Un quartier de choix

Très prisé par les étudiants, Rehavia reste une adresse prestigieuse dans la capitale.

Rehavia building 521 (photo credit: Marc Israel Sellem)
Rehavia building 521
(photo credit: Marc Israel Sellem)
Il y ade cela peu de temps, Rehavia était le secteur le plus recherché de Jérusalem.Même si le quartier n’est plus ce qu’il était sous mandat britannique et mêmejusqu’aux années 1960, il est toujours considéré comme un quartier résidentielhaut de gamme, aux accents quelque peu d’Europe centrale. Il est aussi,rappelons-le, le lieu de résidence du Premier ministre.
Au début du siècle dernier, l’Agence juive s’attendait à un flux importantd’immigrants d’Europe centrale, c’est-à-dire d’Allemagne, d’Autriche, deTchécoslovaquie, de Hongrie et de Pologne. Dans le but de créer des logementsconfortables pour ces familles, l’Agence a planifié un quartier pour la classemoyenne où les appartements s’inspireraient de l’architecture allemande et desEtats qui ont émergé de la fin du vaste empire des Habsbourg, qui s’estdésintégré à la fin de la première guerre mondiale.
Le look du nouveau quartier a été confié à l’architecte allemand RichardKaufmann. Avec une idée majeure dans sa planification urbaine : l’incorporationdu concept des quartiers urbains verts de Sir Ebenezer Howard. Une initiativequi s’associait à merveille avec les idéaux sociaux et environnementaux dusionisme.
Howard était un architecte anglais et un pionnier. C’est lui qui a inventé leconcept du jardin en pleine ville. Les travaux de planification et deconstruction à Rehavia ont débuté au début des années 1920. Jérusalem étaitalors une petite ville, mais Kaufmann était très consciencieux, aussidessina-t-il les plans de Rehavia sur la base d’une banlieue « verte » avec denombreux jardins, digne d’une vaste métropole aux couleurs des villes verteshowardiennes d’Angleterre et d’Amérique.
L’idée donc, était de créer une série d’immeubles résidentiels, non reliés lesuns aux autres, et entourés de leur jardin individuel, contrastant avec lesrues aux maisons mitoyennes des capitales européennes qui étirent les rues àl’infini.
Kaufmann avait en tête un objectif : faire de Rehavia un quartier tranquille, àune distance de marche du centre ville, de la grande rue King George et de larue Yaffo. Les artères sont intentionnellement étroites afin d’éviter un trafictrop important.
Les commerces s’y font rares, car ils ne sont autorisés que dans les ruesprincipales comme Keren Kayemet leIsrael, King George, Oussishkin, et plus tardAza. Une mesure qui a permis au quartier de conserver son calme et son aura dezone de « classe supérieure » jusqu’à aujourd’hui.
De présidentiel à résidentiel 
La plupart du secteur a été construit dans lesannées 1920, 1930 et 1940. Les maisons de pierres sont solides, et certainess’inspirent du style Bauhaus. L’intention était donc de maintenir au sol desjardins fleuris. Cela n’a pourtant pas toujours été le cas.
Le système de copropriété ne parvenait pas tout à fait à maintenir en état lesjardins, les espaces communs n’étant pas le problème majeur des propriétaires.A ses heures de gloire, le quartier était le lieu de résidence de célébrités,la crème des intellectuels et de l’élite politique, incluant des ex- Premiersministres pour ne pas nommer David Ben Gourion et Golda Meir.
La première demeure officielle du président était à Rehavia.
Aujourd’hui, le quartier connaît une mutation de sa population. Même s’il restecher et bien placé, l’ancienne génération des premiers résidents a disparu desorte que les logements sont loués à des étudiants ou des étrangers.
Le prix de la location d’un trois pièces assez ancien, cible de choix desétudiants, est assez bas, soit 4 500 shekels par mois, alors qu’un beau quatrepièces peut se louer 4 000 dollars.
A Rehavia, la demande surpasse souvent l’offre, donc tout ce qui entre sur lemarché est très rapidement pris. Aussi bien pour les ventes que pour leslocations.
Le quartier est attirant pour des étudiants aisés. A la fois proche del’université de Givat Ram et des cafés et restaurants de la rue Aza. Pour lesrésidents étrangers, la proximité du centre ville est séduisante.
Mais malgré le flot de cette population « temporaire », Rehavia a tendance àconserver son aspect résidentiel. L’offre est limitée, étant donné qu’il n’y apas d’espace constructible.
Seuls les projets de destruction des anciens immeubles pour reconstruire du «neuf » offrent de nouveaux logements.
Chose difficile à accomplir, puisque la majeure partie des édifices sontclassés patrimoine national à conserver.
Certains optent pour une meilleure solution qui est d’ajouter des appartementsà des immeubles existants. Ils sont alors soumis à une forte demande. Lesétages ajoutés s’intègrent dans des immeubles aux façades en pierre, qui sontrénovés pour l’occasion.
Les espaces publics comme les entrées, les halls et les escaliers sont refaitset les nouveaux appartements sont dessinés sur les plans anciens : avec dehauts plafonds et de grandes chambres, mais avec une touche moderne ettechnologique.
Ils atteignent des prix de luxe : de 10 000 à 12 000 dollars le mètre carré,tandis que les penthouses construits au dernier étage de ces vieux immeublescaressent les 15 000 voire les 20 000 dollars le mètre carré.