Les manuscrits de la mer Morte et la question juive

Pour l’Allemagne, les rouleaux de Qumran n’appartiennent pas à Israël

Des fragments des manuscrits de la mer Morte (photo credit: ISRAEL MUSEUM)
Des fragments des manuscrits de la mer Morte
(photo credit: ISRAEL MUSEUM)

Qui ne connaît les manuscrits de la mer Morte, ces textes bibliques rédigés en hébreu sur parchemin ou papyrus, notamment le livre d’Isaïe, plus ancien manuscrit complet connu. Certains datent de plus d’un siècle avant la naissance du christianisme, et de sept siècles avant l’apparition de l’islam. Ils sont conservés dans le Sanctuaire du Livre, une aile du musée d’Israël spécialement conçue pour en assurer la préservation. Rien d’étonnant donc à ce que le musée de la Bible de Francfort ait projeté de faire de ces documents la pièce centrale d’une exposition prévue pour 2019. Cependant, ladite exposition n’aura finalement pas lieu. Les organisateurs craignent en effet que la Jordanie ou l’Autorité palestinienne ne saisissent l’occasion pour réclamer les manuscrits – alors que le gouvernement allemand a refusé de bloquer toute demande de ce type, et de garantir le retour en Israël des manuscrits au prétexte que « la question de leur appartenance n’était pas claire ».

C’est non loin de Massada, à Qumran dans le désert de Judée, qu’ils ont été découverts en 1947 avant la fin du Mandat britannique ; des excavations entreprises plus tard ont mis au jour les vestiges d’une communauté religieuse juive. La partie de la Judée où se trouve Qumran a été envahie et annexée par la Transjordanie en 1948 – une annexion jamais reconnue par la communauté internationale, ce qui rend plus que douteuses les prétentions jordaniennes ; depuis 1967, le site est sous contrôle israélien. L’Autorité palestinienne, qui a vu le jour en 1993, revendique également ces manuscrits ; à croire que ces textes hébraïques font partie de leur patrimoine culturel…
En Bulgarie, et plus précisément à Sofia, c’est un autre « haut lieu palestinien usurpé par les juifs » qui a fait problème ces jours-ci. Cela s’est passé lors de l’un de ces bazars de bienfaisance si prisés du monde diplomatique, où chaque ambassade dispose d’un stand ou d’un pavillon. Les Israéliens ont demandé que soit retirée la carte ornant le pavillon palestinien, installée « par hasard » à côté du leur ; intitulée « Palestine », elle englobait tout Israël avec une inscription demandant à l’Angleterre de présenter des excuses pour la déclaration Balfour. Forcés de retirer leur carte, les Palestiniens ont exigé que les Israéliens de leur côté retirent la photo du Mur des Lamentations, auquel ils n’auraient pas droit selon eux. Curieusement, à Jérusalem, la clé du Saint-Sépulcre est détenue depuis sept siècles par une famille musulmane. Les chrétiens, qui protestaient tout bas, ne se sont sans doute pas encore aperçu que la ville avait été libérée et qu’elle n’était plus sous domination musulmane ; ils n’ont toujours pas exigé que la clé de l’endroit le plus sacré de la chrétienté leur soit restituée. Peut-être craignent-ils que, sollicitée de trancher, l’Unesco ne juge que le tombeau de Jésus, qui, selon le Coran, est l’un des précurseurs du prophète Mahomet, doive être intégré au patrimoine mondial de l’islam. Abou Mazen ne vient-il pas de déclarer en réponse au discours de Trump que Jérusalem était « la capitale éternelle des Palestiniens » ?
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