Le mois d’août, ce creux de l’été, a longtemps constitué un temps d’arrêt, sinon de réflexion. Il y avait les moissons, il y avait surtout « les grandes vacances ». On n’écoutait plus les nouvelles ou on les écoutait d’une oreille distraite. Pour tenter de retenir leur clientèle, les quotidiens consacraient des pages entières à des feuilletons, des bandes dessinées pour enfants et des conseils de santé. Israël n’était pas épargné par ce phénomène. L’aéroport était pris d’assaut par des familles partant chercher le dépaysement, et les hôtels d’Eilat affichaient complet. Sur ce point, rien de changé, mais hélas, Internet et les réseaux sociaux, eux, ne chôment jamais. Les nouvelles nous poursuivent sans relâche à travers le monde.Chaque jour, sinon chaque heure, apporte son cortège de révélations sensationnelles et de scandales. Aux Etats-Unis comme en France, en France comme en Israël. Le plus souvent, ce sont des « fuites » savamment orchestrées qui sont à l’origine de chaque nouvelle affaire. Conversations privées ou réunions censées rester secrètes sont enregistrées ou filmées. Dans la hâte d’être les premiers à rapporter tel ou tel soupçon, on se bouscule pour le publier sans attendre le moindre commencement de preuve. Les médias sont à la pointe de cette nouvelle inquisition qui n’épargne personne.Le président américain ne sait plus où donner de la tête ; en France, celui qui se voyait déjà à l’Elysée a été vaincu par un « scoop » du Canard Enchaîné, et poursuit son combat juridique pour tenter de démontrer que rien de ce qu’il a fait n’était contraire à la loi. Même s’il gagne cette bataille, c’est un autre qui a été élu. Le nouveau Premier ministre français a lui aussi senti passer le vent du boulet : visé par une campagne de presse déclenchée au bon moment, il a pu résister grâce au soutien du président. Moins chanceux, le ministre de la Justice fraîchement désigné a dû démissionner. En Israël, on ne compte plus les personnalités dans le collimateur de la justice. Plusieurs ministres ont déjà été entendus dans le cadre d’une enquête préliminaire. Au mépris des lois, presse écrite, parlée et télévision diffusent et commentent de longs extraits de leurs interrogatoires dans les bureaux de la police. Curieusement, ladite police ne semble pas se préoccuper de cette violation des droits individuels. Quant aux médias, il y a longtemps qu’ils ont oublié le sacro-saint principe de la présomption d’innocence. Il faut les entendre discuter de la peine éventuelle à laquelle s’expose quelqu’un qui n’a même pas été mis en examen. Entendons-nous bien. Il faut que la vérité éclate et que justice se fasse ; il faut que tous les citoyens soient égaux devant elle.Ce qui est insupportable, c’est la logorrhée des experts en tout genre qui, du matin au soir, nous assènent leur suffisance en faisant état d’informations soutirées à des « sources proches de l’enquête » soit, en clair, des fuites plus ou moins tendancieuses. La tête nous en tourne.
© Jerusalem Post Edition Française – Reproduction interdite
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