Barkat : nous ne laisserons pas la violence nous décourager

Le maire de Jérusalem revient sur les problèmes de sécurité dans la capitale, le statu quo sur le mont du Temple, les mesures prises et celles qui restent selon lui à prendre

Barkat : nous ne laisserons pas la violence nous décourager (photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)
Barkat : nous ne laisserons pas la violence nous décourager
(photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)
« On observe une baisse spectaculaire des violences dans la capitale ces dernières semaines », se réjouit le maire de Jérusalem, Nir Barkat, dans un entretien au Jerusalem Post depuis son bureau hiérosolomytain.
Les causes de ce retour partiel au calme ? Le maire évoque en premier : le respect du statu quo sur le mont du Temple. Beaucoup font du lieu l’épicentre de la pseudo « guerre de religion » qui agite la capitale. « Le gouvernement, la police et moi-même avons été très clairs sur ce point : nous ne laisserons pas la violence nous dissuader d’appliquer le statu quo », insiste Barkat. « Il se trouve qu’au cours des dernières semaines, nous sommes revenus au système d’avant le début des violences, c’est-à-dire que tous les musulmans (sans restrictions) peuvent accéder au mont. Idem pour les juifs, qui peuvent s’y rendre sans y prier ».
Pour Barkat, il est extrêmement urgent de lutter contre la propagande des médias arabes sur le faux projet israélien d’accaparer le mont du Temple et de détruire la mosquée al-Aqsa. Des théories qui sont de véritables incitations à la violence. « Ces rumeurs ont alimenté de nombreuses attaques terroristes », explique-t-il. Parmi elles, la tentative d’assassinat de Yehouda Glick en octobre dernier. « Nous devons être très clairs pour que le message soit cohérent : depuis la réunification de Jérusalem en 1967, tous les gouvernements se sont engagés pour le respect du statu quo. Et les gouvernements à venir feront de même. »
Le second point, selon lui, qui a permis le retour au calme est le déploiement rapide de policiers supplémentaires à chaque éruption de violence, associé aux efforts de tous pour un retour à la normale. Depuis le drame d’Har Nof, les dispositions sécuritaires ont été revues. Des gardes armés sont désormais postés devant les synagogues de la ville pour protéger les fidèles. « En cas d’alerte, les équipes de police sont sur place en moins de deux minutes. Notre capacité à sécuriser les synagogues ainsi que l’ensemble des lieux publics est aujourd’hui bien plus importante qu’elle ne l’était avant l’attaque », se félicite Barkat.
Une jeunesse arabe manipulée
Les instigateurs des violences dans la capitale sont en grande majorité des mineurs et bénéficient donc d’une certaine immunité. Un fait « inacceptable » pour Barkat. « Ces jeunes sont arrêtés par la police puis relâchés. Ils retournent dans la rue et poursuivent leurs délits. C’est un cercle vicieux que nous devons arrêter », explique le maire. « Pour ce faire, nous devons doter la police des outils et des moyens légaux qui permettront de punir les responsables », comme l’augmentation des peines encourues pour les lanceurs de pierres, de bombes incendiaires ou de feux d’artifice. « Mon conseil au gouvernement, c’est de s’assurer que la peine soit dissuasive. Aux législateurs de décider quelles sanctions appliquer. L’objectif, c’est qu’elles soient suffisamment sévères pour décourager ces jeunes d’avoir recours à la violence. »
« Nous devons également nous attaquer à tous les provocateurs autour du mont du Temple. Il revient au gouvernement de gérer ce problème, notamment en augmentant les peines. Les provocateurs doivent comprendre que, s’ils poussent les jeunes à agir (pour des motifs religieux ou autres), ils auront maille à partir avec la justice. »
Pour le maire de la capitale, des mesures dissuasives de grande ampleur, comme l’expulsion des familles des terroristes, auront un effet certain. « L’idée est que, si quelqu’un commet un acte aussi terrible qu’une attaque terroriste, ses proches – ils l’ont encouragé, l’élèvent ensuite au rang de martyr et soutiennent son action – doivent eux aussi être punis. »
Les critiques qui parlent de « punitions collectives », de « mesures non démocratiques », laissent le maire indifférent. « La vie est plus importante que la qualité de vie. Nous parlons de crimes nationalistes qui menacent Israël en tant qu’Etat », justifie Barkat. « Punir les auteurs d’attentats et ceux qui les ont envoyés ne me pose aucun problème ».
A ceux qui affirment que, suivant cette logique, les maisons de Juifs qui tuent des Arabes devraient être également détruites, Barkat répond que les situations sont incomparables : alors que côté arabe, les terroristes sont considérés comme des héros, côté juif, la condamnation de ces actes est unanime. « Malheureusement les attaques terroristes sont le fruit des encouragements de la famille et de l’environnement. Je ne connais aucun Juif qui a soutenu le meurtre de Mohammed Abou Khdeir. Nous avons 31 conseillers municipaux et aucun d’entre eux n’a soutenu ce meurtre. Nous l’avons tous condamné », rappelle Barkat. « Mais si vous allez dans une maison de terroriste, tout le monde l’érige en martyr et appelle les autres à suivre son exemple. La différence est énorme. »
Un message d’espoir
Malgré la vague de violences, la mairie n’a pas abandonné Jérusalem-Est : Barkat insiste sur les investissements continus de la municipalité dans les infrastructures des quartiers arabes et les efforts de dialogue avec les responsables communautaires pour calmer les tensions. « Nous avons d’excellentes relations avec les dirigeants locaux, que ce soit dans les différents quartiers, les écoles ou les entreprises. S’il y a bien une chose que tous savent et reconnaissent volontiers, c’est que, depuis le début de mon mandat, nous nous efforçons de rattraper le retard en termes d’infrastructures. »
Mais pour Bakat, la diplomatie n’est pas la solution aux attaques. « La violence, c’est un problème pour la police. Point. »
« Nous devons nous rappeler en permanence que le but des terroristes est de nous empêcher de vivre normalement. Ils veulent que l’on ait peur. Ils veulent que l’on arrête d’aller au travail, au cinéma, au restaurant… Mais les Juifs de Jérusalem sont là pour rester ».
« Nous ne partirons pas, nous ne nous enfuirons pas », poursuit-il. « S’il arrive quelque chose, les terroristes en paieront le prix, pas nous. Le message est le suivant : continuez à vivre normalement ! C’est la meilleure façon de nous aider à combattre le terrorisme. »
© Jerusalem Post Edition Française – Reproduction interdite