Visite virtuelle

Les plates-formes de médias sociaux changent la donne des établissements les plus institutionnels. Et les musées n’échappent pas à la règle

facebook musee (photo credit: on Facebook)
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(photo credit: on Facebook)
Vous voulez vous imprégner d’un peu de culture ouprofiter de votre patrimoine, mais vous n’avez ni le temps, ni l’envie, devisiter un musée ? Ne vous inquiétez pas, la solution pourrait s’avérer plussimple que ce que vous imaginez.D’un simple clic de souris, des monticules d’informations, artefacts ou œuvresd’art exposés dans les galeries à travers le monde, sont à votre disposition.La magie des nouvelles technologies vous permet de télécharger directement lesdonnées sur l’écran de votre ordinateur. Et, comme la muséologie classique seredéfinit dans l’ère du numérique, ces “visites virtuelles” sont plusattractives et interactives que jamais.En Israël, les conservateurs qui ont choisi la toile pour faire rayonner leursmusées ne sont pas rares. En utilisant toutes sortes de plates-formes en ligne,ils placent le patrimoine de la culture juive à la disposition de tous. “Il y aquelques années, si un organisme ou un institut n’avait pas de site Internet,il n’existait pas. Maintenant cette observation est vraie aussi avec les médiassociaux”, affirme Dr Susan Hazan, responsable des nouveaux médias pour le Muséed’Israël. “Ces supports, non seulement nous confèrent une vaste visibilitépublique, mais favorisent le contact avec les visiteurs qui nous adressent descommentaires et des critiques”, fait-elle remarquer.Hazan évoque en détail les efforts du Musée d’Israël, l’année dernière, pourmettre en ligne les Parchemins de la mer Morte, et s’inscrire dans l’initiativeGoogle Art Project, aux côtés de certains des plus grands musées, à travers lemonde. “Lorsque nous avons lancé le projet de numérisation des Parchemins de lamer Morte, nous étions inquiets à l’idée de recevoir des réponses négatives ousceptiques”, raconte-t-elle en se référant aux factions qui prétendent que lesrouleaux n’appartiennent pas à Israël. “Notre souris en main, nous étions prêtsà répondre, mais nous avons vu que les utilisateurs ont réagi avecempressement. L’interaction a été formidable ! Il y avait des discussions etdes discours à la fois historiques et scientifiques.”Et Google Art Project a également permis à l’institution de mettre l’ensembledes œuvres de galeries d’art et d’établissements historiques en ligne, au grédu public, pour un visionnement confortable comme jamais auparavant, souligneHazan. “Ceux qui préparent leur visite au musée peuvent l’utiliser en amont, etceux qui sont déjà venus peuvent en profiter à titre de suivi”,explique-t-elle.Autre avantage pour Hazan, et qui figure parmi les aspects les plus importantsde la mise en ligne du musée : ceux qui ne se sont jamais rendus en Israël oun’ont pas l’intention de s’y rendre peuvent tout de même bénéficier d’unevisite sans se déplacer.Prendre part à l’histoire Alors que le numérique s’étend, à l’instar du GoogleArt Project ou des médias sociaux tels que Facebook et Twitter, Hazan affirmeque ce panneau d’affichage visuel est parfait pour le musée. La méthode desensibilisation a d’ailleurs été largement adoptée par les établissements del’étranger. Reste à gérer le débat quant à savoir si ces supports améliorent letravail culturel ou lui font obstacle.Rose Ginosar est la directrice des projets spéciaux du musée de la Tour deDavid. L’établissement a récemment lancé sa page Facebook avec une nouvellechronologie interactive débutant en 1099 : la plus ancienne de Facebook.Mais la présence sur le Web ne fait pas l’unanimité.Certains détracteurs assurent que le fait d’apparaître sur les médias sociauxva dissuader les gens de visiter physiquement les musées. Un argument balayéd’un revers de main par Ginosar : “Lorsque les gens commencent à interagir avecun interlocuteur, quel qu’il soit, cela ne fait qu’accroître leur curiosité”,assure ainsi celui qui a supervisé la lourde tâche de télécharger sur Facebookdes milliers de photos, lettres, et documents provenant directement desarchives du musée.Et d’ajouter : “si quelqu’un basé en Oklahomase rend sur le site du musée et découvre ce que nous faisons grâce à notrechronologie, vous pouvez être sûr que le premier endroit où il se rendra s’ilvient en Israël, c’est au musée !” Ginosar indique également qu’être présentsur les médias sociaux ne sert pas seulement un but promotionnel.Il ne s’agit pas de vendre un produit ou de développer une marque, mais d’unenouvelle approche générale à l’histoire et au patrimoine.“Aujourd’hui, un musée doit aller au-delà de ses murs, et permettre à ceux quisont intéressés de vivre à son rythme. Même s’ils sont à plus de 15 000 km delà !”, insiste-t-elle. Ginosar espère bien sûr que les fans ne resteront pasvirtuels, mais participeront aux dialogues ouverts sur la page Facebook dumusée, commenteront les publications ou enverront leurs propres photographiesanciennes de Jérusalem. “Le monde change”, observe-t- elle. “Il ne s’agit plusseulement de venir observer l’histoire, mais bien de prendre part àl’histoire.”