Pédophilie : 30 suspects arrêtés

La police réalise sa plus vaste opération à ce jour

Pedophilie (photo credit: Reuters)
Pedophilie
(photo credit: Reuters)

Coup de filet. Mardi 31 juillet, à l’aube, la police a arrêté plusieurs suspects de pédophilie dans tout le pays. 30 selon ladeuxième chaîne de télévision et 15 selon la chaîne 10. La plus vaste opérationpolicière en matière d’abus sexuels. Les officiers se sont fait passer pour dejeunes garçons et filles sur des sites populaires de discussions en ligne,suscitant l’intérêt des suspects. Après avoir amené leurs proies à discuter viades échanges personnels, les inculpés sont passés au téléphone, où unepolicière a répondu en se faisant passer pour une enfant.
Les forces de l’ordre se sont dites choquées par la facilité avec laquelled’innocentes conversations en ligne sont rapidement devenues sexuellementperverses. Dans certains cas, les suspects se sont livrés à des actes obscènesdevant leur webcam et ont encouragé des actes sexuels chez les enfants à quiils croyaient avoir affaire. 
Dans d’autres cas, certains ont voulu fixer unrendez-vous pour avoir des relations sexuelles avec un mineur et ont été filméspar la police en train d’attendre aux lieux de rencontres, ou parlant autéléphone avec la policière infiltrée. L’un des suspects serait arrivé sur placeavec des préservatifs. Les lieux de rendezvous comprenaient, entre autres, unestation de bus et une forêt dans le centre du pays. Les suspects sont issus de toutes les couches de la société. Certains sont mariés avec enfants en bas âge. Parmi eux : du personnel desécurité, des membres des médias, des chauffeurs. Certains sont diplômés. L’enquête a commencé alors qu’un homme arrêté avec du matériel pédophile surson ordinateur a accepté de collaborer avec la police pour l’aider à rechercherd’autres suspects sur les sites de chat. Les forces de l’ordre sont formelles : les suspects agissaient sur des sitesordinaires, sans aucune connotation sexuelle. Et d’appeler les parents à la vigilance, en précisant que les activités enligne des enfants doivent être supervisées. “Nous avons été exposés à des moments très difficiles”, admet lecommandant-adjoint Moti Aderi, à la tête du Service des Investigations. L’étape suivante est de déterminer exactement combien d’enfants ont étécontactés par les suspects. Pour ce faire, leurs ordinateurs vont être passésau peigne fin par les enquêteurs, à la recherche de preuves de contacts avecdes mineurs. 
“Maîtrisez vos émotions” 
Mardi, à 3h30 du matin, le commandant en chef BentsiSao s’est adressé à ses officiers sur le point de mener les arrestations, dansles quartiers généraux du district à Ramlé. Pour Sao, trois objectifs ontprésidé à l’enquête : “Nous voulons éloigner les pédophiles des enfants,augmenter notre effet de dissuasion à leur égard et rendre les parents plusconscients des dangers de l’ordinateur familial.” Et de continuer : “Dans les prochaines heures, des dizaines de suspects serontarrêtés. Je suis certain que cela fera boulede- neige et que d’autresarrestations suivront”. “Nous savons que le crime passe aujourd’hui de la rueaux ordinateurs”, a poursuivi Sao.
Le commandant a enjoint ses hommes à “maîtriser votre colère et vos émotions endépit de ces terribles délits. Il nous faut rester professionnels pours’assurer du succès de l’opération”. Sao a plus tard admis être “très choqué par la gravité des délits. Je crainspour le bien-être des enfants”. Et de rappeler que tout comme les parentsaccompagnent leurs enfants sur un passage clouté, ils doivent le faire “dans lemonde virtuel et ses dangers”. L’enquête n’a pas fait suite à une plainte, ou à des renseignements, maisrésulte plutôt d’une initiative de la police, a expliqué l’officier. “Lessuspects ne sont pas des criminels connus. Ils vivent parmi nous, et, vu del’extérieur, ont l’air parfaitement normaux”, souligne-t-il. “Nous avons étésoufflés de constater l’émergence d’un contenu obscène après seulement dixminutes de conversation innocente”, a confié Sao.
Pour la policière infiltrée, le plus ahurissant a été sa première rencontreavec l’un des suspects. “Je savais que les pédophiles existaient, mais je ne merendais pas compte du niveau de leur dangerosité”, explique-t-elle. “A laseconde où ils voyaient un mineur de 12 ans en ligne, ils lui sautaient dessus.Ils insistaient pour se rencontrer et ils essayaient de me tenter avec duparfum ou de l’argent”, ajoute la jeune femme, dont l’identité ne peut êtrerévélée. “Je répondais que j’étais mineure et timide, mais ils me disaient dene pas être gênée et qu’ils n’étaient pas timides, eux”. “Les petites fillesinnocentes ne sont pas conscientes du danger. C’est aux parents de veiller à ceque l’usage du net soit sécurisé”, conclut la policière.