Sud-Soudanais sur la sellette

L’étau se resserre autour des immigrés illégaux en Israël. Bon gré, mal gré, les clandestins sud-soudanais sont amenés à quitter Israël. Dès dimanche, des arrestations ont eu lieu à Eilat

soudan1 (photo credit: Reuters)
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(photo credit: Reuters)

La Cour de Jérusalem a rejeté jeudi 7 juin une pétitionlancée par les organisations de défense des droits des immigrés, opposées à unedéportation des Africains illégaux. Motif : les ONG ne disposaient pas depreuves suffisantes quant aux dangers physiques auxquels seraient confrontésles immigrés, une fois de retour dans leur pays d’origine. En conséquence, lachasse aux immigrés illégaux s’est confirmée.

Le ministre de l’Intérieur Eli Yishaï a approuvé la décision de la Cour, laconsidérant comme “un premier pas vers l’expulsion de tous les infiltrés” enIsraël. Le même jour, il avait déclaré que les immigrés sud-soudanaisdisposaient d’une semaine pour quitter volontairement Israël. Tout départvolontaire étant récompensé par une indemnisation étatique de 1 000 euros et dufinancement du billet d’avion, d’après un membre de l’administration.
Mais une fois ce délai dépassé, les immigrés seront arrêtés et expulsés.Certains réfugiés ont déposé plainte, mais l’examen des dossiers devraitprendre plusieurs semaines.
Mais contre toute attente, les forces de l’ordre ont procédé à des arrestationsdès dimanche 10 juin, à Eilat.
25 personnes arrêtées, dont 8 Sud-soudanais.
En réaction, plusieurs centaines d’immigrants africains, ont manifesté dimanche10 juin à Tel-Aviv lors d’une organisée par l’association “Bnei Darfour” (fils du Darfour). Objectif :revendiquer la reconnaissance par le gouvernement de leur statut de réfugiéspolitiques.
60 000 immigrés clandestins d’Afrique orientale

Selon les chiffres du ministèrede l’Intérieur, Israël dénombrerait quelque 60 000 immigrés d’Afrique orientaleen situation irrégulière, dont 35 000 Erythréens et 15 000 Soudanais. “Ce n’estpas une guerre contre les clandestins.

C’est un combat pour préserver le rêve sioniste et juif d’Eretz Israël”, adéclaré le ministre Yishaï.
Pour le Premier ministre, la décision d’expulsion constitue une des premièresmesures prises pour “résoudre le problème des immigrés illégaux”, qui s’inscritdans le plan en quatre points énoncé par Netanyahou.
En premier lieu, achever au plus vite la barrière de sécurité, longue de 240kms, à la frontière avec l’Egypte. Les travaux, qui avancent à un rythme d’unkilomètre par jour, devraient s’achever en octobre. Pour l’heure, près de 95 %sont terminés.
Mais aussi, oeuvrer à l’aménagement de centres de rétention pour placer lesimmigrants clandestins arrêtés à la frontière, sans leur donner la possibilitéd’atteindre les villes.
Objectif : une capacité totale d’accueil de 20 000 personnes.
Selon Yishaï, “tant que tous les immigrants illégaux n’auront pas quittéIsraël, des centres de rétention seront” aménagés pour éviter qu’ils ne se dispersentdans le pays.
Enfin, le Premier ministre a fortement insisté sur les sanctions à l’encontredes employeurs d’immigrés clandestins.
Et une amende de 5 millions de shekels est prévue pour ceux qui couvriraientdes illégaux.
Asile politique ou opportunité économique ?

Un membre de l’administration s’estmontré sceptique à l’égard d’un tel dispositif, considérant comme irréaliste leprojet d’expulser les 60 000 immigrants clandestins d’Israël. D’autant plus que40 % d’entre eux sont originaires d’Erythrée, où leur vie serait en dangerd’après l’ONU. Quant aux réfugiés du Soudan, État ennemi d’Israël, “ils nepeuvent simplement pas être parachutés chez eux, de nos avions”, a déclaré cefonctionnaire. Leur déportation doit être coordonnée avec le pays d’accueil,chose impossible dans le cas du Soudan.

Pourtant, d’après Arnon Soffer, professeur de géographie à l’Université deHaïfa, “la plupart des immigrés clandestins, notamment sud-soudanais, sont desimmigrés économiques et non pas politiques”.
Selon lui, “il y a certes eu quelques réfugiés politiques légitimes au début,mais la grande majorité des immigrés est arrivée pour des raisons purementéconomiques. Ils utilisent le prétexte politique alors qu’en réalité ils sontvenus ici pour travailler, tout comme d’autres le font en ”.
Favorable à une solution au plus vite, Soffer a approuvé les mesures prises parle gouvernement : “Le problème n’en est qu’à son commencement, et si nous ne leréglons pas dès à présent, nous risquons de voir l’arrivée de plus en plusmassive d’immigrants du tiers-monde en Israël”, a-til expliqué. Il recommandedonc la plus grande vigilance, pour que l’Etat reste “juif et démocratique”.