
C’est officiel. Lechef d’Israël Beiteinou, Avigdor Liberman, a démissionné dimanche 16 décembrede ses fonctions de ministre des Affaires étrangères et de vice-Premierministre, en raison de son inculpation pour fraude et abus de confiance. Ladémission devait prendre effet dès mardi, à 10 heures du matin.
« Je pars temporairement. Je suppose que cela sera aussi court que possible »,a-t-il dit, après avoir parlé quatre années fascinantes aux Affairesétrangères.
Répondant aux articles de presse qui ont décrit son geste comme un moyen pourparvenir à une négociation de peine, sur les conseils du stratège ArthurFinkelstein, Liberman a affirmé : « J’espère sincèrement que la procédurejudiciaire sera rapide. Je lis dans les journaux des choses que je n’ai pasfaites ni dites… Je ne cherche pas de peine négociée, mais plutôt à aller enprocès. Je n’élimine aucune option, mais nous irons d’abord devant la justice,ce qui est la bonne chose à faire ».
Selon d’autres médias, les avocats de Liberman chercheraient avant tout àaccélérer la procédure pour que l’élu puisse rapidement retourner à la viepublique. Selon le ministère de la Justice, si le procureur général en fait lademande, le procès pourrait être avancé. Même si aucune négociation de peine,ni verdict, n’étaient rendus d’ici la formation du prochain gouvernement, et sile procureur et la Cour suprême ne s’y opposaient pas, Liberman pourrait malgrétout être nommé ministre.
Ce n’est qu’un au revoir
 Plusieurs membres du Likoud ont affirmé que Libermanne serait pas évacué de la campagne et qu’il continuerait à y jouer un rôlecentral. Cette démission est saluée, ontils ajouté, car elle permet deretourner aux questions de diplomatie et de sécurité, plutôt que de se focalisersur le politicien. « Liberman est un atout électoral en raison de son image deleader et d’homme d’action. Maintenant qu’il n’est plus ministre, il aura plusde temps pour les meetings politiques et pourra aider le parti à rassembler desvoix ».
L’élu russophone avait annoncé son retrait dès vendredi 14 décembre, quelquesheures après que Meretz ne réclame sa démission devant la Cour suprême.
Dans un communiqué publié par son cabinet, Liberman a expliqué que, selon sonconseiller juridique, il n’était pas obligé de quitter ses fonctions. Il anéanmoins décidé de le faire, pour combattre les charges qui pèsent sur lui etpouvoir, selon ses dires, rapidement rejoindre le prochain gouvernement. Il ademandé à ce que son immunité parlementaire soit retirée au plus vite. « Je lefais pour qu’après 16 ans d’enquêtes tenues sans moi, je puisse mettre un termeà cette affaire et blanchir ma réputation », a-t-il expliqué. « Les citoyensisraéliens ont le droit d’aller aux urnes en sachant que l’affaire a été conclue», a-t-il ajouté, semblant souhaiter un dénouement avant le 22 janvier.
Liberman espère pouvoir continuer à servir Israël « au sein d’un leadershipfort et uni pour gérer les défis sécuritaires, diplomatiques et économiquesaffrontés par le pays ».
Le Premier ministre Binyamin Netanyahou s’est entretenu avec le leaderrussophone vendredi après-midi, avant que ce dernier n’annonce sa démission. Ilespère que son « innocence sera prouvée aussi vite que possible », ce qui luipermettra de retourner rapidement au pouvoir.
Dans l’intervalle, Netanyahou assume la charge de ministre des Affairesétrangères par intérim, jusqu’aux élections, contrairement aux rumeurs quidonnaient le poste aux vicepremiers ministres Silvan Shalom ou Dan Meridor.
La décision de Liberman est intervenue après l’annonce surprise du procureurgénéral Yehouda Weinstein, jeudi 13 décembre, de l’inculper pour abus deconfiance et fraude, dans un dossier judiciaire de 2008, où Liberman auraitfavorisé la nomination de Zeev Ben-Arieh au poste d’ambassadeur en Biélorussie,en échange d’informations sur une enquête de justice le concernant.
En parallèle, Weinstein a décidé de clore le « principal » dossier contrel’ancien ministre, concernant de très graves accusations de blanchiment de plusieursmillions de dollars et de fraude entre 2001 et 2008.
Avoda : un plan pour lutter contre la corruption politique 
Les Travaillistesréagissent à l’inculpation de Liberman.
Lahav Harkov
Mobilisation del’opposition. La leader travailliste, Shelly Yacimovich, a présenté un plandétaillé pour prévenir tout lien entre membres du gouvernement et hommesd’affaires et autres puissants, après la démission du ministre des Affairesétrangères Avigdor Liberman.
Elle a ouvert une conférence d’Avoda à Tel-Aviv, en déclarant que soninitiative n’était pas personnelle et ne ciblait pas spécialement Liberman.Mais que cela constituait la première pierre posée pour une discussion surl’avenir d’Israël.
« Ce n’est pas un sujet très populaire, mais nous en parlons parce qu’il estimportant et que nous sommes tous concernés. Il doit y avoir une égalité pourtous devant la loi », a-t-elle lancé, avant de s’interroger : « pourquoi lesmembres du gouvernement bénéficieraient-ils d’un traitement privilégié dansleurs affaires judiciaires ? ».
Et d’ajouter que même si quelqu’un n’était pas reconnu coupable après un acted’accusation, cela ne voulait pas dire qu’il ou elle était « blanc comme neige». Elle a appelé le public présent à faire preuve de vigilance.
Selon la Travailliste, le gouvernement de ces dernières années a brisé les loisen minimisant le rôle des tribunaux, de la police et du bureau du contrôleurd’Etat. Et de rappeler qu’alors que Liberman était mis en examen, il avait laresponsabilité de choisir le ministre de la Justice, le chef de la commissionparlementaire sur la Constitution, les lois et la justice et, indirectement, lechef de la police puisque le ministre de la Sécurité publique, ItzhakAharonovitch, en charge de cette nomination, fait partie d’Israël Beiteinou, leparti le Liberman.
Une des suggestions du parti pour prévenir la corruption est de renforcer lestribunaux et de minimiser l’influence politique sur eux en prenant des mesurestelles que séparer les systèmes juridiques du ministère de la Justice et decréer un système d’ancienneté pour les juges.