Sauter les obstacles législatifs

Comment la législation sportive israélienne parvient à décourager les quelques motivés qu’il nous reste

sport (photo credit: Reuters)
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(photo credit: Reuters)

Une fois tous les quatre ans, aux Jeux olympiques d’été, le sport israélienest subitement mis sous les projecteurs. Le Premier ministre BinyaminNetanyahou, la ministre de la Culture et des Sports Limor Livnat, le présidentde la Knesset Reouven Rivlin et la présidente de la commission parlementaire del’éducation, de la culture et des sports Einat Wilf, ont tous trouvé le tempsd’encourager la délégation israélienne et de s’entraîner au sport favori despoliticiens israéliens : se féliciter de leurs prouesses.

Certes, les politiques doivent endosser la responsabilité de l’état du sportdans le pays, mais pas vraiment comme ils l’entendent.

La situation de la compétition sportive dans l’Etat hébreu est assezpitoyable. Aux Jeux olympiques de Beijing en 2008, Israël était classé 81e autableau des médailles. Et la petite densité du pays n’est pas une excuse. Carmême en termes de médailles per capita, Israël est classé 64e. Seuls 65 000Israéliens participent à des compétitions dans les disciplines olympiques, soitmoins d’1 % de la population. Le plus faible pourcentage de tous les pays dumonde développé.

Mais pourquoi attacher de l’importance au nombre d’athlètes ? Tout d’abord,parce la participation à des compétitions sportives s’accompagne forcément d’unmode de vie sain et favorise la vénération de valeurs telles que l’excellence,le travail acharné, la discipline, le respect des règles et l’esprit d’équipe,peu importe le nombre de médailles d’or remportées. Deuxièmement, en termes desuccès, un plus grand nombre de sportifs implique un plus grand choix detalents.

De nombreuses années de travail sont nécessaires pour qu’un enfant douédevienne un athlète olympique, et la plupart s’arrêtent en milieu de course. Ainsi,seuls 37 athlètes israéliens ont été choisis par le Comité olympique pourreprésenter le pays aux Jeux de Londres. Dans le meilleur scénario envisagé parle comité, ils devaient remporter trois médailles. Autrement dit, un candidatolympique pour 1 750 athlètes et une médaille pour 21 500 sportifs. C’estpourquoi toute tentative pour améliorer l’état du sport en Israël doit viserprincipalement à augmenter le nombre d’athlètes.

Pour une réforme du droit sportif

Alors pourquoi diable les législateurs font-ils presque tout leur possiblepour réduire le nombre d’adeptes ? La plupart des Israéliens ignorentl’existence du droit sportif, non pas que ce soit l’un des plus intelligents aumonde. Exemple : la loi exige que les athlètes de tous âges se soumettent à unexamen médical annuel dans une clinique sportive reconnue. L’évaluation d’unmédecin de famille qui connaît le dossier médical d’un enfant n’est pasrecevable et un examen unique et rapide est recommandé. 

Les athlètes âgés de 17 ans doivent subir un test d’effort ECG. Si descentaines de milliers de tests d’effort ont été effectués depuis l’entrée envigueur du règlement en 1998, leur efficacité n’a pas été évaluée de façonempirique par le ministère des Sports. Néanmoins, les athlètes israéliens etleurs parents - contrairement à leurs homologues américains, australiens eteuropéens (hormis deux pays) - continuent de payer de leur poche chaque annéeces examens prescrits par le gouvernement.

La loi exige également des athlètes de souscrire une assurance accident, endépit du fait que les élèves des écoles assermentées sont déjà assurés parleurs villes ou villages via les frais scolaires. Ils sont déjà couverts pourtout type d’accident, liés à l’école ou non, n’importe où dans le pays. Etpourtant, cette assurance n’est pas reconnue par le droit sportif, parce que lenom de l’enfant n’apparaît pas sur la police. Les étudiants sont égalementtenus de souscrire à une double assurance. S’ils bénéficient déjà d’uneassurance accident dans le cadre de leur cotisation universitaire, la loi lesoblige à acheter une autre police pour participer à des compétitions sportives.

La périphérie pénalisée

En plus de décourager nombre deparents de financer les activités sportives de leur progéniture, la loi réduitle nombre d’activités offertes aux enfants, en particulier dans la périphérie. Lerèglement exige que les entraîneurs soient titulaires de diplômes reconnus parle ministère des Sports. Or, pour recevoir un tel diplôme, un entraîneur doitsuivre 750 heures de cours à un coût moyen de 16 000 shekels.

La demande pour ces cours coûteux dans la périphérie étant plutôt faible, àl’exception du basket-ball et de l’équitation, les cours ne sont dispensésqu’au centre du pays. Et moins d’entraîneurs signifie moins d’activitéssportives.

L’augmentation des frais et le nombre réduit d’activités dissuadent lesenfants de participer à des compétitions sportives. Particulièrement dans lesfamilles à faible revenu et qui habitent les zones excentrées du pays. On peutsupposer que de nombreux futurs sportifs olympiques potentiels et de nombreuxenfants qui bénéficieraient des valeurs encouragées par les sports decompétition sont actuellement mis en berne à cause de la législation.

Quel que soit le nombre de médailles engrangées par la délégation israélienne,nous sommes admiratifs des performances de nos athlètes olympiques. Maisdisons-nous bien qu’ils pourraient être beaucoup plus nombreux.

Le sport israélien est l’exemple type de la façon dont de strictesréglementations peuvent contribuer à réduire les performances, imposer desfrais inutiles et entraver une amélioration de la qualité de vie. Au lieu dequémander des fonds gouvernementaux, les amateurs de sport devraient se battrepour une plus grande liberté économique et personnelle.

 L’auteur est chercheur à l’Institutde Jérusalem pour les études de marché.